Entre le 14 et 17 mars s’est déroulé à Marseille le Forum Alternatif Mondial de l’Eau, FAME, organisé par nombreuses associations, syndicats et réseaux, parmi lesquels Attac, France Amérique Latine et le MNLE, Mouvement National de Lutte pour l’Environnement.
Près de 5000 personnes provenant de 80 pays ont participé à plus de 50 ateliers traitant des sujets en défense de l’eau en tant que bien commun de l’humanité. Les Nations Unies ayant déclaré en juillet 2010 l’accès à l’eau comme un droit fondamental, elle demande aux États et aux organisations internationales de fournir des ressources financières, renforcer les capacités et procéder à des transferts de technologies, surtout en faveur des pays en développement. Actuellement, les réseaux d’eau potable n’atteignent qu’un peu plus de la moitié de la population mondiale, et les réseaux d’assainissement pas plus du 30% et l’on estime qu’il faudrait mobiliser 30 milliards de dollars par an pour répondre au défi de l’eau potable pour tous, alors que l’aide internationale est à peine de 3 milliards.
Dans ce sens, le FAME s’opposait radicalement à la position du Forum Mondial de l’Eau, FME, qui se tenait aussi à Marseille presque aux mêmes dates, organisé par plusieurs gouvernements mais surtout par les entreprises multinationales telles que Veolia, Suez, Thames Water, Saur, etc. qui ont promu la privatisation de ce bien public, malgré la forte opposition des populations locales, concentrant plus de 80 % de l’activité dans le monde et provocant une discrimination qui a réduit de millions de personnes à survivre dans une forte précarité hydrique, c’est-à-dire avec moins de 1000 mètres cubes par personne et par an.
Parmi les thèmes en débat, le FAME a fortement critiqué le modèle productiviste néolibéral qui a marchandisé la nature mettant en danger de vastes régions dans tous les continents, en propulsant l’exploitation minière à ciel ouvert, la production irrationnelle du pétrole, du bois, de la biodiversité. Les désastres écologiques et les attentes à la sécurité alimentaire ont été durement signalés.
Face à ces politiques de spoliation des ressources naturelles, souvent accompagnées d’une grande corruption dans les contrats d’assainissement et distribution de l’eau, se faisant l’écho des résistances sociales dans le monde, les participants au FAME ont proposé la construction d’un autre type de société, égalitaire et interculturelle, respectueuse de la nature, avec une matrice énergétique différente et un matrice productive en conséquence, qui diminue la dépendance des combustibles fossiles et qu’incorpore des solutions communautaires pour la gestion de l’eau, la remunicipalisation de ce service public, la dotation d’outils législatifs pour défendre le droit à l’eau et pénaliser son usage irrationnel.