Israël en posture délicate après le soutien de Netanyahou à Romney.
Le gouvernement israélien se retrouvait jeudi sur la défensive, l’opposition et les commentateurs évoquant l’hypothèse d’une « vengeance » du président Barack Obama en raison des sympathies affichées par Benjamin Netanyahou en faveur du candidat républicain perdant Mitt Romney. Le ministre des Finances Youval Steinitz, un proche de M. Netanyahou, a tenté de réfuter les accusations d’ingérence du Premier ministre israélien dans la campagne présidentielle américaine. »Nous ne nous sommes pas immiscés dans les élections américaines, nous avons été très prudents », a affirmé M. Steinitz à la radio publique. »Ceux qui colportent de fausses informations sur une intervention israélienne dans le scrutin portent atteinte aux intérêts d’Israël », a-t-il accusé en visant notamment l’ancien Premier ministre centriste Ehud Olmert. M. Olmert, qui envisage un retour en politique pour les élections législatives du 22 janvier, a estimé qu’en prenant parti, M. Netanyahou a « violé les règles de base qui régissent les relations entre États », selon des propos tenus devant la communauté juive de New York rapporté par des médias israéliens. La dirigeante du Meretz, un parti d’opposition de gauche, Zehava Galon, a renchéri en fustigeant « l’intervention grossière de Benjamin Netanyahou dans les élections américaines », parlant d’un « pari irresponsable ». M. Netanyahou, cité par la radio, a dû s’expliquer : « Certaines voix parmi nous tentent de provoquer un conflit avec les États-Unis, mais elles n’y parviendront pas. Je continuerai à travailler étroitement avec le président Obama pour défendre les intérêts d’Israël », a-t-il assuré. MM. Netanyahou et Romney, des conservateurs libéraux, partagent des affinités idéologiques encore renforcées par l’appartenance du républicain à l’Église mormone, traditionnel soutien de la droite nationaliste israélienne. L’ambassadeur des États-Unis en Israël, Dan Shapiro, s’est efforcé d’apaiser la polémique en qualifiant de « ridicule » l’idée d’un « désir de vengeance » du président réélu. Les analystes israéliens s’interrogent néanmoins sur le « prix » que Barack Obama pourrait faire payer à M. Netanyahou à un peu plus de deux mois d’un scrutin crucial. »Netanyahou a parié et nous allons payer », résume le tabloïd Yédiot Aharonot. Même son de cloche à gauche, au Haaretz : « Obama a maintenant quatre ans pour régler ses comptes avec Netanyahou, pour le soutien ouvert à Mitt Romney, pour ses dépréciations (d’Obama) devant le Congrès, pour le gel des négociations avec les Palestiniens, pour la colonisation et pour avoir tenté de lui faire la leçon sur le dossier iranien ». Le premier test de l’humeur entre l’Américain et l’Israélien pourrait avoir lieu très prochainement, à l’occasion de la demande de rehaussement du statut de la Palestine au rang d’État non-membre à l’Onu. « Netanyahou espère que les Américains vont presser Mahmoud Abbas de renoncer à ce projet, mais le président américain demandera en échange que le premier ministre fasse preuve de souplesse envers les Palestiniens », a pronostiqué le commentateur politique de la radio publique. Le deuxième test devrait porter sur le programme nucléaire iranien controversé. Selon plusieurs commentateurs, Barack Obama pourrait tenter de négocier un accord avec Téhéran sans fixer de limite de temps tandis que M. Netanyahou ne cesse d’accuser l’Iran de procrastination. En septembre, M. Netanyahou a réclamé à hauts cris mais en vain à la Maison Blanche d’imposer à l’Iran « des lignes rouge clair » à ne pas dépasser dans son programme nucléaire, en menaçant de frapper préventivement les installations atomiques iraniennes. Mais il s’est heurté à une fin de non-recevoir – au propre comme au figuré – du président américain qui, comme le reste de la communauté internationale, privilégie à ce stade un durcissement des sanctions contre l’Iran.