Officiellement, l’ambassade des États-Unis en Israël sera déplacée de Tel Aviv à Jérusalem ce lundi 14 mai. Fake news !
L’info a tout d’une de ces “fake news” dont Donald Trump est à la fois un grand pourfendeur et un grand propagateur. Ce soi-disant “transfert” n’est rien de plus qu’une opération de propagande se situant dans le cadre de la célébration du 70ème anniversaire de la proclamation de l’indépendance d’Israël 1.
En fait, et quoi que se préparent à en dire les médias, l’ambassade étatsunienne reste bel et bien à Tel Aviv, avec ses centaines de diplomates et autres membres du personnel, pour encore un bon moment. Tout simplement parce que déménager une telle ambassade n’est pas une mince affaire, qu’il va falloir construire entièrement un nouveau bâtiment assorti de toutes les mesures de sécurité que cela implique dans le contexte de Jérusalem, et que quel que soit le volontarisme de Trump cela prendre du temps, beaucoup de temps.
Le secrétaire d’État de Trump à l’époque où celui-ci avait annoncé sa décision, Rex Tillerson, avait d’ailleurs fait remarquer que le transfert ne se produirait certainement pas avant la fin du premier mandat de Trump à la Maison Blanche, c’est-à-dire en janvier 2021. Avant de se faire virer il a eu juste le temps de signer un plan visant à organiser un transfert purement symbolique, auquel on assiste aujourd’hui. De la pure propagande.
Aussi, quand nous écrivions en décembre 2017 «L’ambassade des État-Unis à Jérusalem ? Pas l’an prochain, peut-être bien jamais…», la prévision ne s’avère fausse que grâce à un tour de passe-passe en trompe-l’oeil.
Charles Enderlin, correspondant de France 2 à Jérusalem de 1981 à 2015, ne s’y est pas trompé :
Tweet de Charles Enderlin diffusé le 11 mai.
L’ambassadeur désigné par Trump pour représenter les États-Unis en Israël est un propagandiste sioniste fanatique.
Il n’est donc pas étonnant qu’il ait tenu à mettre la diplomatie étatsunienne autant que possible au service de la propagande d’un Netanyahou en grande difficulté, prêt à mettre tout le Moyen-Orient à feu et à sang pour se soustraire aux juges qui s’intéressent aux affaires de corruption dans lesquelles il est impliqué.
Reste à savoir si les États-Unis reconnaissent désormais la souveraineté israélienne sur l’ensemble de Jérusalem, dans les limites municipales telles qu’Israël les définit actuellement, ou si leur reconnaissance ne s’applique qu’à Jérusalem-Ouest. Washington s’en tient-il toujours au principe selon lequel le statut ultime de la ville et ses limites devraient être décidés par Israël et les Palestiniens par la négociation ou accepte-t-il la thèse israélienne selon laquelle la ville unifiée est la propriété éternelle et exclusive d’Israël ? Cela reste ambigu, même si il ne faut sans doute pas nourrir trop d’illusions.
L’U.E. en ordre dispersé, comme d’habitude
Est-ce à dire que l’épisode du faux transferts de l’ambassade n’aura aucune importance politique ? Après tout, Trump ne fait pour le moment qu’appliquer, et en apparence seulement, une décision votée par le Congrès des États-Unis en 1995, et dont depuis lors ses prédécesseurs n’avaient eu le courage ni de la remettre en question ni de la concrétiser, se contentant de la postposer de six mois en six mois, sans que quiconque paraisse vraiment d’en soucier.
Dès dimanche les représentants diplomatiques de l’Albanie, de l’Angola, de l’Autriche, du Cameroun, du Congo (Brazzaville), de la République Démocratique du Congo (Kinshasa), de la Côte d’Ivoire, Ethiopie, de la République Tchèque, de la République Dominicaine, de Georgie, du Guatemala, du Honduras, de Hongrie, du Kenya, de Macédoine, du Nigéria, du Panama, du Pérou, des Philippines, de Roumanie, du Rwanda, du Salvador, de Serbie, du Sud Soudan, de Thaïlande, d’Ukraine, du Vietnam, du Paraguay, de Tanzanie et de la Zambie participeront à un gala pour célébrer “l’événement”.
Cela peut sembler un éclatant succès, mais en réalité seulement 32 des 86 pays invités se sont fait représenter. A peine plus d’un tiers !
Les diplomates de la majorité des pays de l’Union Européenne s’abstiendront. Le mot important, dans cette phrase, est “majorité”. Car l’initiative de Trump aura servi au moins à ceci : mettre en évidence la totale absence de cohésion de l’Union européenne, et donc son incapacité à peser réellement sur le cours des événements politique. La Hongrie, la République Tchèque, la Roumanie et l’Autriche ont en effet décidé de faire bande à part 2, et il y a quelques jours ces mêmes pays avaient bloqué l’adoption par l’U.E. d’une déclaration condamnant le transfert de l’ambassade U.S.
L’Union Européenne sera donc, après cette affaire, encore un peu moins crédible, encore un peu plus cantonnée dans un rôle de bailleur de fonds, tout juste bonne à à financer des programmes en faveur de la population palestinienne dont la charge devrait, en droit, incomber à la puissance occupante. Autrement dit, l’U.E. continuera à financer l’occupation avec l’argent des contribuables européens et à armer Israël.
L.D. Pour la Palestine.be
Source : Pour la Palestine.be
https://www.pourlapalestine.be/lambassade-des-etats-unis-a-jerusalem-ce-14-mai-fake-news/