Pour donner un aperçu des priorités stratégiques de la nation au-delà de ses frontières, la Russie a publié, vendredi, sa doctrine de politique étrangère actualisée, signée par le président Vladimir Poutine. Ce document, qui a d’importantes répercussions sur les relations de Moscou avec des acteurs clés du monde entier, sera sans aucun doute examiné de près dans les semaines à venir.
Poutine a expliqué que la nécessité de revoir le document était due à des « changements radicaux » dans le paysage international, notamment ce que Moscou a décrit comme une « guerre hybride » permanente menée par l’Occident contre la Russie en raison de ses actions en Ukraine.
Par RT
Une « menace majeure » pour la paix internationale
La doctrine de politique étrangère actualisée qualifie la « politique antirusse agressive » des États-Unis et de leurs alliés de risque majeur pour la sécurité de la Russie, ainsi que pour la paix internationale et le développement d’un avenir « juste et équilibré » pour l’humanité.
La Russie estime que Washington et ses alliés cherchent à stopper l’érosion d’un ordre mondial qui leur a permis de bénéficier d’une croissance économique avancée aux dépens des nations non occidentales en exploitant leurs ressources. L’Occident « refuse de reconnaître les réalités d’un monde multipolaire » et vise à éliminer la concurrence militaire et économique, ainsi qu’à réprimer les pays dissidents, affirme le document.
Les États-Unis en particulier considèrent la politique indépendante de la Russie comme une menace pour « l’hégémonie occidentale« , affirme la nouvelle politique, affirmant que l’Amérique et ses alliés ont lancé une « guerre hybride » contre Moscou visant à affaiblir la Russie « par tous les moyens possibles ».
Moscou appelle au renforcement de la coopération entre toutes les nations confrontées à la pression étrangère. Seuls les efforts conjoints de l’ensemble de la communauté internationale sur la base d’un équilibre des pouvoirs et des intérêts peuvent apporter des solutions aux « nombreux problèmes de notre époque ».
Relations avec l’Occident
Moscou ne traite pas les États-Unis et leurs alliés comme des adversaires, bien qu’elle reconnaisse la menace que représentent leurs politiques, affirme le nouveau concept. Il ajoute que « la Russie ne se considère pas comme un ennemi de l’Occident, ne s’isole pas de l’Occident et n’a pas d’intentions hostiles à son égard ».
Moscou espère que les nations occidentales se rendront compte que leurs politiques d’hostilité, de confrontation et d’ambitions hégémoniques n’ont pas d’avenir et qu’elles finiront par rétablir une « coopération pragmatique » avec la Russie sur la base du respect mutuel. La Russie « est prête à dialoguer et à coopérer sur une telle base« , indique le document politique actualisé.
L’égalité pour toutes les nations
Selon la nouvelle doctrine, la Russie cherche à construire un système de relations internationales fondé sur des garanties de sécurité fiables et sur l’égalité des chances pour toutes les nations, indépendamment de leur taille, de leur situation géographique ou de leur puissance militaire. Moscou insiste sur le fait que l’hégémonie dans les affaires internationales doit être rejetée et que toute ingérence dans les affaires intérieures des autres nations doit être évitée. Les États doivent également renoncer à toute ambition néocoloniale.
Moscou appelle à une « large coopération » pour neutraliser toute tentative de domination militaire mondiale de la part de nations ou de blocs militaires. Le document invite également toutes les nations à prendre des mesures pour éviter une guerre mondiale et les risques d’utilisation d’armes nucléaires – ainsi que d’autres armes de destruction massive – en renforçant la stabilité stratégique internationale, le contrôle des armements et les régimes de non-prolifération par le biais de traités internationaux.
Des alliés clés
Selon le nouveau document, Moscou estime qu’une coopération plus approfondie avec des « centres de pouvoir souverains » tels que la Chine et l’Inde sera d’une importance significative pour sa politique étrangère. En particulier, la Russie recherchera un « partenariat global et une coopération stratégique » dans tous les domaines avec Pékin et un « partenariat stratégique privilégié » avec New Delhi.
La coopération avec ces nations s’étendra aux « investissements et aux liens technologiques » ainsi qu’au commerce et à la sécurité, y compris le renforcement de la capacité de chacun à résister aux « actions destructrices d’États inamicaux« . Moscou s’efforce de transformer l’Eurasie en un continent de paix, de stabilité, de confiance et de prospérité.
Coopération mondiale et régionale
Moscou estime qu’elle peut trouver des amis et des partenaires fiables dans le monde entier, comme l’indique la doctrine actualisée. La Russie considère en particulier la civilisation islamique comme « amicale » et estime que le monde islamique a de « grandes perspectives » et peut devenir une puissance indépendante et influente dans un monde polycentrique. Elle cherche à développer la coopération avec tous les principaux acteurs régionaux, y compris l’Iran, la Turquie, l’Arabie saoudite, l’Égypte et d’autres.
La Russie est également solidaire de l’Afrique dans son désir d’occuper une place plus importante dans le monde et d’éliminer les inégalités causées par les « politiques néocoloniales de certains États développés« . Moscou est prête à soutenir la souveraineté et l’indépendance des nations africaines, notamment par le biais d’une assistance en matière de sécurité ainsi que par le commerce et les investissements, indique le nouveau document stratégique.
En Amérique latine, la Russie entend développer des relations « sur une base pragmatique, désidéologisée et mutuellement bénéfique » et renforcer les liens d’amitié existants avec des pays tels que le Brésil, Cuba et le Venezuela. Moscou est également ouverte à la coopération avec toute autre nation prête à se montrer constructive dans ses relations avec la Russie.
RT
Traduit de l’anglais par le Saker Francophone.