Le président Trump est attaqué de toutes parts. Le 18 novembre 2017, le général de l’Armée de l’air John Hyten, chef du commandement stratégique américain (STRATCOM), a déclaré devant l’auditoire du Forum international sur la Sécurité de Halifax, à Nova Scotia, au Canada, qu’il résisterait au président Donald Trump si celui-ci lui donnait l’ordre de lancer « illégalement » des armes nucléaires. C’est au général de décider si l’ordre est légal ou non ! C’est une déclaration extraordinaire de la part d’un responsable de haut rang en service actif ! Et il ne semble pas que le général pourrait démissionner ou se retirer. Cela signifie qu’il peut se le permettre sans devoir en affronter les conséquences. La déclaration est venue après que le Sénat a tenu la première audition du Congrès en plus de quatre décennies sur l’autorité du président de lancer une frappe nucléaire.
Certains sénateurs veulent que la législation modifie l’autorité nucléaire du président des États-Unis. Des questions ont été soulevées sur la compétence de Trump pour faire la guerre, utiliser des armes nucléaires et conclure ou mettre fin à des accords internationaux après ses menaces de frapper la Corée du Nord. Les tweets moqueurs du président adressés à Pyongyang ont provoqué des inquiétudes, d’abord chez les Démocrates, qu’il pourrait inciter à la guerre. « Nous sommes préoccupés par le fait que le président des États-Unis est si instable, si versatile, que sa manière de prendre des décisions est si capricieuse qu’il pourrait ordonner une frappe nucléaire totalement contraire aux intérêts nationaux de sécurité américains », a déclaré le Sénateur Chris Murphy, démocrate du Connecticut.
C’est le moment qui est important. Le lendemain des auditions (le 14 novembre), un groupe de six démocrates de la Chambre emmenés par le représentant Steve Cohen, du Tennessee, a introduit cinq articles visant la destitution du président Donald Trump. Les articles incluent l’obstruction à la justice, des violations de clauses d’émoluments étrangers et nationaux, l’affaiblissement de la magistrature fédérale et de la liberté de la presse.
Pour le moment, le mouvement a peu de chance de réussir puisque les Républicains contrôlent à la fois la Chambre et le Sénat, mais quelques Républicains, comme les sénateurs Bob Corker et Jeff Flake, ont commencé à attaquer ouvertement le président.
En août, Donald Trump a dû signer le Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act (loi pour contrer les adversaires de l’Amérique par des sanctions), largement perçu comme empiétant sur ses prérogatives en politique étrangère. La loi nécessite l’approbation du Congrès avant que le président puisse alléger ou lever des sanctions contre la Russie, l’Iran et la Corée du Nord.
Les médias ont lancé une attaque contre le président. Presque chaque jour, il se passe quelque chose soumettant le président Trump à la critique. Quelques remarques innocentes sur la Russie suffisent à faire de lui la cible d’attaques sans précédent. Par exemple, la mise en doute des rapports non confirmés sur la prétendue ingérence de la Russie dans les élections américaines a provoqué des accusations de haute trahison de la part des médias dominants. « C’est une déclaration frappante, une trahison de la confiance et des intérêts américains, qui est presque une trahison en soi », écrit Charles M. Blow dans son article du New York Times. « La vérité est que nous voyons en temps réel comment la paranoïa personnelle du président entrave notre politique nationale et nos intérêts nationaux. Le fait inconfortable ici est que Trump poursuit son propre intérêt, pas celui de l’Amérique. Et, sur la question de la Russie attaquant nos élections, les intérêts de Trump et de Poutine s’alignent contre les faits et contre l’Amérique », déclare l’auteur.
Le Washington Post n’est pas à la traîne, traitant le président de « fou dangereux », manipulé par la Russie. « L’autoritarisme, le narcissisme et le racisme du président Trump menacent notre démocratie, mais sa crédulité menace notre sécurité nationale », écrit Jennifer Rubin dans son article intitulé « Russia’s Mark : a Dangerous Fool for a President » (La marque de la Russie : un fou dangereux comme président). À l’évidence, la guerre contre Trump atteint de nouveaux sommets. Aucune politique cohérente de l’administration à l’égard de la Russie n’est possible dans ces conditions.
La récente vague de scandales sexuels a durement frappé les États-Unis. Une longue liste de gens célèbres y sont impliqués. La campagne n’a même pas épargné les anciens présidents George H.W. Bush et Bill Clinton. Personne n’a d’immunité. Évidemment, de nombreuses histoires qui circulent sont fausses, mais elles ternissent la réputation de ceux dont les noms ont fait les gros titres des médias. L’atmosphère est idéale pour accuser le président Trump de harcèlement.
En réalité, l’offensive a déjà été lancée. L’article de David Remnick, intitulé « The Weinstein Moment and the Trump Presidency » (Le moment Weinstein et la présidence Trump), publié le 20 novembre par The New Yorker, est la première salve dans la campagne de dénigrement qui vient de commencer. Selon M. Remnick, « Trump s’est laissé aller à un comportement plus scandaleux qu’il n’est facile de raconter. Pour une raison ou une autre, son bilan misogyne, en paroles et en actes, son répertoire sans fin d’affreux comportements dont il est fier, les plaintes répétées contre lui de harcèlement et d’agression sexuels (toutes niées, évidemment), n’ont attiré que peu d’attention, une plainte en diffamation et aucun intérêt de la part du Congrès. » Il ne fait aucun doute que d’autres organes de presse interviendront bientôt.
N’importe quel prétexte pour se débarrasser de Trump fera l’affaire. Il est naïf ? Sa biographie l’exclut. Incompétent ? Ne sait pas grand chose sur le monde dans lequel il vit ? Attendez une minute, il a parcouru la moitié de la planète avant son élection. Peut-être seuls Nixon et George H. W. Bush en savaient-ils plus sur les questions internationales avant d’accéder à la présidence. Trump a des conseillers chevronnés : Henry Kissinger et Rex Tillerson. L’influence de la Russie ? Trump veut-il faire quelque chose qui va à l’encontre des intérêts de la nation ? Aucun président américain n’a jamais nié le fait que la coopération avec la Russie dans certains domaines est d’une importance cruciale. Enfin, il n’y a rien de mal dans le désir de Trump de faire de nouveau de son pays un État-nation.
Le président a-t-il une chance de survivre en essayant de se défendre contre le coup d’État rampant ? Oui, il a une chance. Trump a une carte maîtresse : l’économie. Pour un Américain moyen, la situation intérieure est prioritaire. Oscillant autour des 2% de croissance pendant le mandat Obama, la croissance économique a atteint 3% sous Trump. La Bourse est en hausse de plus de 30% depuis son élection. Trump s’attribue le mérite de plus de 2 millions d’emploi. Les revenus ont aussi augmenté. Les marchés sont en hausse ; le chômage est passé de 4.6% à 4.2%. Trump revendique l’enthousiasme des affaires le plus élevé depuis des années. Qu’on le veuille ou non, il faut rendre au diable ce qui lui est dû – la perspective économique sous Trump est positive et c’est un fait indéniable.
Le soutien au président est resté largement stable dans le groupe central de ses partisans. Le déclin continu du soutien aux deux partis politiques avantage Trump. L’apparition d’un candidat important d’un parti tiers lors du scrutin de 2020 afin de diviser le vote anti-Trump augmentera les chances du président sortant. Suivant les circonstances, certains électeurs pourraient être réticents à admettre qu’ils sont favorables à Trump.
Avec une économie en hausse, et si les États-Unis ne sont pas entraînés dans un conflit militaire coûteux, le président Trump a de bonnes chances de remporter un second mandat lors des élections présidentielles de 2020, entraînant la débâcle des agents politiques hostiles et des médias d’information qui le critiquent.
Andrei Akulov
Source Strategic Culture
Traduit par Diane, vérifié par Wayan, relu par Cat pour le Saker francophone
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