Crise diplomatique entre Paris et Tel-Aviv après les propos courageux du ministre français des affaires étrangère Jean-Yves Le Drian. Ce dernier a mis en garde contre « un risque d’apartheid » si aucun État palestinien ne voyait le jour aux côtés d’Israël. « Si d’aventure on avait une autre solution que la solution à deux Etats, on aurait alors les ingrédients d’un apartheid qui durerait longtemps », a affirmé le chef de la diplomatie française au « Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI » ; « le risque d’apartheid est fort si on continue à aller dans une logique à un État ou du statu quo. Même le statu quo produit cela », avait-il ajouté.
Richard Labévière
Tout occupé à s’accrocher au pouvoir, le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a, vertement contredit le chef du Quai d’Orsay : « le ministre a déclaré qu’Israël pourrait devenir un État d’apartheid – une affirmation éhontée, fausse et sans fondement ». La belle dénégation, puisque le régime de Tel-Aviv est, justement foncièrement un « régime d’apartheid », un régime fascisant qui continue d’occuper, d’annexer et de déporter les familles palestiniennes de leurs terres, de leurs maisons, de leur pays !
Hormis Jean-Yves Le Drian, le mouvement de boycott des produits israéliens BDS et l’organisation Human Right Watch font ce même constat depuis des décennies. Alors, les principaux membres du régime de Tel-Aviv jouent les fausses ingénues tout en sachant très bien que leurs agissements piétinent nombre de résolutions des Nations unies depuis la fondation même d’Israël (en mai 1948).
A ce jour, les Arabes ou Palestiniens de la région ont trois statuts : 1) Les Arabes israéliens – soit plus de 20% de la population d’Israël – sont des citoyens de plein droit, mais ils sont victimes de discriminations. Les résidents palestiniens de Jérusalem-Est, occupée depuis 1967 par Israël et annexée, sont des citoyens de seconde zone. Les Palestiniens de Cisjordanie – la Judée-Samarie, selon le jargon israélien – sont administrés par l’Autorité palestinienne. Ils ne sont pas libres de leurs déplacements.
Alors Netanyahou peut bien faire tout un plat des propos lucides de Jean-Yves Le Drian, il n’en reste pas moins vrai qu’Israël demeure une force d’occupation en Palestine, se livrant à une répression continuelle que la « communauté internationale » n’ose pas qualifier, de peur d’être accusée d’antisémitisme. Depuis tellement longtemps, les dirigeants de Tel-Aviv jouent sur cette fallacieuse équivalence – fabriquée par eux – entre antisionisme et antisémitisme…
N’importe quel État au monde qui se permettrait le dixième des agissements d’Israël, serait aussitôt ciblé par de sévères sanctions internationales. Mais le « Shoah-business » rapporte gros et gare à ceux qui prendraient le risque de s’en affranchir…
Par conséquent, oui – mille fois oui – Jean-Yves Le Drian a le courage de dire la vérité sur le dossier israélo-palestinien, et même au risque de déplaire à Netanyahou qui devrait être actuellement en prison pour ses innombrables fredaines financières et commerciales. Régime d’apartheid certes, mais en plus victime d’une gestion mafieuse dont le Premier ministre est l’un des chefs d’orchestre.
Alors, Tel-Aviv peut bien convoquer notre ambassadeur en Israël pour lui remonter les bretelles… c’est vraiment l’église qui se fout de la charité ! C’est plutôt l’ambassadeur d’Israël en France qui devrait rendre des comptes sur les dérives fascisantes de son gouvernement !
Richard Labévière
Rédacteur en chef du journal en ligne Proche et Moyen-Orient.ch