Au cours d’un concert à Barcelone, le 13 avril, Roger Waters, le leader du groupe Pink Floyd, a dénoncé les Casques Blancs syriens comme « une fausse organisation qui n’existe que pour fabriquer de la propagande pour les djihadistes et les terroristes ». Alertant sur le fait que leurs informations non vérifiées sur des attaques chimiques en territoire contrôlé par les rebelles visaient à provoquer une intervention militaire occidentale, Waters a averti ses fans que « si nous devions prêter l’oreille à la propagande des Casques Blancs et autres, nous encouragerions nos gouvernements à se mettre à larguer des bombes sur le peuple syrien. Ce serait une erreur monumentale pour nous en tant qu’êtres humains ».

Au cours d’un concert à Barcelone, le 13 avril, Roger Waters, le leader du groupe Pink Floyd, a dénoncé les Casques Blancs syriens comme « une fausse organisation qui n’existe que pour fabriquer de la propagande pour les djihadistes et les terroristes ».
En fait, Waters a expérimenté de première main la puissante machine de relations publiques derrière les Casques Blancs. En octobre 2016, une agence représentant les « secouristes », du nom de The Syria Campaign, a essayé de recruter Waters en l’invitant à un dîner luxueux organisé par le milliardaire anglo-saoudien Hani Farsi. La légende du rock et célèbre militant s’est entendu dire qu’en adhérant à la mission de l’organisation, il pouvait aider à « mieux faire entendre la voix des héros pacifistes en Syrie ».
Quelques jours avant le concert de Barcelone, Walters avait été, une nouvelle fois, sollicité, par un photojournaliste français farfelu, cette fois. Il demandait à monter sur la scène avec le chanteur pour délivrer un message « pour les enfants de Syrie ». Un assistant avait reçu un courriel du photojournaliste, Pascal Hanrion, qui s’était présenté comme « militant avec les Casques Blancs syriens pour dénoncer les crimes contre l’humanité en Syrie » et se disait membre d’un « réseau syrien très puissant ». Contrairement aux professionnels en relations publiques de The Syrian Campaign, Hanrion semblait être un militant indépendant. En juillet 2016, il avait participé à un marathon dans les Alpes suisses avec un casque blanc censé être un cadeau des secouristes de la ville de Jisr al-Shugour, dans la province d’Idlib contrôlée par al-Qaeda. Selon le journaliste Jenan Moussa, les maisons des habitants de Jisr al-Shugour ont été volées par des membres locaux d’al-Qaeda pour des djihadistes chinois ouïgours et leurs familles. Dans son courriel, Hanrion demandait, donc, de monter sur scène avec Waters pour envoyer un message « aux enfants de Syrie », leur rappelant « qu’ils ne sont pas oubliés ».
Waters n’a pas répondu à cette demande. Au lieu de laisser cet hurluberlu monter sur scène, il a délivré son propre message, incitant vivement ses fans « à détruire le mur des fictions pro-guerre brique par brique ». « Ce que nous devons faire, c’est persuader nos gouvernements de ne pas larguer de bombes sur les gens », a-t-il imploré la foule, provoquant un tonnerre d’applaudissements. « Et, en tout cas, pas tant que toute l’enquête nécessaire à une vision claire de ce qui s’est vraiment passé est en cours. Car nous vivons dans un monde où la propagande semble être plus forte que la réalité. »
Waters a transmis à Grayzone Project les courriels envoyés par des représentants et des militants des Casques Blancs. Les documents montrent comment l’agence de relations publiques à gros budget de l’organisation a ciblé des célébrités pour toucher les coeurs et les esprits d’un public occidental plus large. Contrairement à de nombreuses autres célébrités, Waters a pris le temps de faire des recherches sur les Casques Blancs et d’enquêter sur son programme ultérieur. « J’ai eu des doutes après avoir été invité à ce dîner, nous dit-il, et aujourd’hui, mes pires soupçons sont confirmés ».
L’invitation au dîner de novembre 2016 a été transmise à Waters par une représentante du Corniche Group, une holding internationale appartenant à la famille du milliardaire saoudien Hani Farsi basé à Londres. Farsi sollicitait la présence de Waters à un dîner de levée de fonds qu’il avait organisé au nom de The Syrian Campaign. The Syrian Campaign est une façade de relations publiques à gros budget, créée pour promouvoir les Casques Blancs comme un groupe de secouristes héroïques qui ont besoin de la protection des armées occidentales. Par une série de pétitions et de manifestations, The Syrian Campaign a fait pression, en vain, pour la création d’une zone d’exclusion aérienne en Syrie qui aurait vraisemblablement eu pour conséquence le même genre d’intervention militaire occidentale que celle qui a renversé le président libyen Mouammar Kadhafi et déstabilisé la Libye.
L’agence de RP a, également, eu recours à des acrobaties manipulatrices publiques comme une performance musicale éclair pro-Casques Blancs à la Grand Central Station, gare centrale de New York, où les participants étaient payés $600 chacun.
Le lien de Farsi avec The Syrian Campaign a été gardé secret jusqu’à aujourd’hui. Le magnat du pétrole anglo-syrien, Ayman Asfari, a été beaucoup plus bavard sur son rôle dans le groupe de RP, lui fournissant une mise de fonds pour promouvoir sa mission visant à stimuler le soutien américain et britannique au changement de régime en Syrie. Waters avait été informé que la femme d’Asfari, Sawsan, serait présente au dîner de levée de fonds pour les Casques Blancs (voir email ci-dessous).
Au cours des deux dernières années, The Syrian Campaign a assuré aux Casques Blancs le soutien d’acteurs comme George Clooney, Aziz Ansari, Ben Affleck et des pop stars comme Coldplay et Justin Timberlake. The Syrian Campaign a, également, orchestré la production du documentaire de Netflix, lauréat de l’Oscar sur les Casques Blancs en 2017. Dans le courriel envoyé à Waters, l’employé du Groupe Corniche a exhorté le chanteur à regarder ce film et lui a donné le lien de sa bande-annonce.
« Je vais encourager les célébrités qui ont soutenu les Casques Blancs à mettre fin à leur soutien, car nous savons qui ils sont », a déclaré Waters à Grayzone Project. « Je ne les blâme pas d’avoir accepté. En apparence, il était plausible que les Casques Blancs soient juste des gens biens faisant un bon travail. Mais aujourd’hui, nous savons qu’ils essayent de pousser l’Occident à larguer des bombes et des missiles illégalement en Syrie ».
Waters conclut que The Syrian Campaign – l’agence de Relations publiques derrière les Casques Blancs – n’est pas simplement la voix humanitaire qu’elle prétend être, mais une entreprise commerciale représentant des intérêts beaucoup plus prosaïques. À la tête de ses fondateurs, Asfari, décrit par le journal britannique The Independent, comme l’un des exilés syriens« super riches » assurés de contrôler la reconstruction du pays si Assad est éliminé, et, probablement, de ramasser au passage des contrats juteux.
Dans son invitation à Waters, The Syrian Campaign lui a transmis des liens d’articles qui ressemblaient à des communiqués de presse des Casques Blancs , l’un du Time Magazine, l’autre du Guardian, demandant au comité du Prix Nobel d’honorer l’organisation de sa plus haute distinction. Les deux articles provenaient visiblement de The Syrian Campaign.
La réalité des Casques Blancs est beaucoup plus perturbante que ce que les grosses légumes masquées de leurs relations publiques n’osent admettre. Non seulement, les Casques Blancs agissent exclusivement aux côtés de rebelles extrémistes islamistes, dont la branche locale d’al-Qaeda, Jabhat al-Nosra et ISIS, mais ses membres ont participé à plusieurs exécutions publiques filmées et aidé les extrémistes à se débarrasser des corps décapités de ceux qu’ils avaient tués.
Incapable d’ignorer les preuves des liens des Casques Blancs avec les rebelles djihadistes, The Syrian Campaign a publié un long rapport, l’année dernière, rejetant toutes les informations critiques envers l’organisation en les mettant sur le compte d’une vaste conspiration dirigée depuis le Kremlin. Dans son courriel à Waters, The Syrian Campaign s’attribue le méride d’avoir « aidé ces secouristes à obtenir plus de $15 millions de subvention gouvernementale et de les avoir rendus célèbre ».
En fait, depuis sa création en Turquie par un ancien agent des services secrets MI5, James Le Mesurier, le groupe a reçu au moins $55 millions des Affaires étrangères britanniques, $23 ou plus de l’United States Agency for International Development’s Office of Transition Initiatives – de facto le bras du changement de régime du Département d’État – et d’incalculables millions du royaume du Qatar qui a aussi soutenu un éventail de groupes extrémistes en Syrie, y compris al-Qaeda.
Les régimes qui les financent peuvent systématiquement compter sur les Casques Blancs comme première source d’information sur des présumées attaques chimiques, dont la plus récente à Douma. Lorsque le secrétaire à la Défense James Mattis a cité les « medias sociaux » à la place de preuves scientifiques d’attaque chimique à Douma, il se référait aux vidéos filmées par les Casques Blancs. De la même manière, lorsque la porte-paroles du Département d’État, Heather Nauert, a tenté d’expliquer pourquoi les États-Unis avaient bombardé la Syrie avant que les inspecteur de l’OIAC (Organisation pour l’interdiction des armes chimiques) ne présentent un rapport de terrain, elle a déclaré : « Nous avons nos propres renseignements ». N’ayant rien d’autre à offrir, elle faisait probablement référence aux informations des réseaux sociaux publiés par des membres des Casques Blancs.
Traduction Christine Abdelkrim-Delanne
Source https://grayzoneproject.com/2018/04/19/
(Intervention/concert Roger Waters sur https://www.youtube.com/watch?v=6FFReCibdMM
Texte du courriel adressé par les Casques Blancs à Roger Waters
From: Tanya Capper <Tanya@
Date: Monday, 17 October 2016 17:16
To: Victoria Gilbert <victoria@
Cc: Tanya Capper <Tanya@
Subject: Invitation from Hani Farsi – White Helmets Dinner 21st November
And final one! Many thanks, really appreciate your help with this. Have a good evening and speak again soon. All my best, Tanya
Dear Mr Waters
I am writing to invite you and a guest to join Hani at a fundraising dinner that he is hosting on Monday 21st November on behalf of The Syria Campaign. The dinner will take place at the Bulgari Hotel, 171 Knightsbridge, London, SW7 1DW from 7.30pm.
The Syria Campaign launched in 2014 with a mission to elevate the voices of Syria’s peaceful heroes and accelerate international efforts towards an end to the conflict. The Asfari Foundation provided the start-up funds for The Syria Campaign and we will be joined on the evening by Sawsan Asfari.
Since its launch, the organisation has been working with peaceful Syrian groups to build them an international profile. Most notably, their work with The White Helmets has helped these rescue workers attract more than $15 million in government funding and turned them into household names – narrowly missing out on the Nobel Peace Prize this year. I would encourage you to watch the incredibly powerful documentary ‘The White Helmets’, which can be viewed online on Netflix. A trailer for this is available here: (…)
You may also find the following articles from the Guardian and Time Magazine of interest (…)
You will also be joined at the dinner by James Sadri, the Director of The Syria Campaign, who will talk about how this important work has the power to unlock major institutional funds for peaceful Syrian groups and more importantly, how it helps to shift the conflict towards peace. I very much hope you are able to join him and would be grateful if you could RSVP to myself at…
Very best wishes and kindest regards
Tanya
Executive Assistant to Hani Farsi
Corniche Group
4 Devonshire St
London W1W 5DT