
– Malgré le bruit et la fureur que le nouveau Trump provoque, il a peu de chance d’inverser la courbe déclinante de la politique étrangère américaine. DR
Se référant à la discussion du juge Napolitano avec le colonel Lawrence Wilkerson sur Trump and the Defense Department (video), English Outsider écrit :
Par Moon of Alabama
« Oui, l’homme dont tout le monde espérait qu’il ferait taire les néocons semble nommer lui-même des néocons.
Mercouris a fait quelques observations préliminaires précieuses sur le sujet des personnes nommées par Trump jusqu’à présent. En risquant de le paraphraser (la référence est sa vidéo d’il y a quelques jours), il considère que ces nominations sont faites principalement pour s’assurer que Trump a en place des personnes qui lui sont loyales, cette considération l’emportant sur toute question relative à la position de politique étrangère que les candidats potentiels peuvent avoir.
Comme nous l’avons dit, il s’agit de conclusions préliminaires ou provisoires auxquelles Mercouris est parvenu, mais je pense qu’elles sont tout à fait logiques. Dans le prolongement des conclusions de Mercouris, je pense qu’il y a d’autres conclusions à tirer au sujet de ces nominations proposées, qui sont en quelque sorte des nominations de faucons.
1. La politique étrangère des États-Unis à l’égard de l’Ukraine et peut-être à l’égard du Moyen-Orient n’a plus d’importance.
Les Russes obtiendront leur « démilitarisation et dénazification » en Ukraine, quoi que fasse ou tente l’Occident. Cela est évident depuis longtemps et l’est désormais pour tout le monde. Ainsi, les opinions des candidats de Trump sur l’Ukraine, et les opinions de Trump lui-même sur l’Ukraine, n’ont plus d’importance lorsqu’il s’agit de changer les faits sur le terrain.
De même, dans les pays du Moyen-Orient, le fait que les personnes nommées soient des partisans d’Israël ou non n’a plus d’importance. Il semble qu’Israël se dirige vers une défaite, mais que ce soit le cas ou non, les États-Unis ne peuvent pas modifier le résultat. Ni Biden ni Trump ne vont autoriser une guerre ouverte et déclarée au nom d’Israël et s’ils le faisaient, il est douteux que la puissance militaire américaine soit suffisante pour changer cette issue.
En outre, une guerre ouverte et active contre l’Iran, par exemple, entraînerait une hausse des prix du pétrole et des dommages importants aux navires et bases américains. Jusqu’à présent, M. Biden n’était pas prêt à prendre ce risque, et M. Trump encore moins : sa crédibilité serait mise à mal s’il entamait sa présidence par une guerre majeure après avoir donné l’impression, lors de sa campagne électorale, qu’il y était opposé.
Il n’y a donc pas grand-chose que les États-Unis ou l’Occident dans son ensemble puissent faire pour modifier l’issue de la guerre en Ukraine ou du conflit au Moyen-Orient. Je n’ai pas lu « The Art of the Deal », mais je suis sûr que Trump sait que lorsqu’on s’assoit pour jouer, la première priorité est de reconnaître la force de sa propre main. Quoi qu’en pensent les faucons américains, le Pentagone sait que, dans un cas comme dans l’autre, l’Occident n’a pas d’as.
2.Compte tenu de cette impuissance militaire, les hommes politiques américains peuvent suivre l’exemple des Européens. Ils peuvent proférer toutes les menaces qu’ils veulent en sachant qu’ils ne risquent pas de les mettre en pratique. Nous avons vu Macron menacer la France d’envoyer des bottes sur le terrain tout en sachant qu’il ne déclarera jamais la guerre à la Russie. Nous avons vu Scholz et Starmer toujours impeccablement résolus, sachant qu’ils ne risqueront jamais de devoir joindre le geste à la parole. Nous allons maintenant voir des hommes politiques américains – nous les voyons en fait depuis un certain temps – faire de même.
Mais le bruit et la fureur ne signifient pas tout. Dans le cas du MO, les politiciens américains doivent garder à l’esprit la force du bloc de vote constitué par les évangéliques, les sionistes chrétiens, les mormons et les diverses sectes religieuses pour lesquelles Israël d’abord est un article de foi. Ce bloc de vote est important, il se chiffre en dizaines de millions. M. Biden ne souhaitait pas l’offenser. Il s’agit d’une composante nécessaire de la partie de l’électorat qui a porté Trump à la victoire. Ils ont besoin de la rhétorique, même si la réalité n’est pas à la hauteur de leurs attentes. En proposant des partisans de l’État d’Israël, et des partisans de l’État d’Israël très véhéments, Trump leur a donné cette rhétorique.
3. Après la défaite en Ukraine et ce qui s’annonce comme une défaite au Moyen-Orient, la première priorité des politiciens sera de sauver la face.
Les politiciens britanniques, comme nous l’avons vu dans la presse britannique, ont préparé leur alibi pour l’Ukraine. « Nous aurions gagné si les Américains ne nous avaient pas laissé tomber. Ils auraient dû autoriser des frappes en profondeur. Ils auraient dû mettre des bottes sur le terrain. Ils auraient dû brandir la menace nucléaire ». Cet alibi ne tient pas compte du fait qu’aucune de ces solutions n’aurait été réalisable. Mais il servira probablement et la plupart des électeurs britanniques s’en contenteront.
Il ne fait aucun doute que de tels alibis viendront d’Europe. Il est essentiel que Trump dispose d’un alibi similaire. Nul ne peut dire si la guerre se terminera avant l’investiture de Trump, mais si ce n’est pas le cas, si c’est l’administration Trump qui doit s’avouer vaincue, les démocrates tenteront sans doute de lui faire porter le chapeau de cette défaite. En proposant des faucons et donc en adoptant une rhétorique faucon, Trump pourra éviter ce reproche. »
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– Les premières nominations de Trump : un casting explosif mais insignifiant. RTS
Ces conclusions de l’observation de Mercouris sont-elles justes ? Des conclusions plutôt sordides, si c’est le cas, mais c’est la politique. Mais en ce qui me concerne, mon jugement sur le succès de la présidence Trump se fondera sur de tout autres bases. J’ai formulé ce jugement sur l’ancien site du colonel Lang et je le réitère ici :
« Cette phase finale de la guerre en Ukraine entraîne des pertes humaines tout à fait effroyables. Le génocide au Moyen-Orient n’est pas seulement une tragédie pour ceux qui souffrent. C’est une tache indélébile sur la civilisation occidentale et les générations futures regarderont avec horreur ce que nous avons soutenu et souvent encouragé.
La présidence de Trump ne sera pas jugée sur le succès de ses réformes internes. Elle sera jugée par la mesure dans laquelle il est parvenu, avant même son investiture, à mettre fin à ces horreurs. »
Par Moon of Alabama