En acceptant de libérer les 13 religieuses contre 16 millions de dollars et la libération de son épouse et ses enfants, le chef d’Al-Nosra, sentant le vent tourner en faveur de l’armée syrienne, se prépare-t-il à « un retrait tactique », terme galvaudé qui signifie « défaite stratégique » ?
Les informations sur les négociations qui avaient abouti à la libération des treize religieuses enlevées en décembre dernier par les djihadistes d’Al-Nosra, et séquestrées à Yabroud, dernier bastion de la rébellion islamiste dans le massif du Qalamoun, commencent à filtrer.
Selon le quotidien libanais anti-syrien, An-Nahar, citant « une source bien informée », « les responsables du Front al-Nosra qui ont négocié la libération des religieuses de Maaloula n’ont manifesté à aucun stade des pourparlers un intérêt particulier pour les détenues libérées des prisons du régime syrien, pour leur nombre ou leurs qualités. Lorsqu’ils faisaient mine de s’y intéresser, c’était uniquement pour faire diversion, afin que l’aspect financier n’apparaisse pas comme leur première préoccupation. Cependant, le dossier de la détenue Saja al-Duleimi, de ses deux enfants et de sa sœur était une priorité des ravisseurs dès les premiers moments des négociations et jusqu’à la fin. »
Selon la source, «le négociateur libanais a très vite saisi l’importance de cette carte et c’est pour cela qu’il a demandé que Saja Duleimi soit remise (par les autorités syriennes) à la force de sécurité libanaise qui s’est rendue à Ersal pour négocier avec les ravisseurs et a insisté pour que sa libération soit simultanée avec celles des 13 religieuses».
Il ne fait pas de doute qu’en récupérant son épouse et ses deux enfants, le chef d’Al-Nosra, qui a empoché 16 millions de dollars de rançon, payés par le médiateur qatari, envisage désormais la défaite de son organisation, prise en tenaille par les dissidents d’Al-Qaïda, l’EIIL (Da’ech) et l’armée syrienne et abandonnée par l’Arabie saoudite. Reste cependant à trouver un pays d’accueil (le Qatar ?), au cas où il ne sera pas liquidé par l’armée syrienne ou par l’un de ses lieutenants.