
– Amar Bendjama : « l’Algérie reviendra au nom de la nation arabo-musulmane et des hommes libres de par le monde, et avec nous, les âmes des milliers d’innocents assassinés par l’occupant israélien dans l’impunité la plus totale, pour frapper aux portes du conseil et exiger l’arrêt du bain de sang en Palestine. Nous ne nous arrêterons pas tant que ce conseil n’aura pas assumé son entière responsabilité et appelé à un cessez-le-feu, car notre volonté est de fer et notre détermination est inépuisable ». Photo APS
En apposant leur véto au projet de résolution présenté par l’Algérie au Conseil de sécurité de l’ONU afin qu’un cessez-le-feu soit ordonné, les Etats-Unis se trouvent isolés sur la scène internationale. Sur les quinze membres du Conseil de sécurité, 13 pays ont voté pour la résolution algérienne, contre une abstention britannique et un veto américain indigne et indéfendable.
AA et agences
« Voter contre une résolution appelant à un cessez-le-feu humanitaire, c’est voter pour la famine et la mort massive » ! Le commentaire est signé par le célèbre journaliste américain Daniel Larison. « L’hostilité de l’administration Biden à l’égard d’un cessez-le-feu humanitaire à Gaza est indéfendable. Avec ce nouveau veto, elle jette une fois de plus l’opprobre sur elle-même et sur les Etats-Unis » assène-t-il dans un commentaire publié sur le site antiwar.com.
Pour justifier ce comportement barbare, les États-Unis ont fait circuler un projet de résolution avant le vote de la résolution algérienne, appelant au contraire à un cessez-le-feu temporaire à Gaza « dès que possible » et parallèlement à la libération de tous les otages pris le 7 octobre, alors que l’administration Biden s’oppose de plus en plus au gouvernement israélien sur la conduite de la guerre. Le report d’un cessez-le-feu jusqu’à ce qu’il soit « praticable » (décidé par qui ?) signifie probablement qu’il sera reporté indéfiniment. La solution privilégiée par l’administration comporte tellement de réserves et de conditions que leur cessez-le-feu temporaire n’aura probablement jamais lieu. Les États-Unis continuent de couvrir le gouvernement israélien alors qu’il a passé plus de quatre mois à infliger une punition collective à l’ensemble de la population de Gaza, avec des effets dévastateurs.
La réaction de l’Algérie ne s’est pas fait attendre. Par la voix de son représentant au CS de l’ONU, Amar Bendjama, elle a regretté ce veto américain qui constitue un troisième échec constitutif du Conseil de sécurité qui ne s’est pas élevé à la « hauteur des appels et des aspirations des peuples ». Il a par la même occasion réaffirmé la détermination de l’Algérie à poursuivre sur cette voie « jusqu’à ce que le Conseil de sécurité assume pleinement ses responsabilités et appelle à un cessez-le-feu ».
Le projet de résolution algérien appellait à un cessez-le-feu à Gaza et rejettait tout déplacement forcé des Palestiniens. A cette occasion, M. Bendjama a exprimé sa profonde gratitude à tous les membres pour leur participation constructive, tout au long du processus de négociation, et présenté ses remerciements à tous les Etats qui ont voté en faveur du projet de résolution et ceux qui ne se sont pas opposés à l’adoption de ce projet qui appelle à un cessez-le-feu à Gaza (le Royaume-Uni).
« Ce projet de résolution, souligne M. Bendjama, véhicule un message fort aux Palestiniens, à savoir que le monde ne peut rester silencieux face à leur détresse, mais malheureusement, le Conseil de sécurité a échoué encore une fois à s’élever à la hauteur des appels et aspirations des peuples », « un échec qui ne le dispense pas d’assumer ses responsabilités, ni la communauté internationale de ses obligations envers le peuple palestinien désarmé, ni même les autorités d’occupation du devoir de mise en œuvre des mesures conservatoires de la Cour internationale de justice (CIJ) ».
Il a affirmé dans ce contexte qu’ « il est grand temps pour que l’agression cesse et que nous puissions faciliter l’acheminement des aides humanitaires vers toutes les régions de Gaza ».
Précisant que « les deux résolutions 2712 et 2720 n’ont pas abouti aux résultats escomptés et que les aides ne couvrent pas le minimum des besoins des Palestiniens, M. Bendjama a souligné la nécessité de reconnaitre que seul un cessez-le-feu permettrait d’atteindre l’objectif escompté ».
La situation actuelle impose à tout un chacun, comme il avait affirmé le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, « d’œuvrer à porter haut les principes et les objectifs de l’ONU, d’assurer la protection nécessaire au peuple palestinien, et de mettre fin à l’injustice historique qu’il subit » , a ajouté M. Bendjama.
Il a rappelé que « les peuples de notre région considéraient et considèrent toujours le Conseil de sécurité, comme étant le garant de la légalité internationale, mais malheureusement, il les a déçus encore une fois ».
Dans ce cadre, l’ambassadeur d’Algérie à l’ONU a adressé un message à la communauté internationale, l’appelant à la nécessité de « répondre aux demandes de cessation des massacres ciblant les Palestiniens, en exigeant un cessez-le-feu immédiat. Quiconque va à son encontre doit revoir ses politiques et ses calculs, car les résultats des mauvaises décisions d’aujourd’hui mèneront, demain, à la violence et à l’instabilité dans notre région et dans le monde ».
« Interrogez-vous sur le résultat de vos décisions et sur la façon dont l’histoire vous jugera », a-t-il martelé.
Et pour conclure, M. Amar Bendjama a lancé ce message : « Ce soir, nous enterrons nos martyrs en Palestine. Demain, l’Algérie reviendra au nom de la nation arabo-musulmane et des hommes libres de par le monde, et avec nous, les âmes des milliers d’innocents assassinés par l’occupant israélien dans l’impunité la plus totale, pour frapper aux portes du conseil et exiger l’arrêt du bain de sang en Palestine. Nous ne nous arrêterons pas tant que ce conseil n’aura pas assumé son entière responsabilité et appelé à un cessez-le-feu, car notre volonté est de fer et notre détermination est inépuisable ».
Pourquoi les Etats-Unis, qui prétendent être une démocratie « régie par des règles » agissent de la sorte ? Alors que les Palestiniens sont confrontés à une famine massive et à un nouveau nettoyage ethnique à Rafah, la Maison-Blanche rejette tout geste humanitaire, même symbolique. Pour Joe Biden, mettre fin aux massacres perpétrés par Israël à Gaza est un « non-sens ». Soutenir un génocide qu’une écrasante majorité des peuples dénoncent a, par contre un « sens » : renvoyer l’ascenseur à ses bienfaiteurs sionistes qui avaient financé toutes ses campagnes électorales depuis plusieurs décennies.
Atteint par la sénilité, le président Biden, garde toutefois intacte sa soumission à Israël. Il s’est dit, la semaine dernière, préoccupé par les projets israéliens d’invasion terrestre de Rafah, la zone sud de Gaza où plus d’un million de Palestiniens ont fui. Ce faisant, il a commis une gaffe qui a révélé sa position réelle. « Notre opération militaire à Rafah a commencé » a-t-il déclaré avant de se corriger. « Leur – la principale opération militaire à Rafah ne doit pas se poursuivre sans un plan crédible… pour assurer la sécurité et le soutien de plus d’un million de personnes qui y sont réfugiées. Elles doivent être protégées. »
Comme l’a souligné l’analyste américain Aaron Maté, « chaque atrocité israélienne à Gaza est commise avec le soutien des États-Unis. En conséquence, dans les 24 heures qui ont suivi, la Maison Blanche a clairement indiqué que, malgré les paroles de prudence de M. Biden, seule la campagne d’assassinats de masse d’Israël resterait protégée. »
Le veto américain au Conseil de sécurité de l’ONU est un feu vert donné à Israël pour poursuivre son génocide avec les armes américaines. Parallèlement à ce veto, l’administration Biden s’apprête à expédier une nouvelle cargaison d’au moins 1 000 bombes et munitions connexes. Selon les services de renseignement américains, Israël a utilisé environ la moitié des 21 000 bombes fournies par les États-Unis depuis l’attaque du 7 octobre. Le stock restant d’Israël serait suffisant pour 19 semaines supplémentaires – mais seulement quelques jours si la guerre éclate avec le Hezbollah à la frontière nord. La dépendance d’Israël à l’égard de l’armement américain permet à la Maison Blanche d’imposer des conditions à son comportement, notamment en exigeant la fin de l’assaut contre Gaza. Mais au lieu d’utiliser cette influence, ce dernier transfert fait partie d’un « effort plus large de l’administration Biden pour accélérer le flux d’armes vers Israël », observe le Wall Street Journal.
Joe Biden, candidat à sa propre succession, risque gros en poursuivant dans cette voie génocidaire. En chute libre dans les sondages face à Donald Trump, lui aussi un soutien indéfectible aux génocidaires israéliens, il est de moins en moins compris par une partie de sa base électorale.
Il ne faut pas compter sur la bataille de coqs qui s’annonce entre Démocrates et Républicains. Pour que les Etats-Unis soient contraints de changer de politique, seule la résistance dans la région et sur la scène mondiale est de nature à faire échec au projet colonial américano-sioniste.
AA et agences.