Le président argentin Javier Milei est un sioniste revendiqué, quasiment fanatique qui semble vouer une sorte de vénération pour l’Etat sioniste et, sans pour autant être juif, pour tout ce qui touche de près à la religion juive. Il serait notamment un lecteur assidu de la Torah.
Logiquement, ce «libertarien» a décidé que désormais son pays considérerait le Hamas comme une organisation terroriste. Auparavant, avaient été annoncées des
poursuites contre des responsables iraniens pour l’attentat meurtrier qui avait visé l’Association Mutuelle Israélite Argentine (AMIA) en 1994. Cet attentat avait empoisonné les relations entre l’Argentine et l’Iran, ce dernier pays ayant été accusé d’être le commanditaire de l’attentat et plusieurs hauts responsables iraniens, dont un ministre, avaient été inculpés par la justice argentine..
Je ne vais pas revenir sur ce dossier que j’ai traité en détail sur ce blog. Il suffit de rappeler que compte tenu de la vacuité du dossier à charge, le gouvernement argentin présidé par Cristina Fernández de Kirchner et son chef de la diplomatie, le brillant Hector Timerman avaient mis au point avec l’Iran des modalités de procédure judiciaire permettant d’en finir avec ce dossier en respectant le droit. Le gouvernement argentin de l’époque avait bien en tête les intérêts du pays notamment sur le plan d’échanges commerciaux prometteurs.
C’est cette résolution de l’impasse judiciaire que le président Milei remet en cause à la satisfaction des organisations sionistes argentines, l’AMIA et la DAIA (Délégation des associations israélites argentines, équivalent du CRIF). Ces deux organisations, après avoir été contenues pendant des années, retrouvent une assurance qu’elles avaient perdu et sont plus agressives que jamais au service du projet sioniste de nettoyage ethnique de la Palestine.
Le discours ignoble d’Amos Linetzky.
Par Nazareno Suozzi,
Lors d’un événement qui a eu lieu dans le cadre du 30e anniversaire de l’attaque contre l’Amia , le président de l’association, Amos Linetzky, a prononcé un discours dans lequel il a sévèrement critiqué les organisations féministes, de défense des droits de l’homme et politiques qui remettent en question et combattent la politique terroriste, colonialiste et génocidaire de l’État d’Israël, qui a déjà assassiné près de 40 000 Palestiniens dans la bande de Gaza.
Depuis le pupitre, il a notamment accusé leurs membres [de ces organisations] d’être antisémites. Milei, le petit despote qui gouverne l’Argentine, défend la dictature terroriste et antisémite de Videla et cherche à garantir l’impunité des responsables de l’attaque contre la mutuelle israélienne, était présent tandis que Linetzky donnait une conférence sur la manière soutenir l’extermination d’une ville [Gaza] en calomniant les gens. Il n’a cependant été l’objet d’aucune critique de la part de l’AMIA, sûrement très satisfaite de la politique pro-sioniste et pro-yankee qu’il mène.
Linetzky a profité de sa place d’orateur pour en faire une tribune propagandiste en faveur de l’offensive génocidaire que mène Israël dans la bande de Gaza. Et, en accord avec le gouvernement Milei, pour se livrer à des attaques contre les mouvements de lutte qui rejettent la politique sioniste. Le parti libertarien au pouvoir a décidé d’inclure le Hamas sur la liste des organisations terroristes dans le but de criminaliser encore plus la contestation et de disposer de davantage d’outils pour persécuter et emprisonner ceux qui manifestent en faveur de la cause palestinienne. Ceci, à l’heure où le rejet des crimes de l’État israélien se développe dans plusieurs pays, comme le montrent les mobilisations et les occupations d’établissements universitaires qui ont eu lieu aux États-Unis, dans certains pays européens et dans le monde arabe.
« Les dizaines de femmes mutilées et harcelées devant les caméras n’ont pas suffi aux organisations féministes pour que leur sororité s’étende aux femmes juives. Peut-être que le slogan selon lequel le corps d’une femme ne devrait pas être un champ de bataille, ou le soi-disant « Je te crois ma sœur » ou « Pas une de moins » [mobilisation contre les féminicides dans le monde hispanique, NdT] , est en petits caractères que nous n’avons pas lu et dit « à moins que tu sois juive », a déclaré Linetzky. Peut-être ce dernier n’avait-il pas réalisé que même le président américain Biden ne pouvait pas corroborer la véracité de ces images. Il s’agissait d’une campagne internationale d’informations mensongères diffusées par le sionisme. En outre, « Pas une de moins » est un slogan de rejet des crimes de genre, c’est-à-dire du meurtre de femmes parce qu’elles sont des femmes. Dans le conflit de Gaza, il n’y a rien de tout cela. L’action de Linetzky constitue donc une banalisation de la lutte du mouvement des femmes.
En outre, la plupart des quelque 40 000 personnes tuées par Israël sont des femmes. Si l’on raisonnait comme Linetzky, on pourrait demander à l’AMIA pourquoi elle ne dénonce pas ce massacre de femmes. Bien sûr, elle ne le fera jamais. Toutefois, les femmes palestiniennes ne sont pas assassinées parce qu’elles sont des femmes, mais parce qu’elles sont Palestiniennes. Si Linetzky était préoccupé par les droits des femmes, il devrait être cohérent et exiger que Netanyahu rétablisse les mécanismes de prise en charge des victimes de violences sexistes qu’il a démantelés il n’y a pas si longtemps. D’autre part, le gouvernement sioniste applique, dans le domaine des droits des femmes, un apartheid répressif contre la population arabe vivant en Israël : « Entre janvier 2020 et août 2022, la police n’a pas réussi à élucider 58 % des 40 féminicides commis contre des femmes palestiniennes. au cours de cette période, tandis que les 29 féminicides de femmes juives israéliennes commis entre les mêmes dates ont été élucidés » ( données d’Amnesty International ).
Il a également tiré à boulets rouges sur les mouvements de lutte pour les droits de l’homme. « Qu’est-ce qu’ils attendent? Pourquoi ne se joignent-ils pas à nos plaintes ? Peut-être… Y a-t-il des personnes disparues ou kidnappées pour lesquelles il ne vaut pas la peine de se plaindre ? Tu devrais te rappeler, Linetzky, que l’AMIA et le DAIA ont tourné le dos aux familles de la communauté juive qui exigeaient la retour de leurs proches vivants sous la dictature ? De plus, cela cache que les organisations des droits de l’homme exigent actuellement que l’échange d’otages soit réalisé (« tous pour tous ») et un cessez-le-feu . Et le gouvernement Netanyahu s’y oppose. Le principal problème, cependant, est que le sionisme développe une politique de nettoyage ethnique. Le génocide en cours et tous les crimes de guerre que l’État d’Israël commet depuis des décennies contre la population palestinienne s’inscrivent dans cette ligne. Il bombarde actuellement des écoles, des hôpitaux, des centres de réfugiés et torture des prisonniers ; ses soldats abusent sexuellement des femmes palestiniennes dans les prisons ; assassinent des bénévoles d’ONG et des journalistes, utilisent du phosphore blanc (arme interdite) dans l’offensive sur Gaza ; des bandes armées de colons fascistes assassinent des Palestiniens en Cisjordanie ou les expulsent de leurs propriétés, entre autres atrocités.
Linetzky a parlé de la barbarie nazie et de ses camps de concentration. L’État d’Israël développe une politique de type hitlérien : nettoyage ethnique, apartheid, génocide, création de camps de concentration pour discipliner et assassiner les Palestiniens, etc. Le sionisme veut aller vers la « solution finale», c’est-à-dire vers l’extermination de la population palestinienne pour s’emparer de ses territoires. Si Linetzky était si préoccupé par le fascisme, il aurait répudié le gouvernement de Netanyahu pour avoir entretenu des relations avec le bataillon Azov, une unité de soldats néo-nazis qui combattent aux côtés de l’armée ukrainienne pour faire la guerre aux troupes russes de Poutine. Ou bien il aurait critiqué Milei pour avoir nommé un nazi à la tête du bureau du procureur général du Trésor ou pour diriger un gouvernement qui défend la dictature terroriste et antisémite de Videla. Rappelons au passage à Linetzky que le sionisme argentin était complice de Videla, Pinochet et même du régime raciste sud-africain.
Par Nazareno Suozzi,
Prensa Obrera (Argentine) 19 juillet 2024
Présenté et traduit de l’espagnol par Djazaïri