Un nouveau maillon est venu s’ajouter jeudi dans la chaîne de l’espionnage de très grande ampleur de l’Agence de sécurité nationale américaine (NSA) avec cette fois le Canada qui aurait autorisé les États-Unis à surveiller les échanges liés à des sommets de chefs d’État en 2010.
Comme pour la plupart des autres révélations d’espionnage, le journaliste américain Glenn Greenwald a lâché des documents compromettants à un grand média, en l’occurrence la CBC, la chaîne publique de radio-télévision canadienne. Celui qui contribue à la publication des documents récupérés par l’ancien consultant de la NSA Edward Snowden, maintenant réfugié en Russie, a fourni le rapport dans lequel il est établi que la NSA a procédé de l’ambassade américaine à Ottawa, et avec l’accord du Canada, à une surveillance des communications au cours des sommets du G8 et du G20 de Toronto en 2010.
Le Canada aurait facilité cette opération d’espionnage via sa propre agence de renseignement, le Centre de la sécurité des télécommunications Canada (CSTC), en fournissant tous les moyens d’intercepter les communications et les échanges numériques pendant une bonne semaine incluant les trois jours des sommets du G8 et du G20, soit du 25 au 27 juin 2010 à Toronto.
Cette nouvelle affaire donne une vision plus étendue encore de l’impressionnante toile tissée par la NSA avec l’appui de ses proches ou fidèles partenaires, ou encore de pays tiers. Il y a quelques jours, des médias révélaient que le Royaume-Uni avait passé un accord avec les renseignements américains donnant accès à ces derniers à l’exploitation de toutes les données sur les communications britanniques. L’Australie fait face à la colère de l’Indonésie à la suite des révélations d’espionnage de sa part et de celle de son allié américain.
Pour le Royaume-Uni comme pour le Canada, la surveillance américaine sur leur sol ne cadre pas avec la convention dite des « cinq yeux » spécifiant que les citoyens américains, britanniques, australiens, canadiens et néo-zélandais étaient à l’abri d’éventuelles mesures de surveillance des services de renseignement des autres nations contractantes.
Contraire à la loi
Les documents publiés par CBC font état d’une surveillance de la NSA « étroitement coordonnée avec le partenaire canadien ».
Jeudi, le gouvernement conservateur canadien a dû faire face à la réprobation de l’opposition à la Chambre des communes. Le ministre canadien de la Défense Rob Nicholson s’est réfugié derrière le droit de réserve. « Nous ne pouvons pas faire de commentaires sur les capacités ou les activités de renseignement » des services canadiens, a-t-il déclaré. « En vertu de la loi, cette organisation se voit interdire de cibler des Canadiens et le CSTC ne peut pas demander à ses partenaires étrangers » de contourner la loi, a ajouté M. Nicholson.
L’actuel patron du CSTC, John Forster, qui n’était pas en poste en 2010, a défendu ses services sans préjuger du passé. En application de la loi, le CSTC ne peut pas réaliser des opérations de surveillance sur le sol canadien et contre des Canadiens. « Je ne ferais pas cela, notre agence ne ferait pas cela, c’est contraire à la loi », a affirmé M. Forster.
Dans le cas de la surveillance des réunions du G8 et du G20, un groupe rassemblant les pays les plus riches et les principaux pays émergents comme la Chine, l’Inde et le Brésil, le but des États-Unis avec leurs alliés était de pouvoir connaître la position des participants sur des points particuliers des négociations.
À ce sommet, en juin 2010 à Toronto, la proposition d’introduction d’une taxe sur les transactions financières poussée par l’Europe avait été balayée par l’opposition résolue des pays asiatiques, du Canada, ou encore de l’Australie.
Face à la polémique sur l’espionnage américain des conversations de la chancelière allemande Angela Merkel comme d’autres responsables occidentaux, le secrétaire d’État américain John Kerry avait été amené à reconnaître il y a moins d’un mois que les États-Unis étaient parfois allés « trop loin ».
Source : AFP
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