
– Le représentant du Front Polisario auprès des Nations-Unies, Sidi Mohamed Amar à son homologue marocain : Le Maroc vient de montrer « son obsession pathologique du mensonge et de la désinformation ». PHOTO SPS
Le ministère algérien des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger a condamné « énergiquement », dans une déclaration vendredi, « une dérive particulièrement dangereuse » de la représentation diplomatique marocaine à New York, qui a distribué, récemment, au pays membres du Mouvement des Non-Alignés une note officielle dans laquelle le Maroc soutient publiquement et explicitement un prétendu « droit à l’autodétermination du peuple kabyle ». De son côté le représentant du Front Polisario auprès des Nations-Unies, Sidi Mohamed Amar a déclaré que le représentant de l’État marocain colonisateur du Sahara, a montré à travers cette note « son obsession pathologique du mensonge et de la désinformation ».
APS
Voici le texte intégral de la déclaration du ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger :
« La représentation diplomatique marocaine à New York a fait distribuer à tous les pays membres du Mouvement des Non-Alignés une note officielle dont le contenu consacre formellement l’engagement du Royaume du Maroc dans une campagne hostile à l’Algérie, à travers un soutien public et explicite à un prétendu « droit à l’autodétermination du peuple kabyle » qui, selon ladite note, subirait « la plus longue occupation étrangère » . Cette double assertion vaut reconnaissance de culpabilité en ce qui concerne le soutien marocain multiforme actuellement accordé à un groupe terroriste connu, comme cela a été le cas du soutien aux groupes terroristes qui ont ensanglanté l’Algérie durant la décennie noire.
Cette communication diplomatique marocaine est aventuriste, irresponsable et manipulatrice. Elle relève d’une tentative à courte vue, simpliste et vaine, destinée à cultiver un amalgame outrancier entre une question de décolonisation dûment reconnue comme telle par la communauté internationale et ce qui n’est qu’un complot dirigé contre l’unité de la nation algérienne.
Cette même communication heurte frontalement les principes et les accords qui structurent et inspirent les relations algéro-marocaines. Elle constitue une violation flagrante du droit international et de l’Acte Constitutif de l’Union Africaine.
L’Algérie condamne énergiquement cette dérive particulièrement dangereuse, y compris pour le Royaume du Maroc lui-même dans ses frontières internationalement reconnues.
Dans la situation ainsi créée par un acte diplomatique douteux commis par un ambassadeur, l’Algérie, République souveraine et indivisible, est en droit d’attendre une clarification de la position définitive du Royaume du Maroc sur cet incident d’une gravité extrême ».
La réaction de la diplomatie sahraouie
Le représentant du Polisario auprès des Nations-Unies, Sidi Mohamed Amar a affirmé, de son côté, que le représentant de l’état d’occupation marocain auprès de l’ONU a montré, une nouvelle fois, à travers la « note » adressée à la présidence en exercice du Mouvement des non-alignés « son obsession pathologique du mensonge et de la désinformation ».
« Des sites d’information ont relayé la teneur d’une note adressée par le représentant de l’état d’occupation marocain à la présidence en exercice du Mouvement des non-alignés au terme de la rencontre ministérielle tenue par le Mouvement les 13 et 14 juin courant (…), le représentant du Maroc ayant affiché, une nouvelle fois, son obsession pathologique du mensonge et de la tromperie », a déclaré M. Sidi Amar dans un communiqué repris par l’Agence de presse sahraouie (SPS) .
Comme à son accoutumé, « le représentant de l’état d’occupation marocain a profité de l’occasion pour s’acharner sur l’Algérie, pays frère, en raison de son soutien solide à la lutte légitime du peuple sahraoui contre l’occupation illégale du Maroc de parties de la République sahraouie », a ajouté M. Sidi Amar.
Et de souligner, à cet égard, que « la position de principe de l’Algérie, pays frère, à l’égard de la cause sahraouie, est source de fierté pour le peuple sahraoui et pour tous les peuples épris de paix, car puisé de l’histoire révolutionnaire de l’Algérie contre le colonialisme et la domination étrangère ».
Le diplomate sahraoui a rappelé, par la même occasion, que « la position de l’Algérie cadre avec les principes de la légalité internationale, des résolutions de l’Organisation de l’union africaine (UA actuellement) et de l’ONU, y compris la résolution de l’Assemblée générale 2983/RES/A dans laquelle l’ONU a réaffirmé la légitimité de la lutte des peuples coloniaux, ainsi que sa solidarité et son appui au peuple sahraoui dans la lutte qu’il mène pour l’exercice de son droit à l’autodétermination et l’indépendance, et prié tous les Etats à lui apporter toute l’aide morale et matérielle nécessaire à cette lutte (Alinéa 2 du document) ».
« Le régime marocain n’a de quoi s’enorgueillir que le soutien d’un groupe de dirigeants despotiques lui ressemblant politiquement et des régimes bâtis sur l’occupation, la spoliation et la discrimination raciale. L’histoire retient toujours les +services particuliers+ fournis par le régime marocain faisant de lui une niche dorée pour tous les criminels et dictateurs en Afrique et ailleurs », selon M. Sidi Amar.

– Le Ministère algérien des AE, dirigé par Ramtane Lamamra, qualifie l’infâme note officielle marocaine d’ « aventuriste, irresponsable et manipulatrice ». « Elle relève d’une tentative à courte vue, simpliste et vaine, destinée à cultiver un amalgame outrancier entre une question de décolonisation dûment reconnue comme telle par la communauté internationale et ce qui n’est qu’un complot dirigé contre l’unité de la nation algérienne. » Par cette dérive, le Maroc ouvre la voie à une rupture totales des relations entre les deux pays. Photo APS
S’agissant des développements sur le terrain, le diplomate sahraoui a expliqué que « le représentant du Maroc, dans un nouvelle tentative de tromper l’opinion publique internationale, a nié la +reprise de la lutte armée+ dans le Sahara occidental », assurant que « la Guerre est une réalité indéniable, car depuis le 13 novembre 2020 les affrontements militaires se poursuivent entre l’Armée populaire de libération sahraouie et les forces d’occupation suite à la violation par le Maroc de l’accord de cessez-le-feu de 1991 et l’accord militaire n1 de 1997-1998 ».
Cette situation a conduit à une nouvelle guerre dont les retombées peuvent être désastreuses sur la paix et la sécurité de toute la région, a-t-il mis en garde.
M. Sidi Amar a dénoncé, par là même, « la désinformation systématique du Maroc qui a qualifié la situation dans les territoires occupés de la République sahraouie de +stable et calme+ en se référant à des prétendus rapports quotidiens de la Minurso ».
En dépit des tentatives marocaines de dissimuler une guerre qu’il a déclenché dans la région le 13 novembre, poursuit le diplomate, « les témoignages documentés prouvent que les autorités d’occupation marocaines ont intensifié leurs violations du droit humanitaire international dans le cadre d’une guerre de vengeance contre des civils sahraouis et des militants des droits de l’Homme, victimes au quotidien d’actes atroces et de pratiques inhumaines dans les territoires occupés du Sahara occidental ».
Évoquant le processus de paix, le diplomate sahraoui a relevé que « le représentant marocain a faussement avancé que le Front Polisario était responsable du retard dans la désignation du nouvel envoyé spécial de l’ONU. La réalité est que l’Etat d’occupation a refusé de nombreux candidats pour ce poste, le dernier en date étant Staffan de Mistura ».
« L’État d’occupation marocaine poursuit ses tentatives pour peser sur l’opération à travers des conditions préalables excluant systématiquement les candidats d’un groupe d’Etats membres, y compris l’Australie, l’Allemagne, les Pays-Bas, les pays scandinaves, la Suisse et les cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité », a rappelé M. Sidi Amar.
Pour le diplomate sahraoui, « il est claire que l’État d’occupation n’est animé par aucune volonté politique d’adhérer à un processus onusien permettant d’aboutir à une solution pacifique et permanente au conflit, son objectif étant de maintenir le statuquo en tentant d’avoir un envoyé personnel taillé sur mesure pour servir ses intérêts, chose qui est rejeté par le Front Polisario ».
« La teneur de la note marocaine n’est que le recyclage d’une série d’allégations infondées, et un nouveau chapitre de la politique diffamatoire à laquelle recourt le régime d’occupation marocain pour dissimuler ses échecs, son complexe d’infériorité, et détourner l’opinion public locale des crises structurelles multiformes auxquelles il fait face », a conclu le représentant du Front Polisario auprès des Nations-Unies.
APS