Invaincus et infatigables, les Ansarullah yéménites (partisans de Dieu) ne reculent pas et rien ne peut les arrêter. La Résistance se bat pour gagner.
Kit Klarenberg
Le 12 juillet, l’Associated Press (AP) a publié un rapport étonnant sur le retour des pilotes de chasse de l’US Navy en Virginie après neuf mois d’échec à contrecarrer le juste blocus anti-génocide des navires de la Mer Rouge par Ansar Allah du Yémen. L’article s’est efforcé de présenter l’arrivée des pilotes aux États-Unis comme un retour héroïque à la maison pour les courageux as de l’aviation américaine. En réalité, les faiblesses terminales de l’Empire, et sa puissance qui ne cesse de diminuer, ont été amplement exposées.
L’agence AP a décrit les pilotes comme « se sentant soulagés […] après des mois passés à abattre des missiles et des drones lancés par les Houthis au large des côtes du Yémen, dans le cadre de la plus intense bataille navale en cours à laquelle la marine ait été confrontée depuis la Seconde Guerre mondiale ». Les photos qui les accompagnent les montrent en train d’embrasser leurs femmes et leurs enfants en train de brandir la bannière étoilée. L’un des pilotes, « effaçant l’émotion de sa voix », s’est vanté d’être « on ne peut plus fier de son équipe » – le groupe d’attaque du porte-avions USS Dwight D. Eisenhower – et de « tout ce que ces neuf derniers mois ont impliqué ».
Le pilote se réjouit à l’idée de passer du temps avec sa famille et d’essayer de « rattraper les neuf mois de temps perdu ». L’épouse d’un lieutenant-commandant et pilote de la marine a déploré le fait qu’elle « pensait au départ que ce déploiement serait relativement facile » – « ce serait, si l’on peut dire, un déploiement amusant où il aurait beaucoup de ports à visiter ». Or, l’USS Eisenhower s’est retrouvé embourbé dans un bourbier brutal et ingagnable, et « les plans ont continué à changer ».
La prolongation drastique de la mobilisation de son mari « a été exacerbée » parce qu’elle savait que « des gens » – en d’autres termes, Ansar Allah – « [voulaient] nuire au navire ». Elle a été contrainte de consulter des « conseillers fournis par la marine », et elle n’était pas la seule. Selon l’agence AP, « les mois de combats et de prolongations de mobilisation ont imposé un stress supplémentaire à environ 7 000 marins et à leurs familles ». Les responsables du Pentagone étudient actuellement les moyens de prendre en charge les pilotes et les marins « lorsqu’ils rentreront chez eux, notamment en leur offrant des conseils et des traitements pour lutter contre un éventuel stress post-traumatique ».
La marine américaine a vécu neuf mois d’enfer en mer Rouge, grâce aux partisans de Dieu [traduction littérale d’Ansar Allah]. AP note que l’Eisenhower et les navires qui l’accompagnent ont été bombardés sans relâche par des drones, des missiles balistiques et des missiles de croisière d’Ansar Allah. Ces attaques ont souvent pénétré plusieurs couches de défenses à bord des navires, ce qui est totalement inédit dans l’histoire moderne. L’agence AP rapporte que de nombreux marins « ont vu des missiles lancés par les Houthis arriver quelques secondes avant qu’ils ne soient détruits par le système de défense de l’OTAN ».
Se battre contre un ennemi capable de riposter a été une expérience profondément ravageuse pour la marine américaine. Un pilote a fait remarquer que « la plupart des marins […] n’avaient pas l’habitude de se faire tirer dessus, compte tenu des engagements militaires antérieurs de la nation au cours des dernières décennies ». Il a décrit l’expérience comme étant « incroyablement différente », « traumatisante pour le groupe » et « quelque chose à laquelle nous ne pensons pas souvent ». Il s’agit peut-être d’une nouvelle expérience, mais l’armée américaine devra s’y adapter rapidement et de manière permanente.
Les intérêts d’au moins 65 pays ont été affectés
Compte tenu de la rapidité avec laquelle les événements se succèdent à notre époque, nombreux sont ceux qui ont oublié la fanfare qui a accompagné le lancement de l’opération « Prosperity Guardian » en décembre 2023. Cette opération faisait suite à une série de frappes aériennes britanniques et américaines inefficaces et sans effet sur le Yémen. Les autorités de Washington ont annoncé à grand renfort de publicité qu’une coalition multi-pays dirigée par les États-Unis et composée de Bahreïn, de la Grande-Bretagne, du Canada, de la France, de l’Italie, des Pays-Bas, de la Norvège, des Seychelles et de l’Espagne serait envoyée en mer Rouge pour mettre fin de manière décisive au blocus d’Ansar Allah et garantir la « liberté de commerce ».
Presque immédiatement, la coalition tant vantée s’est effondrée. La France, l’Italie et l’Espagne ont annoncé qu’elles ne participeraient pas à l’opération. Malgré ces débuts peu glorieuxs, lorsque des images ont été diffusées montrant une grande flottille navale internationale se frayant un chemin vers la région, de nombreux utilisateurs de médias sociaux se sont écriés que les Yéménites étaient sur le point de découvrir pourquoi les Américains ne bénéficient pas d’un système de soins de santé universel. En juillet de cette année, la Defense Intelligence Agency (DIA) des États-Unis a publié un rapport d’expertise sur l’impact des « attaques d’AnsarAllah sur le commerce international ». Il en ressort que le transport maritime de conteneurs par la mer Rouge, qui représente généralement 10 à 15 % du commerce maritime international, a diminué d’environ 90 % depuis le début de l’opération « Prosperity Guardian » (Gardien de la prospérité).
En raison de l’assaut inexorable d’Ansar Allah contre les entreprises et les pays qui soutiennent le génocide israélien à Gaza, de nombreux navires ont été contraints d’emprunter d’autres itinéraires autour de l’Afrique, ce qui représente environ 11 000 milles nautiques supplémentaires, jusqu’à deux semaines de temps de transit en plus et environ un million de dollars de frais de carburant en plus pour chaque voyage :
« Pour de nombreuses compagnies maritimes, les coûts combinés des primes d’équipage, de l’assurance contre les risques de guerre (environ 1000% de plus que les coûts d’avant-guerre) et des frais de transit par Suez rendent le temps et les coûts financiers supplémentaires pour voyager autour de l’Afrique moins coûteux en comparaison… Les menaces pesant sur les transits de la mer Rouge aggravent le stress continu du transport maritime mondial… Les primes d’assurance pour les transits de la mer Rouge ont augmenté pour atteindre 0,7-1,0% de la valeur totale d’un navire, contre moins de 0,1% avant décembre 2023. »
La DIA calcule que « les intérêts d’au moins 65 pays ont été affectés » par les actions d’Ansar Allah, et « au moins 29 grandes compagnies énergétiques et maritimes ont modifié leurs itinéraires pour éviter les attaques des Houthis. » Et ce, alors que leurs frappes aériennes anti-navires ont fait l’objet de bombardements incessants par les missiles et les pilotes américains.
Le 15 juillet, quelques jours seulement après que l’Associated Press a examiné les décombres de l’opération Prosperity Guardian, AnsarAllah a annoncé trois opérations distinctes en réponse au massacre perpétré par l’entité sioniste dans le camp de réfugiés de l’ONU d’al-Mawasi à Khan Yunis. Invaincus et infatigables, les partisans de Dieu ne reculent pas et poursuivent leurs attaques tous azimuts. La Résistance se bat pour gagner.
Kit Klarenberg – Journaliste d’investigation.
Source : Al Mayadeen English : Al Mayadeen English
https://english.almayadeen.net/articles/opinion/collapsing-empire–yemen-defeats-us-navy
Traduit par Brahim Madaci