Le Traité de Camp David, qui impose à l’Égypte une sorte de « souveraineté limitée » dans le Sinaï en interdisait à l’armée et aux forces de sécurité égyptiennes toute présence massive a finalement profité aux groupes terroristes qui y pullulent menaçant désormais l’État égyptien et, par ricochet, Israël.
La sécurité dans le Sinaï égyptien se dégrade dangereusement depuis la destitution du président Mohammad Morsi, avec la multiplication des attaques menées par des groupes extrémistes ou proches des Frères musulmans, bien implantés dans cette région.
Des commandos armés ont attaqué dans la nuit du 16 au 17 juillet une base militaire, faisant sept blessés, dont une femme. L’attaque a eu lieu près de la ville de Rafah, non loin de la frontière entre l’Égypte et la bande de Gaza, où plusieurs explosions ont retenti.
Lundi, des informations rapportées par des médias arabes et internationaux ont fait état de la saisie par l’armée égyptienne de 19 roquettes de type Grad, près de la ville de Port-Saïd, et l’arrestation des convoyeurs qui projetaient de les faire passer au Caire.
Lundi, une attaque à la roquette contre un autobus transportant des ouvriers, à al-Arich, a fait trois morts et 17 blessés. Le colonel Ahmed Ali, porte-parole de l’armée, avait indiqué qu’un « groupe terroriste » avait pris pour cible un véhicule de police, mais frappé par erreur celui des employés d’une cimenterie.
Quelques heures plus tôt, des affrontements avaient éclaté entre des hommes armés et des soldats égyptiens près de la frontière avec Gaza. La semaine passée, un citoyen copte avait été retrouvé décapité. L’homme avait été enlevé le même jour de l’assassinat d’un prête, abattu dans sa voiture.
Cité par le Figaro, un officier de l’armée égyptienne, qui a requis l’anonymat, affirme que « les assaillants sont des supporteurs de Morsi qui s’opposent à son éviction. Ces groupes se manifestent dans le Sinaï pour nous faire passer un message : si Morsi est parti, nous sommes toujours là ! », a-t-il dit.
Même si les Frères musulmans nient officiellement toute implication dans ces violences, les déclarations de certains de leurs chefs restent cependant ambiguës. Assurant que la confrérie n’exerce « aucun contrôle sur le pays », Mohammed Baltagui a toutefois assuré que « ce qui est en train de se passer dans le Sinaï s’arrêtera à la seconde même où Abdel Fattah el-Sissi annulera le coup d’État, corrigera la situation et rendra au président son pouvoir ». Baltagui fait l’objet d’un mandat d’arrêt émis par la justice égyptienne pour incitation à la violence. Selon des notes de services de renseignements, quelque 25 groupes extrémistes sont actifs dans le Sinaï et y disposent de bases et de camps d’entraînement. Un rapport des Nations unies, publié en mars dernier, révèle que le Sinaï est devenu une des plus importantes plaques tournantes du trafic d’armes à destination des extrémistes en Syrie et dans d’autres régions du monde arabe. Les armes proviennent essentiellement des arsenaux et des dépôts de l’ancienne armée libyenne de Moammar Kadhafi. Face à cette situation, l’armée égyptienne a intensifié ses opérations militaires et acheminé des renforts, après avoir obtenu le feu vert d’Israël, conformément au Traité de Camp David. Dans la nuit de vendredi à samedi dernier, des hélicoptères ont tiré des roquettes sur deux cibles dans les environs d’al-Arich. L’armée a en outre déployé deux bataillons d’infanterie supplémentaires dans le Sinaï ainsi qu’une trentaine de chars et de véhicules blindés.