Avec 85,3 milliards de dollars, Washington a doublé en 2011 ses prises de commandes de 2010.
Réputé pour la qualité de ses études documentaires réalisées à partir de sources ouvertes, le centre de recherches du Congrès américain vient de publier, comme tous les ans, son analyse du transfert d’armements à destination des pays en voie de développement, titré Conventional Arms Transfers to Developing Nations. Publié le 24 août, le rapport rédigé par les deux spécialistes Richard F. Grimmett et Paul K. Kerr a fait l’objet d’un article le même jour dans le New York Times.
La première information de ce document porte sur l’avance considérable prise par les États-Unis en matière de ventes d’armes. Pour l’année 2011, les prises de commandes aux pays producteurs par des pays tiers se sont élevées à 85,3 milliards de dollars, ayant pratiquement doublé depuis 2010, qui avait vu ce montant atteindre tout de même 44,5 milliards de dollars.
Plus des trois quarts (66,3 milliards) de ces commandes sont allées grossir les carnets des industriels américains en triplant leurs ventes de l’année 2010, pourtant déjà coquettes (21,4 milliards). Deuxièmes au palmarès en 2011, les Russes sont loin derrière, à environ 5,6 % du volume des ventes mondiales, avec 4,8 milliards de dollars. Des chiffres en chute libre, puisque les commandes aux industriels russes ont pratiquement chuté de moitié par rapport à 2010 !
La France en troisième position
Le rapport souligne le duopole russo-américain confirmé en 2011, les deux pays engrangeant 83,3 % des ventes mondiales. Le rapport chiffre les prises de commandes françaises de 2011 à 4,4 milliards de dollars (dont la commande de navires Mistral par la Russie et la modernisation des Mirage 2000 indiens). La somme représente plus du double de celle de 2010 qui, selon cette étude, s’élevait à 1,8 milliard. Ce qui placerait notre pays en troisième position. À noter que les chiffres officiels français sont différents, puisqu’ils donnent 5,12 milliards d’euros de prises de commandes en 2010. Les chiffres de 2011 n’ont pas encore été rendus publics par le gouvernement français.
Ces fluctuations considérables d’une année sur l’autre s’expliquent par le fait que ces chiffres sont ceux des prises de commandes. S’agissant des livraisons, les États-Unis ont remis pour 16,2 milliards de dollars d’armements à leurs clients en 2011, les Russes 8,7 milliards et les Britanniques se classent troisièmes avec 3 milliards de dollars. L’énorme carnet de commandes américain s’est gonflé avec des ventes aux pays du Golfe, et notamment avec celle, colossale, passée par l’Arabie saoudite. Payant de la sorte la protection américaine, le royaume wahhabite a acheté en 2011 à Washington 84 chasseurs-bombardiers F-15SA en sus de ses 70 F-15S déjà en dotation, ainsi que des armements et la logistique associée. Facture : 29 milliards… Ajoutons-y quelques dizaines d’hélicoptères d’attaque AH-64D Apache Longbow, et un bon paquet d’hélicoptères de transport UH-60M Blackhawk.
Aux Émirats arabes unis, avec lesquels la France est en discussion depuis des années pour la vente de Rafale, les États-Unis vont fournir des systèmes antimissiles THAAD (Terminal High Altitude Area Defense) pour 3,49 milliards de dollars et 16 hélicoptères CH-47F Chinook. Oman a passé commande, toujours en 2011, de 18 F-16 block 50/52 pour 1,4 milliard de dollars. Ajoutons-y l’Irak pour 18 F-16IQ (1,4 milliard de dollars également), l’Égypte pour des chars M1 Abrams (1 milliard), l’Inde pour 10 avions-cargo C-17 Globemaster III (4,1 milliards), Taïwan pour des batteries de défense antimissiles Patriot Advanced Capability-3 (PAC-3) pour 2 milliards. Et ainsi de suite…
Le Point.fr – le 28/08/2012