Depuis plusieurs années, les gouvernement français successifs se sont illustrés par l’outrance de leur politique vis-à-vis des militants qui s’opposent à la politique d’Israël en pratiquant et en préconisant le boycott. Quelques personnalités – comme l’ancien premier ministre “socialiste” Manuel Valls, ou Gilles Clavreul, ex-délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme (Dilcra) ou Emmanuel Macron lui-même – s’illustrent particulièrement par des raisonnements absurdes assimilant toute critique d’Israël à de l’antisémitisme, tandis que d’autres, comme les anciens Gardes des Sceaux (ministre de la Justice) Christiane Taubira et Jean-Jacques Urvoas se débattent comme ils peuvent avec leurs contradictions : en théorie pour la liberté de boycotter et d’inciter au boycott, ils se sont soigneusement abstenus de mettre leurs actes en concordance avec leurs opinions quand ils étaient en position de le faire.
Pendant que les politiques empêtrés dans les filets du CRIF se tortillent, la Justice continue allègrement à violer la CEDH (Convention Européenne de Sauvegarde des Droits de l’Homme), en attendant que la France soit – comme elle en a la détestable habitude – condamnée par la CEDH (Cour Européenne des Droits de l’Homme), qui ne manquera pas de sanctionner, après quelques années de procédure, les violations de la liberté d’expression dont elle aura à connaître.
Une preuve supplémentaire en est aujourd’hui apporté par la Justice française elle-même : pour la première fois elle exerce des poursuites pour un appel au boycott non pas de produits fabriqués en Israël ou dans les territoires palestiniens occupés, mais pour un appel lancé à la chanteuse Vanessa Paradis de ne pas se rendre en Israël pour s’y produire (un appel couronné de succès, puisque la chanteuse avait aussitôt annulé le concert en question). C’est donc de boycott culturel d’un État, en raison de sa politique, qu’il s’agit.
L’avocat de l’Union des Conseils des Communautés Juives d’Ile de France (UCCCJ) a déposé une plainte pénale entre les mains du doyen des juges d’instruction du Tribunal de grande instance de Versailles contre une manifestation devant une salle de concert où se produisait l’artiste, cette action constituant selon les plaignants une “action illégale d’appel au Boycott, délit prévu et réprimé par nos lois”.
Lors de cette manifestation, les militants de BDS portaient des pancartes sur lesquelles étaient écrits des slogans tels que : “Vanessa n’encourage pas les ghettos”; “Israël = Colonisation n’y vas pas !”; “Stop à la colonisation avec le terrorisme israélien”; “Vanessa Paradis Israël c’est l’enfer pour les Palestiniens”; “Vanessa tu vas chanter pour l’occupant”; “Je boycotte Israël Inculpez moi”; “Vanessa que vas-tu chanter aux enfants de Gaza ?”; “Israël = Massacres de Gaza n’y va pas”… (cités par le site sioniste Europe-Israël, qui se réjouit des poursuites).
Chacun peut le constater, ces slogans ont tous une tonalité assez différente de ceux qu’on peut apercevoir dans les rues de Tel Aviv ou de Jérusalem depuis quelques temps, tantôt contre les Palestiniens, tantôt contre les réfugiés africains (photo à droite).
La “directrice de publication” du site web CAPJPO-Europalestine, est convoquée le lundi 19 mars prochain devant le Tribunal de Grande Instance de Versailles.
Ce procès se différenciera des précédents du même genre par le fait qu’on ne parle plus du boycott de produits.
Les condamnations de militants BDS déjà intervenues 1 dans le passé en France l’ont été sur base de l’article 24, alinéa 8, de la Loi française du 29 juillet 1881 sur la presse qui réprime d’un an d’emprisonnement et de 45.000 € d’amende quiconque a « provoqué à la discrimination, à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée ». Pour les juges, était constituée l’infraction de provocation (par tous moyens, écrits, slogans, port de vêtements etc.) à la discrimination envers « les producteurs de biens installés en Israël» (lesdits producteurs étant ainsi assimilés à un « groupe de personnes »), en raison de leur appartenance à la “nation israélienne”.
Dans le cas présent, on peut certes discuter de la question de savoir si la chanteuse Vanessa Paradis est ou non “un produit”, que personne d’ailleurs ne demandait de boycotter, mais en tous cas elle n’est pas que l’on sache “made in Israël”. Quel raisonnement tordu va-t-on bien pouvoir adopter ?
L.D.
Notes
1- Il y a eu aussi des victoires, il faut le rappeler. Voir notamment ICI
Pour la Palestine