Le 12 novembre 2011, lors d’une réunion de la Ligue arabe au Caire, l’Algérie s’opposa à l’exclusion de la Syrie. Selon des « sources » diplomatiques arabes « ayant pris part » au conclave de la Ligue arabe – qui a achoppé à la suspension temporaire de la Syrie – Al Watan saoudien a rapporté les propos qu’aurait tenus, sur un ton franchement menaçant, Cheikh Hamad Bin Jassim Bin Jabr Al Thani, Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Qatar, à l’endroit du ministre algérien des Affaires étrangères de l’époque, Mourad Medelci. « Ne défendez pas trop la Syrie car quand votre tour arrivera, vous aurez certainement besoin de nous ». Depuis l’arrogant cousin de l’Emir est tombé en disgrâce. Il est actuellement menacé de poursuites par la justice britannique pour faits de tortures et il aura besoin d’aide – de qui – pour y échapper. Notre ami Jacques-Marie Bourget, co-auteur, avec Nicolas Beau, d’un livre référence sur cet émirat gazier*, revient sur les infortunes de l’homme le plus fortuné de la planète ».
Sheikh Hamad bin Jassim bin Jaber al-Thani, alias HBJ ira-t-il en prison dans la Tour de Londres ? Nous n’en sommes pas là mais « l’homme le plus riche du monde », ancien premier ministre du Qatar est si gravement menacé par la justice de sa majesté qu’il se démène pour faire jouer son immunité diplomatique. Le litige n’est pas mince puisqu’un citoyen britannique l’accuse de « séquestration illégale et torture ». Autre particularité, le plaignant est un membre d’une des deux familles ayant régné sur la Qatar, et un proche parent, jusqu’en 2011, était vice premier ministre du HBJ dont on parle. En effet, Fawaz Al-Attiyah est un prince de cette fausse aristocratie bédouine, son cousin, un habitué des rallyes, a même gagné le « Dakar ».
Selon Fawaz, HBJ lui aurait proposé de racheter un terrain de deux hectares, constructibles bien sûr, situé à l’ouest de Doha. Attiyah, qui n’est pas vraiment un miséreux, a refusé de vendre et déclenché ainsi la foudre de HBJ qui, selon Fawaz, a saisi les deux hectares en question. Autre motif éventuel de la rogne du nabab, Al-Attiyah a publié un livre qui affirme que la succession dynastique au Qatar est abusivement monopolisée par les Al-Thani alors que la tradition exigeait un tour de rôle entre cette famille et la sienne, les Al-Attiyah. Toujours est-il qu’en 2009, alors qu’il était en Arabie Saoudite, Fawaz aurait été enlevé et jeté au secret au Qatar, pendant quinze mois. Pendant cette curieuse mise à l’ombre, il aurait été privé d’eau, de nourriture, et de sommeil et vécu de longues heures assis sur un « carrelage froid ». Voyant que le prince qu’on ne sort pas ne lâche pas. La « justice » de Doha libère le citoyen en 2011 alors que la Comité des Droits de l’homme de l’ONU a posé des questions à HBJ sur le sort de l’ex porte-parole. Questions qui ont entraîné une réponse très embarrassée des services de l’émir.
Ce que HBJ n’avait pas calculé, c’est qu’Al-Attiyah est aussi un sujet de la reine, et que la justice de Londres n’est pas comme celle de Doha, virtuelle.
Dernier recours pour le richissime bédouin, faire jouer « son » immunité diplomatique… Et ce n’est pas gagné. Il y a quelques mois, sentant venir le vent d’un boulet inconnu, toute la tribu qatarienne avait vérifié si l’immunité diplomatique valait pour elle, y compris pour la jolie cheikha Moza… Pas sûr, que les milliards de HBJ, si prisés de la City, suffisent à apaiser les magistrats à perruque de la justice britannique.
* Le vilain petit Qatar – Nicolas Beau, Jacques-Marie Bourget, Éditions Fayard.