Les sanctions contre la Russie ont eu, contrairement aux attentes des États-Unis et de l’Union européenne, des effets négatifs pour les économies européennes et américaine, l’ONU évaluant les pertes russes à 50 milliards de dollars (environ 1% de son PIB), mais 100 milliards pour l’ensemble des pays qui les ont approuvées.
Le groupe français Danone défend ses intérêts avant tout et n’a que faire des sanctions américaines contre la Russie.
Le géant français de l’agroalimentaire qui n’investit généralement pas dans l’agriculture, a décidé d’envoyer 5000 vaches de race Holstein en Russie. Elles sont destinées à renforcer sa ferme de 60 hectares à Tioumen, en Sibérie occidentale, exploitée avec le producteur russe Damate. L’insuffisance de la production laitière russe pour alimenter l’industrie du yaourt a provoqué une hausse de 14% en 2016 du prix du lait, une inflation causée, également, et en grande partie, par l’embargo sur les produits agroalimentaires européens décrété en 2014 par l’Union européenne. La Russie représente une des plus fortes croissances des ventes de Danone, notamment de yaourts, pour ses marques internationales ou locales, comme le leader Prostokvachino. Environ 40% du lait est produit par des exploitations individuelles, sur 30 millions de tonnes de lait brut, un peu plus de 17 millions seulement sont transformées. Danone est présent en Russie depuis 1992 et continue d’investir dans le pays.
Par ailleurs, en mai 2016, le Copa-Cogeca (Comité des organisations professionnelles agricoles de l’Union européenne), principal syndicat de producteurs agricoles européens, avait appelé à la levée de l’embargo, dressant un bilan alarmant de l’état de l’agriculture européenne. Les sanctions avaient été prises en 2014 contre la Russie à la suite de la crise en Ukraine. Elles ont été prolongées en décembre 2016 jusqu’en juillet 2017, puis renouvelées pour six mois, pénalisant, avant tout, les producteurs européens pour lesquels la Russie était un marché important Ils ont rapidement été remplacés par les Turcs, entre autres. Des sanctions absurdes qui n’ont pas empêché, en toute hypocrisie, l’Union européenne d’exprimer « son inquiétude », après l’adoption par le Congrès américain de nouvelles sanctions contre Moscou qui pourraient avoir « un possible impact sur l’indépendance énergétique de l’Union », rappelant l’ « importance de coordonner la politique des sanctions entre tous les pays du G7 ».
Les sanctions contre la Russie ont eu, contrairement aux attentes des États-Unis et de l’Union européenne, des effets négatifs pour les économies européennes et américaine, l’ONU évaluant les pertes russes à 50 milliards de dollars (environ 1% de son PIB), mais 100 milliards pour l’ensemble des pays qui les ont approuvées. « Nous avons été obligés de faire marcher nos cerveaux pour commencer à vivre d’autre chose que des pétrodollars », déclarait Vladimir Poutine au cours d’une émission télévision « en ligne directe avec les citoyens russes », expliquant en quoi les sanctions avaient eu un impact positif sur une partie importante de l’industrie russe, notamment l’ingénierie, le secteur automobile et de l’agriculture, et précisant que « les sanctions ont évidemment impacté (notre) économie, mais cette dernière a surtout souffert d’éléments économiques extérieurs, notamment la baisse des prix du pétrole, du gaz, des marchandises issues de l’industrie lourde ».
Deux indicateurs viennent confirmer cette meilleure santé économique de la Russie. D’une part, le 21 août, elle annonçait le règlement total de la dette publique extérieure héritée de l’époque soviétique, avec le règlement de 125, 2 millions de dollars à la Bosnie-Herzégovine, dernier État créancier étranger de l’ex-URSS. À la chute de l’URSS, la dette s’élevait à 70 milliards de dollars de dette extérieure. En comparaison, la dette publique américaine s’élevait, au 20 janvier 2017, à 19 961 milliards de dollars. Et selon le commentateur politique américain, Stan Collender, elle devrait augmenter, sous la présidence Trump, de 1000 milliards par an ! D’autre part, la Russie exportera, pour l’année agricole 2017-2018, un record de 31,5 millions de tonnes de blé et deviendra le premier exportateur mondial devant les États-Unis, selon un rapport du ministère américain de l’Agriculture, réduisant la part américaine et canadienne sur le marché mondial.
Selon le même rapport, la Russie atteindra, également, un record de production de maïs, dont les exportations devraient passer de 5,5 à 6,5 millions de tonnes, avec une plus grande demande en Iran.
Les sanctions appliquées en violation des règles internationales par les États-Unis et l’Union européenne sont, donc, à double tranchant. Lorsqu’appliquées dans des pays fragiles économiquement, elles peuvent être considérées comme un « crime contre l’humanité », affectant de façon meurtrière, en premier lieu, les populations les plus vulnérables. Dans un pays développé comme la Russie, elles ont les effets contraires à ceux attendus. Et quoi qu’il en soit, elles se sont toujours avérées être inefficaces, comme on peut le constater au Venezuela, aujourd’hui. Si elles ont contribué à la crise profonde que traverse ce pays, elles n’ont pas atteint leur objectif, « le changement de régime ».