3ème édition des Assise de l’Industrie de Tanger: pour un élargissement de l’horizon des échanges du Maroc au sein du marché mondial.
La ville de Tanger a abrité mercredi la 3ème édition des Assise de l’Industrie avec la participation de 1.500 personnes, nationales et étrangères. Objectif: élargir les horizons géographiques des échanges du Maroc au sein du marché mondial et de présenter les composantes de l’offre Maroc sous son volet industriel notamment dans les secteurs des énergies renouvelables, phosphates, industries automobile, l’aéronautique, offshoring,
Le choix de Tanger pour tenir ces Assises, présidées par le roi Mohammed VI, n’est pas fortuit. Il met en exergue l’importance de la ville du Détroit comme pôle industriel en plein essor et confirme les transformations consécutives aux changements institutionnels opérées au Maroc.
Les Assises de Tanger ont insisté sur l’élargissement des échanges qui ne doivent pas se limiter qu’à l’Europe, la Méditerranée, le monde arabe et l’Afrique, mais aussi et de plus en plus à la zone Amérique-Asie-Pacifique.
Une vision qui repose sur le postulat selon lequel il conviendrait pour le Maroc et ses partenaires amis de promouvoir de nouvelles solidarités économiques qui prennent appui sur une valorisation mutuelle des accords de libre-échange qui les lient, comme c’est le cas avec les États-Unis d’Amérique, et ce, pour se positionner ensemble dans le système de l’économie mondiale, à travers le développement d’investissements joints et d’alliances stratégiques de différentes natures.
Des perspectives prometteuses
Lors des ces assises, il a été question aussi de dresser un bilan à mi-parcours du Pacte National pour l’Emergence Industrielle (PNEI) mis en place pour le déploiement de la stratégie de développement industriel du Maroc.
Un pacte conçu autour de deux idées fondamentales : focalisation sur les filières pour lesquelles le Maroc possède des avantages compétitifs (automobile, aéronautique, électronique, agroalimentaire, textile/cuir, et offshoring) et renforcement de l’ensemble du tissu des entreprises, à travers quatre chantiers transversaux majeurs (compétitivité des PME, amélioration du climat des affaires, formation et développement de plateformes industrielles intégrées).
A titre d’exemple, le secteur de l’industrie aéronautique est en plein essor. Les autorités déroulent le tapis rouge aux grands groupes et sous-traitants pour la fabrication et l’assemblage d’équipements d’avions.
En 2012, le royaume a frappé fort avec l’annonce de l’arrivée de Bombardier, le troisième avionneur mondial, qui vient de débuter sa production à Nouaceur, près de Casablanca, un site qui concentre 85% des activités du secteur.
« Le choix de Bombardier montre qu’on peut devenir une plate-forme internationale pour les grands industriels », s’est encore félicité mardi un ministre, Abdelkader Amara, en marge d’Assises de l’Industrie à Tanger (nord).
Cet investissement de 200 millions de dollars, qui va permettre la création de 850 emplois directs, vient témoigner de la vigueur de l’industrie aéronautique marocaine, en hausse de 65,5% sur la période 2008-11.
Si les revenus ont atteint près d’un milliard de dollars l’an dernier, le Maroc n’entend pas en rester là, ajoute le président du Groupement des industries aéronautiques et spatiales (Gimas), Hamid Benbrahim al-Andaloussi.
Dans un pays où il a beaucoup été question d’automobile avec l’installation de Renault à Tanger, les perspectives sont encore plus prometteuses dans l’aéronautique, « secteur qui ne connaît pas la crise » grâce notamment à la forte demande asiatique, dit à M. Benbrahim, un des concepteurs du pôle local.
« En une décennie, nous avons été en mesure d’établir une base compétitive, dans le prolongement naturel de l’Europe, et nous sommes prêts à tirer un profit maximum de cette fenêtre d’opportunité stratégique », clame-t-il.
D’ici 2020, le royaume espère doubler son activité et ses revenus, à la faveur, entre autres, du développement d’une zone franche (Mid-Park).
Déjà, une centaine d’entreprises et près de 10.000 salariés sont à pied d’œuvre à Nouaceur près de Casablanca, dont environ 500 dans l’immense hangar de Safran Aircelle, filiale du groupe français qui vient de fêter son 8e anniversaire au Maroc.
De 10 millions d’euros en 2006, le chiffre d’affaires flirte désormais avec les 100 M EUR. Quant à la main d’œuvre, jeune (31 ans), elle jouit d’une bonne formation. A ce titre, un Institut des métiers de l’aéronautique (IMA) a ouvert en 2011, une structure hautement appréciée par Christophe Delqué, dont l’entreprise Ratier-Figeac vient de s’implanter.
Spécialisé dans la fabrication d’équipements de cabines/cockpits et d’hélices, ce groupe du sud de la France a commencé en 2007 à travailler avec des sous-traitants, « une +success story+ » qui l’a incité à ouvrir sa propre filiale, explique-t-il.
L’usine, où la production monte en puissance, doit à terme employer 150 Marocains, formés pour l’essentiel à l’IMA.
Le coût de la main d’œuvre, dans un pays où le salaire minimum n’excède pas 250 euros par mois, est évidemment au codeur du choix de ces entreprises qui refusent toutefois de parler de délocalisation.
« Il faut arrêter de dire que les emplois au Maroc tuent ceux en France. En 2012, nous avons créé 600 emplois dont la moitié dans l’Hexagone », clame-t-on chez Safran Aircelle.
Il faut faire au Maroc « ce que l’Allemagne a su faire (en terme de « colocalisation ») en Europe de l’Est », plaide Hamid Benbrahim. »J’appelle ça +l’effet saint-Thomas+, dit-il. Parlez de l’aéronautique au Maroc à un Japonais, il va se demander si vous êtes sérieux. Mais s’il vient et voit ce qui est réalisé par d’autres, il va vouloir la même chose! »