Le 17 mai, l’ex militaire, née sous le nom de Bradley Manning, sort de la prison militaire Fort Leavenworth, au Kansas, après 7 années de détention. Elle avait fourni à Wikileaks des milliers de documents secrets de l’armée américain. Sa libération a été un des derniers gestes du président Obama : la remise de peine accordée, trois jours avant la fin de son mandat à la « lanceuse d’alertes », condamné en 2013, à 35 ans de détention pour avoir fourni des documents secrets à Wikileaks. A 29 ans, Chelsea Manning découvre le monde qu’elle a contribué à changer.

– La soldate Manning condamnée à 35 ans de prison pour avoir eu l’audace de dire la vérité sur les crimes de guerre américains en Irak. Elle sera grâciée par Obama.
Qui est Chelsea Manning, cette femme, qui a changé de sexe alors qu’elle était incarcérée, qui par son acte civique avait contribué à propulser WikiLeaks sur le devant de la scène et à ébranler le pouvoir américain, ouvrant la voie à une nouvelle génération de lanceurs d’alerte ?
Selon ses profs, il/elle était un étudiant hors du commun, brillante, cultivée, studieuse et passionnée de sciences et d’informatique. Encouragée par son père, elle décide d’entrer dans l’armée en 2007. En automne 2009, âgée de 21 ans elle rejoint les troupes basées en Irak. Un jour, convaincue que la police irakienne venait d’arrêter des innocents, Manning rapporte l’incident à son supérieur qui lui ordonne de se taire. Fin 2009 elle tombe sur une vidéo, comme elle en regarde des dizaines tous les jours. Ce sont les images filmées depuis un hélicoptère survolant à basse altitude une banlieue de Bagdad. Une poignée d’hommes sont regroupés devant une maison. « Allume-les, tire ! » Ils s’effondrent aussitôt. Une deuxième rafale cueille ceux qui leur viennent en aide. Manning découvre qu’il s’agit d’une frappe de 2007 dans laquelle au moins douze personnes ont été tuées, dont deux journalistes de Reuters. En janvier 2010, elle envisage de les donner au Washington Post ou au New York Times – qui refusent. Alors elle se tourne vers WikiLeaks qui publie la vidéo de la bavure. Elle leur livrera par la suite quelques 250 000 câbles diplomatiques américains et 480 000 rapports de l’armée des guerres en Afghanistan et en Irak. Ce sera la plus grande fuite de documents classifies de l’histoire américaine. Edward Snowden suivra son exemple. Pour Manning, on devrait tous se poser la question « Si tu voyais des choses horrible, que ferais-tu ? » Les documents qu’elle a dévoilés ont levé le brouillard sur les guerres en en révélant leur vraie nature. Selon Denver Nicks, auteur d’un livre sur Manning, elle a incarné « le début de l’âge d’information qui s’auto-explose : une nouvelle ère où les fuites deviennent des armes, la sécurité des données revêtant désormais d’une importance extraordinaire et la privacy illusoire ».

– Chelsea Manning après sa libération
Au malaise grandissant sur sa punition pour son action dans le conflit en Irak, s’est ajouté le trouble sur son identité de genre. En 2009 elle prend contact, en ligne, avec un psychologue civil aux Etats-Unis, qui dira plus tard: « Bradley se sent femme. Etre homosexuel dans l’armée est déjà une gageure à l’heure du don’t ask don’t tell, mais être transgenre est encore plus difficile. Son traitement dans les prisons militaires où elle a été incarcérée ont été décrit par son avocat comme des « conditions illégales et immorales ». Deux fois Manning a essayé de se suicider. Mais après d’énormes efforts pour recevoir le traitement médical pour changer de sexe, elle a réussi.