L’ancienne colonie portugaise, la plus grande et la plus riche des colonies, indépendante depuis 1975 après treize de lutte armée contre l’occupation, entretient à présent des très bons rapports avec Lisbonne.
Premier partenaire commercial hors pétrole, le Portugal est très présent en Angola dont la population notamment urbaine demeure en majorité attachée à la culture, à la gastronomie et au mode de vie lusitanien. Depuis le retour de la paix, en 2002, les grandes entreprises angolaises ont placé une partie de leurs excédents au Portugal en achetant des part d’institutions financières ou entreprises énergétiques, en attendant, pour une certaines d’entre elles, que les conditions pour des investissements en Angola même –reconstruction des grandes infrastructures de communication, transport, etc. – soient réunies.
En juin 2010, la valeur des investissements angolais dans des compagnies portugaises cotées en bourse a été estimée à 2 milliards d’euros, soit environ 4% de la valeur totale des entreprises listées à la bourse.
Par exemple, le premier actioniste individuel du Millenium BCP, une des plus grandes banques portugaises est la Sonangol, la première compagnie nationale angolaise et la deuxième compagnie du continent africain (après la Sonatrach), note le Financial Times de Londres.
Or, le Portugal fait aujourd’hui face à une des plus graves crises économiques depuis la fin de la dictature en 1974. Lisbonne doit appliquer les mesures fixées par l’Union européenne et le FMI en échange du package de 78 milliards d’euros devant le sortir des conséquences pernicieuses de son endettement extérieur élevé. Une des conditions posées au gouvernement de Lisbonne concerne la privatisation d’entreprises publiques telles la compagnie aérienne TAP ou l’entreprise nationale d’énergie, dans le but de recueillir une dizaine de milliards d’euros.
Lors de sa première visite en Angola, le nouveau Premier ministre portugais Pedro Passos Coelho (PSD droite) a sondé les autorités angolaises sur l’éventuelle participation de l’Angola à ce programme de privatisation. En d’autres termes, il a demandé à l’Angola de soutenir financièrement l’ancienne métropole… Pays pétrolier, avec une croissance élevée ces dernières années, l’Angola dispose de réserves en devise relativement importantes.
Cependant, l’année 2011 se termine pour l’Angola sur des résultats moins bons que prévus : la croissance est inférieure au projections (passant de 7,6 à 3,7%) à cause à d’une importante baisse de la production pétrolière pour des raisons techniques (notamment dans la concession où opère la BP). De plus, l’Angola a engagé plusieurs chantiers pour la reconstruction et le développement du réseau routier et ferroviaire, le réseau électrique et hydro-électrique, l’habitation, l’assainissement des centres urbains, etc., qui ont mis à dure épreuve sa trésorerie et alourdi la dette. De plus les efforts de diversification de l’économie vont exiger davantage d’investissements dans le pays même.
En 2012, toutefois, la croissance sera à nouveau à deux chiffres et la production pétrolière approchera à nouveau les deux millions de barils par jour. C’est ce que les analystes portugais mettent en avant, sans craindre de favoriser ainsi une situation paradoxale.
Dans une perspective économique à moyen terme, affirme toutefois Paulo Gorjao, directeur de l’Institut portugais des relations internationale et sécurité (IRIS), le Portugal devrait éviter de devenir trop dépendant des investissements angolais. Peur d’être colonisé à leur tour ?