La chaîne espagnole Antena 3 condamnée à Bruxelles pour ne pas avoir vérifié ses sources.
La désinformation de masse est-elle devenue une seconde nature chez certains médias occidentaux. Des cadavres de Timișoara à l’affaire des bébés irakiens en passant par la Syrie et les Balkans, les exemples de désinformation massive ne se comptent plus. Heureusement que la justice se réveille – parfois- pour rappeler ces médias à l’ordre et les condamner.
C’est ce qui est arrivée à la chaîne espagnole de télévision Antena 3 qui vient d’être condamnée le 12 juin 2012 par la 14ème chambre du tribunal de première instance de Bruxelles pour avoir diffusé de manière répétée une photo tirée de son contexte pour illustrer la violence de l’armée marocaine lors d’un démantèlement d’un camp sahraoui. La photo en question était celle d’un quadruple meurtre qui s’était produit dix mois plus tôt à Casablanca. Les membres de la famille des victimes de ce fait divers ont obtenu réparation de leurs préjudices moral et matériel, ont annoncé mercredi leurs avocats, Mes Pierre Legros et Anne Monseu, lors d’une conférence de presse à Bruxelles.
Le 12 novembre 2010, Antena 3 avait diffusé lors de son journal télévisé un reportage relatif au démantèlement par l’armée marocaine le 8 novembre 2010 d’un campement sahraoui dans les environs de la ville de Laâyoune (Sahara). La chaîne avait utilisé une photo montrant des corps sans vie et ensanglantés tués lors d’un drame familial par un homme souffrant de déséquilibre mental à Casablanca dix mois plus tôt.
Ce reportage avait été repris par des chaînes marocaines, accessibles via le satellite en Belgique. Affectés par la diffusion de ce reportage, des membres de la famille endeuillée domiciliés à Bruxelles avaient saisi la justice belge, dénonçant l’instrumentalisation de la mort de leurs proches. Le tribunal souligne dans son jugement que la chaîne de télévision n’a pas donné suite à la demande de droit de réponse sollicitée par les parties demanderesses. « Ce qui compte ce n’est pas l’argent mais une excuse officielle que nous attendons toujours », a commenté Rachida Rachidi, un membre de la famille qui a obtenu à titre personnel 30.000 euros d’indemnisation et 30.000 euros pour chacune de ses filles. La famille a expliqué avoir vécu la diffusion du reportage comme un second drame. Plusieurs membres, dont des enfants, sont suivis psychologiquement depuis la découverte du reportage litigieux.
Si les parties demanderesses ont obtenu réparation de leurs préjudices, leur demande tendant à ordonner des excuses publiques a, elle, été rejetée. Le jugement doit encore être signifié.
Pour Me Pierre Legros, ce jugement fera date. L’avocat compte sensibiliser les associations de journalistes à la responsabilité de ces derniers. « Avec un tel jugement, le journaliste devra prendre conscience qu’une diffusion d’une fausse information peut aboutir à des dommages considérables vis-à-vis de ceux qui reçoivent cette information », a-t-il déclaré. La chaîne espagnole avait été mise en demeure de rectifier l’information en février 2012, sans résultat. Elle a été condamnée à Bruxelles par défaut.
Atlasinfo.fr