Au moment où la mal nommée Autorité palestinienne vit une crise politique sans précédent avec la démission, en quelques mois, de deux premiers ministres, le premier évincé par Mahmoud Abbas pour insubordination, le deuxième poussé à la porte car refusant de jouer les Godillot, voici qu’un événement inattendu ramène la joie dans les cœurs des Palestiniens : la victoire historique d’un jeune chanteur de Gaza, Mohammad Assaf, devenu l’idole de tout un peuple et de sa cause, dans le plus fameux concours de télé-crochet arabe, « Arab Idol ».
C’est la première fois qu’un Palestinien s’illustre aussi brillamment dans ce genre de manifestation artistique qui a suscité un engouement sans précédent dans les Territoires palestiniens. Oubliant la crise politique, l’avenir bouché, la gronde sociale, les Palestiniens ont célébré spontanément cette victoire dans la bande de Gaza et en Cisjordanie dès l’annonce des résultats de cette compétition panarabe à Beyrouth, où était produit le show.
À Jérusalem-Est, le secteur à majorité arabe de la Ville sainte, occupé et annexé, des heurts ont éclaté entre de jeunes Palestiniens et la police israélienne qui a procédé à des arrestations, coupant court à la fête, selon une journaliste de l’AFP et la police. À Gaza, d’où est originaire Mohammad Assaf, des dizaines de milliers de badauds se sont aussitôt déversés dans les rues et le long du front de mer. Dans la soirée, il ne restait plus de places réservées dans les hôtels, les restaurants et les cafés de la bande de Gaza pour suivre la retransmission en direct du dernier programme d’ « Arab Idol ». Des portraits géants du beau chanteur gazaoui étaient affichés sur les façades d’immeubles de Gaza et de Cisjordanie. Des festivités se déroulaient aussi à Ramallah où des foules s’étaient rassemblées près de la tombe du chef historique Yasser Arafat, et dans les grandes villes de Cisjordanie.
Doté d’une voix exceptionnelle, le jeune homme de 23 ans, né à Misrata (Libye) mais habitant à Khan Younès, était le favori des cœurs face à deux rivaux égyptien et syrien. Il avait encore enthousiasmé le jury et mis la larme à l’œil à ses innombrables fans palestiniens, lors de la finale à Beyrouth, en interprétant une célèbre chanson nationaliste « Ally el-Kofiya » (« Brandis le keffieh, le foulard traditionnel immortalisé par Yasser Arafat).
Avec l’AFP