La Mauritanie sera-t-elle le premier pays arabe à autoriser l’ouverture d’une ambassade de la « RASD » ? Selon des médias locaux, le ministre des Affaires étrangères aurait fait part à son homologue algérien de la volonté de son président d’officialiser ses bonnes relations avec le Polisario.
Des médias mauritaniens annoncent que le président Mohamed Ould Abdel Aziz serait favorable à l’ouverture d’une « ambassade de la RASD » à Nouakchott. Son chef de la diplomatie, Isselkou Ould Ahmed Izid bih, alors en visite officielle à Alger en mai, aurait fait état de ce projet à ses interlocuteurs algériens.
Les services de la représentation algérienne en Mauritanie ont ensuite pris le relais pour souffler le « scoop » à certains supports de la presse locale, lui assurant ainsi une large diffusion dans le pays, ajoutent les mêmes sources. Jusqu’à présent le gouvernement mauritanien observe le silence sur cette question. Il n’a ni confirmé ni apporté un démenti à la publication de ces informations.
Des relations établies en attente de l’officialisation
L’annonce de ce projet ne constituerait guère une surprise, loin de là. Elle ne serait qu’une nouvelle expression des bonnes relations entre la Mauritanie et le Polisario qui se sont nettement renforcées sous Ould Abdel Aziz. En témoigne, le ballet incessant de membres de la direction du Polisario vers la Mauritanie où ils sont reçus avec les égards dus à des représentants d’Etats reconnus par les Nations Unies. Sur leurs agendas figurent toujours une audience au palais présidentiel et une couverture par les médias officiels de leurs déplacements à Nouakchott.
Le pouvoir mauritanien ne cache d’ailleurs pas sa proximité avec le mouvement séparatiste et il tient même à l’étaler sur la scène continentale. Il a par exemple décrété trois jours de deuil suite au décès de Mohamed Abdelaziz. Seule l’Algérie a fait mieux avec huit jours. Et lors des funérailles qui se sont déroulées dans la zone tampon de Bir Lahlou, un ministre mauritanien a même été dépêché pour l’occasion alors qu’aucun haut responsable algérien n’avait fait le déplacement. Cette présence dépasse la simple reconnaissance de la « RASD » et montre que les autorités mauritaniennes adhèrent entièrement aux thèses du Polisario sur les « territoires libérés ».
Pourtant, le 23 juin depuis Rabat, le ministre mauritanien des Affaires étrangères avait assuré que la position de son pays sur la question du Sahara « n’a pas changé ». Si les révélations sur le projet présidentiel d’installer une « ambassade de la RASD » à Nouakchott venaient à se confirmer, les relations maroco-mauritaniennes, déjà pas très bonnes, devraient rapidement se transformer en crise
ONU : Les nouveaux élus du Conseil de sécurité ne font pas les affaires du Maroc
L’élection de quatre nouveaux membres non-permanents au Conseil de sécurité ne devrait pas trop plaire au Maroc. Non seulement le royaume a vu le départ de son allié espagnol, mais il devra aussi composer avec l’élection de la Suède pour la zone Europe occidentale. En revanche pour l’Afrique, Rabat garde, au moins jusqu’au 31 décembre 2017, une avance sur le Polisario.
L’Assemblée générale des Nations Unies a élu quatre nouveaux membres non-permanents au Conseil de sécurité pour la période 2017-2019. Une cinquième place n’a pas encore attribuée. Elle est au cœur d’une bataille entre l’Italie et les Pays-Bas. La composition du nouveau tour de table de l’instance onusienne devrait donner du souci à la diplomatie marocaine, notamment avec l’arrivée de représentants de la zone d’Europe occidental peu enclins à appuyer la position du royaume sur le Sahara.
La Suède, qui était à deux doigts de reconnaitre l’autoproclamée « RASD » en octobre 2015, a remporté haut la main son siège. Elle remplace l’Espagne dont le mandat arrivera à terme le 31 décembre 2016. La coalition de gauche qui gouverne depuis octobre 2014 à Stockholm soutient toujours un élargissement des prérogatives de la Minurso à la surveillance des droits de l’Homme au Sahara occidental. Le deuxième ticket ouest-européen est au cœur d’une bataille entre Rome et La Haye. Mais vue de Rabat, aucun des deux prétendants ne fera l’affaire. Le Polisario possède en effet de solides relais au niveau des parlements néerlandais et italien.
Pour la zone Afrique, le Maroc garde son avance
Pour l’Afrique, l’Angola a cédé le témoin à un autre Etat qui reconnait la « RASD », à savoir l’Ethiopie. Les positions qu’adoptera Addis-Abeba sur la question du Sahara au Conseil de sécurité seront un véritable indicateur sur sa volonté d’ouverture sur le royaume. En mai 2015, elle avait envoyé à Rabat ses ministres des Affaires étrangères et des Finances pour y effectuer une visite de travail de deux jours. Il s’agissait d’une première dans les relations froides entre les deux pays.
Les deux autres sièges du continent sont détenus, jusqu’au 31 décembre 2017, par l’Egypte et le Sénégal ; deux alliés du royaume ayant fermement appuyé le Maroc, en mars et avril, en plein pic de la crise avec le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon.
Le Venezuela remplacé par la Bolivie
En Amérique Latine, le Polisario maintient son avance sur le Maroc. Le départ du Venezuela est compensé par l’arrivée de la Bolivie d’Evoa Morales. Celui-ci se revendique comme l’héritier de la pensée d’Hugo Chavez.
Le royaume devra composer avec cette réalité à moins que les fortes tensions sociales que connait actuellement ce petit Etat et les ambitions du président de tenter de nouveau un referendum pour rester le plus longtemps possible au pouvoir, après l’échec de sa première tentative en février 2016, ne finissent par emporter le régime de Morales.
En plus de la Bolivie, l’Uruguay, un autre pays qui reconnait la « RASD », continuera à sièger au Conseil de sécurité jusqu’au 31 décembre 2017.
Presse marocaine