Le retrait américain de l’UNESCO, le 12 octobre, suivi par celui d’Israël, n’est pas vraiment une surprise. Après l’admission de la Palestine au sein de l’agence onusienne, le 31 octobre 2011, Washington avait sévi en retirant sa contribution qui représentait 22% du budget de l’organisation.
Pourtant, l’entrée de la Palestine avait été votée par 107 membres sur 194, contre 14 votes opposés et 52 abstentions. La France, la Russie et la Chine avaient exprimé un vote favorable.
Les États-Unis justifiaient cette sanction par deux lois des années 1990 interdisant aux Américains de subventionner une agence de l’ONU qui aurait intégré la Palestine en tant que membre à part entière en dehors de tout accord de paix avec Israël. La décision de Washington avait été immédiatement suivie par Tel-Aviv. En outre, Les États-Unis avaient déjà quitté l’UNESCO entre 1984 et 2003.
Selon des documents publiés par WikiLeaks, en 2011, Benjamin Netanyahou, avant son élection au poste de Premier ministre israélien, avait pourtant assuré le gouvernement américain de sa volonté de paix avec la Palestine. La mission de l’UNESCO n’est-elle pas de « contribuer au maintien de la paix et de la sécurité en resserrant par l’éducation, la science et la culture la collaboration entre les nations » ? C’était là une occasion, pour Israël, de démontrer ses intentions pacifiques. Depuis, l’État sionniste n’a cessé d’appliquer une politique d’expansion coloniale et militaire, et on est toujours plus loin d’un rapprochement avec les Palestiniens, souhaité par la grande majorité de la communauté internationale.
La directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova, informée par le secrétaire d’État américain, Rex Tillerson, de la décision des États-Unis qui accusent l’organisation internationale d’être « constamment anti-israélienne », n’a pu que « regretter profondément » la décision américaine. « L’universalité est essentielle à la mission de l’UNESCO pour construire la paix et la sécurité internationales face à la haine et à la violence, par la défense des droits de l’homme et de la dignité humaine », a-t-elle précisé.
Le 7 juillet dernier, l’UNESCO s’était attiré les foudres américaines et israéliennes en inscrivant la ville historique d’Hébron, en Cisjordanie occupée, au patrimoine mondial de l’humanité. Washington qualifiait la décision d’ « affront historique », tandis que Tel-Aviv dénonçait une « souillure morale ». Hébron, plus grande ville de Cisjordanie, compte une population de 200 000 Palestiniens et quelque 600 colons israéliens retranchés dans une enclave protégée par 2000 soldats israéliens. Une colonisation illégale au regard du droit international, renforcée par la décision, début septembre, de donner le statut de « municipalité » ou « conseil communautaire » à la communauté israélienne d’Hébron qui pourra, désormais, bénéficier des mêmes avantages et services que les autres villes israéliennes.
Cette décision a provoqué la colère de la population palestinienne de la ville et de leurs organisations, d’autant que des clôtures ont été placées dans la ville, isolant des familles et des quartiers du reste de la communauté.
Le retrait américain de l’UNESCO a immédiatement été suivi de celui d’Israël. « Nous entrons dans une nouvelle ère aux Nations unies », a déclaré Danny Danon, ambassadeur d’Israël auprès des Nations unies, ajoutant que « quand on pratique la discrimination contre Israël, il faut en payer le prix ».
Il n’est pas certain que cette « nouvelle ère » soit favorable aux desseins américains et israéliens. En s’opposant systématiquement à la communauté internationale, en tenant des discours outranciers et en prenant des décisions unilatérales illégales au vu des règles adoptées par la majorité des États, Washington et Israël creusent un fossé que la violence ne saurait combler.