Nous devrions plutôt parler de la mort de ce mouvement dirigé par « Americans Elect », destiné à trouver un candidat « sérieux » pour présider un troisième parti en 2012 mais qui, le 17 mai, a annoncé que « cette semaine, aucun candidat n’a atteint la dimension nationale nécessaire pour entrer dans la convention on-line d’« Americans Elect » en juin prochain. La procédure primaire pour la recherche d’un élu à la tête d’Americans Elect est terminée ».

Au cours de l’histoire contemporaine de l’Amérique, seul Ross Perot s’est présenté comme candidat indépendant pour la présidence, en 1992 et en 1996. Il était multimillionnaire et disposait de fonds personnels suffisants pour sa campagne. Deux fois candidat et deux fois perdant.
La déclaration d’Americans Elect est assez remarquable, surtout venant d’un groupe qui comprend bon nombre de « backers » très connus dans la communauté des donateurs et des stratèges politiques lesquels, plus tôt dans le mois de mai, ont pu se présenter dans plus que la moitié des cinquante Etats. Cela montre qu’en dépit d’un grand mécontentement à propos du système des deux partis et le grand nombre de gens affirmant être prêts à voter pour un candidat d’un troisième parti, l’idée qu’un autre parti politique puisse émerger dans un avenir proche est de l’ordre du rêve plutôt que de la réalité.
Aucun candidat n’a pu arriver à 10 000 votes, un score pourtant relativement bas, pour emporter sa nomination au titre d’Americans Elect. Le meilleur résultat a été atteint par le député du Texas et ancien candidat à l’investiture républicaine Ron Paul. Il n’était pourtant pas candidat « déclaré » à la nomination d’Americans Elect ni le centriste recherché par ce mouvement. Ceux qui croient profondément à la possibilité de l’émergence d’un troisième parti affirment que tout n’est pas perdu. Mark McKinnon, ancien conseiller du président George Bush et membre actif d’Americans Elect décrit la situation telle qu’il la voit : « Les gens qualifiés considèrent la politique actuelle comme si empoisonnée qu’ils ne veulent tout simplement pas y participer ».
Le système de deux partis est en place aux États-Unis depuis plus de deux siècles. Dès le début, la nation a commencé avec les Federalists et les Anti-Federalists. Une tradition qui est devenue une habitude. Autre raison, probablement la plus importante, les Etats-Unis ont un système dit « le gagnant remporte tout » – winner take all – au lieu d’une représentation proportionnelle. Le vainqueur n’a pas besoin d’avoir plus de 50 % des suffrages, il lui suffit d’avoir une voix de plus que ses opposants. Le parti arrivé en deuxième n’obtient rien. Par conséquent, les troisièmes partis – certains sont parvenus à se former, comme le Free Soil Party, les Know Nothings, le Poor Man’s Party, etc – ont beaucoup de mal à combattre l’idée, chez les électeurs, qu’un vote pour eux est comme jeté au vent.