Une vidéo attribuée à Ezzat al-Douri relance la polémique sur son authenticité.
Ezzat al-Douri, dernier haut dignitaire du régime de Saddam Hussein non encore localisé ou arrêté, est apparu pour la première fois depuis 2003 sur une vidéo non authentifiée diffusée à l’occasion du 65e anniversaire de la fondation du parti Baas. Donné pour mort à plusieurs reprises, l’ancien vice-président du Conseil de commandement de la révolution, la plus haute instance dirigeante de l’Irak sous Saddam Hussein, y apparaît en uniforme de l’armée irakienne les épaulettes de « généralissime », titre que seul portait l’ancien président irakien. Le visage émacié, les mains tremblantes, butant sur les mots, avec derrière lui des hommes en uniforme mais dont la caméra ne montre pas les visages, le numéro six des 55 personnes les plus recherchées par l’armée américaine s’en prend à l’Iran et aux pays arabes qui « cherchent à détruire la Syrie ». « Vous (les Arabes) avez tout fait contre le régime syrien (dirigé comme celui de Saddam Hussein par le parti Baâs) et vous en êtes même arrivés au point d’appeler à une invasion militaire du pays pour annihiler sa population comme c’est arrivé en Irak et en Libye », lance-t-il. « Les Américains et l’Otan sont plus miséricordieux que vous envers le peuple syrien (…). Ils voudraient eux aussi détruire le peuple syrien et sa terre mais ils n’en sont pas capables après ce qu’ils ont subi en Irak et en Afghanistan », ajoute-t-il. À deux reprises, le 27 mars 2006 et le 28 mars 2010, dans des messages audio non authentifiés diffusés par Al-Jazeera, il avait appelé les dirigeants arabes à reconnaître les formations de la « résistance » comme unique représentant du peuple irakien. Né en 1942 à Dour, près de Tikrit (nord), fief de Saddam Hussein, Ezzat Ibrahim al-Douri a été selon les Américains le grand coordonnateur des activités de la guérilla en Irak. L’un des acteurs du coup d’État de 1968 qui a porté le parti Baâs au pouvoir, il a été promu général de corps d’armée, alors qu’il n’avait aucune formation militaire ni éducation générale. Il a ensuite été l’un des rares dignitaires du régime à survivre aux innombrables purges menées par Saddam Hussein. Dépourvu d’ambition personnelle, cet homme grand et sec, portant une moustache rousse, jouissait de la confiance de Saddam dont il lui vouait une confiance aveugle. Représentant la droite sunnite fondamentaliste au sein de la direction du Baâs, il était connu pour financer les instituts religieux soufis avec l’argent de l’État et a contribué au « tournant religieux » de Saddam Hussein après 1991. L’ancien président ne quittant plus l’Irak depuis la guerre du Golfe, c’est Ezzat qui représentait régulièrement son pays aux Sommets arabes et islamiques, où il s’est fait connaître pour ses déclarations martiales contre les adversaires de l’Irak.
Atteint de leucémie, bien avant la chute du régime, on le disait mort. D’où les doutes qui entourent cette vidéo où cet ancien baassiste résolument hostile à l’Iran rend hommage au monarque saoudien Abdallah Bin Abdulaziz et verse dans des diatribes sectaires et confessionnelles. Certains observateurs se posent également des questions sur sa planque, à supposer qu’il soit toujours en vie : se trouve-t-il en Syrie ou en Arabie Saoudite ? Il n’est pas non plus exclu que cette vidéo ait été montée par des factions au sein du Baas, aujourd’hui très divisé, pour marquer des points au détriment d’autres factions. Affaire à suivre.