La commission d’enquête militaire diligentée par le gouvernement syrien a rendu hier son rapport préliminaire. Sans surprise il exonère les militaires ou les partisans du pouvoir de toute implication dans les massacres de Houla/Taldo, qu’il met au compte des insurgés.
Le massacre de la famille (pro-Bachar) Al-Sayed
Quels sont les arguments présentés par le général Qassem Jamal Souleymane, président de la commission d’enquête ?
D’abord, comme l’ont finalement reconnu les responsables de l’Onu, la quasi-totalité des victimes civiles a bien péri par exécution, des tirs à bout portant ou des coups d’armes blanches et non par le fait d’obus de l’armée comme cela avait été annoncé juste avant le vote au Conseil de sécurité du texte incriminant cette dernière : « Il n’y avait aucune trace d’incendie ou de débris de bâtiments sur les cadavres » souligne Qassem Jamal Souleymane.
Ensuite, Souleymane affirme, et c’est un point important guère soulevé part nos médias, que nombre des corps enveloppés dans un linceul et présentés aux observateurs et à la presse, sont ceux de membres de l’ASL tués dans les combats avec l’armée : personne, pas même les opposants, ne conteste en effet que de violents combats ont opposé aux abords de Houla puis dans Houla des centaines – au moins 300 selon le porte-parole du gouvernement Jihad Maqdissi, 6 à 800 selon le rapport Souleymane – d’insurgés aux militaires qui tenaient cinq points de contrôle aux abords de la ville, puis aux renforts militaires envoyés à Houla. Les sources opposantes reconnaissent que les ASL ont été contraints après plusieurs heures de combat au repli. Non sans avoir laissé pas mal de plumes dans l’affaire.
Sur les massacres de civils, le général Souleymane indique qu’ils sont intervenus en même temps que les combats entre ASL et soldats réguliers : « Le lieu du massacre se trouvait dans une zone infestée de gangs armés, où les forces de l’ordre n’ont pénétré ni avant, ni après le massacre », a déclaré le général Soumeymane, qui précise que les points de contrôles tenus par l’armée aux entrées de Houla étaient nettement à l’écart de la zone de tuerie, dans Houla même.
Et puis, et c’est un argument fort, décisif même à notre sens, un certain nombre des civils massacrés étaient connus pour être proches du régime. Selon le général Souleymane, ces civils tués appartenaient à des familles « qui refusaient de s’opposer au gouvernement ou étaient en désaccord avec les groupes armés ».
C’est notamment le cas de la famille du frère du député de la nouvelle Assemblée du Peuple, Abel Mo’ti Mechleb. Cette famille qui appartient au clan Al-Sayed comptait à elle seule près de 20 enfants, dont on est sûr qu’au moins neuf ont été tués avec leurs parents.
Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il y a dans cette affaire des éléments sérieux contredisant sérieusement la version assénée par nos gouvernants et journalistes. Qui semblent demeurer discrets, aujourd’hui, sur ces éléments, notamment celui sur la famille Al-Sayed. C’est notamment le cas du Monde, « journal de référence », qui rend compte rapidement des arguments évoqués plus haut et fait allusion à la déclaration du général Souleymane sur l’affiliation politique des civils mais évite soigneusement, jeudi 31 mai, de mentionner le nom de Mechleb. En général quand une affaire tourne « mal » du point de vie occidental, les médias l’« oublient », l’enterrent, passent à à autre chose.
Mais ces éléments vont évidemment circuler, sur la toile et dans les chancelleries. Et ont déjà, bien évidemment, atteint l’administration russe et Vladimir Poutine, qui risque bien d’avoir des arguments sérieux à renvoyer à son hôte François Hollande cet après-midi.
Source : InfoSyrie