Les États-Unis craignent que la croissance de la Chine n’entraîne une compétition entre les pays pour l’hégémonie sur la planète.
Par Moon of Alabama
Mais la Chine rejette l’hégémonie. Non seulement celle que les États-Unis tentent manifestement d’atteindre, mais aussi, plus généralement, la sienne.
Hier, l’éditorial du Global Times a attiré l’attention sur un nouveau document d’orientation publié par le Conseil d’État chinois :
Le 26 septembre, le bureau d’information du Conseil d’État chinois a publié un livre blanc intitulé « A Global Community of Shared Future : Propositions et actions de la Chine ». Dans le contexte du 10e anniversaire de la proposition du président Xi Jinping de construire une communauté mondiale d’avenir partagé, la Chine a présenté la base théorique, la pratique et le développement d’une communauté mondiale d’avenir partagé, et montre la voie vers un avenir meilleur pour le monde. Quiconque, qu’il s’agisse de pays en développement cherchant à apprendre de la Chine ou de personnes de pays occidentaux souhaitant mieux comprendre la Chine, y trouvera une source d’inspiration à condition de l’aborder sans parti pris.
…
La société humaine est aujourd’hui confrontée à un « choix de vie ou de mort » : entrer dans le cercle vicieux de la confrontation et de la division permanentes ou rechercher la voie de la coopération et du gagnant-gagnant, permettant en fin de compte à plus de 7 milliards de personnes d’avoir une vie meilleure. Le monde entier est en quête de réponses. Cela confirme également le caractère extrêmement prémonitoire et prospectif du concept de communauté mondiale d’avenir partagé.
…
Le monde d’aujourd’hui est devenu une communauté d’avenir commun, où les pays naviguent ensemble sur un bateau au destin commun. Un petit bateau ne peut résister au vent et aux vagues, seul un navire géant peut affronter les mers déchaînées. Quelle que soit la puissance d’un pays, il ne peut dominer le monde seul et doit s’engager dans une coopération mondiale.
Comme le dit le livre blanc, « le monde est intégré. Ceux qui lui tournent le dos n’y auront pas leur place ». Dans un tel monde, le véritable pouvoir qui transcende le temps est contenu dans les idées silencieuses et subtiles, tout comme la grandeur pratique démontrée par le concept de communauté mondiale de l’avenir partagé.
Le document est disponible ici (here)
Il compte 22 000 mots, mais il est tout à fait lisible. Il s’agit d’une recette pour un monde juste et égalitaire qui se développera pacifiquement pour tout le monde tout en permettant une diversité de cultures et d’idéologies. Il s’appuie donc sur le concept chinois, vieux de dix ans, d’une communauté de destin commun pour l’humanité.
La partie la plus intéressante est probablement ce paragraphe :
Il n’y a pas de loi d’airain qui dicte qu’une puissance montante recherchera inévitablement l’hégémonie. Cette hypothèse représente la pensée hégémonique typique et s’appuie sur les souvenirs de guerres catastrophiques entre puissances hégémoniques dans le passé. La Chine n’a jamais accepté que lorsqu’un pays devient suffisamment fort, il recherche invariablement l’hégémonie. La Chine comprend la leçon de l’histoire, à savoir que l’hégémonie précède le déclin. Nous poursuivons le développement et la revitalisation par nos propres efforts, plutôt que par l’invasion ou l’expansion. Et tout ce que nous faisons a pour but d’offrir une vie meilleure à notre peuple, tout en créant davantage d’opportunités de développement pour le monde entier, et non dans le but de supplanter ou d’assujettir les autres.
D’autres déclarations stratégiques de la Chine, comme celle de 2013 qui a jeté les bases de son programme « la Ceinture et la Route », ont été rejetées au moment de leur publication. Mais le dossier montre que la Chine met en œuvre ces programmes exactement comme le promettent ses documents. Elle en tire profit.
La thèse de ce nouveau document, selon laquelle l’hégémonie précède le déclin, est-elle valable ?
Devrions-nous donc faire confiance à ses affirmations selon lesquelles elle rejette l’hégémonie, non seulement des autres mais aussi d’elle-même ?
Par Moon of Alabama
Traduit par Brahim Madaci