Les États-Unis minimisent les progrès des chasseurs chinois, mais l’équilibre de la puissance aérienne dans le Pacifique pourrait avoir déjà basculé en faveur de la Chine.
Par Gabriel HONRADA
La Chine affirme faire des progrès constants sur son avion de combat de 6e génération, ce qui pourrait faire pencher la balance des forces aériennes du Pacifique en sa faveur face aux États-Unis si elle ne parvient pas à suivre le rythme de son programme rival.
Bien qu’il n’existe pas de définition universelle de ce qui constitue un chasseur de 6ème génération, ce type d’appareil sera probablement doté de technologies avancées et émergentes telles que la conception modulaire, l’apprentissage automatique, l’intelligence artificielle, la réalité virtuelle et augmentée, les essaims de drones et les capacités de pilotage optionnelles.
Un article paru en septembre dans le magazine Air and Space Forces mentionne (https://www.thedrive.com/the-war-zone/china-is-working-on-its-own-sixth-generation-fighter-program-official) que la Chine travaille d’arrache-pied au développement de son chasseur de 6ème génération, en réponse au programme américain Next Generation Air Dominance (NGAD), hautement classifié, les efforts chinois reflétant la même approche « systèmes de systèmes » de l’US Air Force, selon le général Mark Kelly, chef de l’Air Combat Command (ACC) de l’armée.
Lors de la conférence annuelle de l’US Air Force sur l’air, l’espace et le cyberespace en septembre dernier, le général Kelly a fait remarquer que la Chine considère que la domination aérienne de 6ème génération se caractérise par une augmentation exponentielle de la réduction de la signature, une accélération exponentielle de la puissance de traitement et des capacités de détection, la capacité d’itérer les améliorations en utilisant des systèmes de mission ouverts et de reprogrammer à la vitesse de la pertinence.
- Kelly a affirmé que l’avance des États-Unis dans le développement des chasseurs de 6ème génération est très étroite, déclarant que les États-Unis pourraient obtenir la domination aérienne de 6e génération un mois seulement avant leurs concurrents, soulignant que la Chine se concentre sur l’obtention de ces mêmes capacités. Il a également noté l’approche incrémentale de la Chine dans son programme de chasseurs, en la contrastant avec le système de saut utilisé par les États-Unis.
Dans un article publié en septembre dans The Warzone (https://www.thedrive.com/the-war-zone/china-is-working-on-its-own-sixth-generation-fighter-program-official), Thomas Newdick a noté que la Chine avait déjà acquis des chasseurs lourds Su-27 auprès de la Russie et qu’elle s’en était servie pour fabriquer ses copies améliorées. Il mentionne que l’acquisition initiale par la Chine du Su-27 auprès de la Russie lui a permis de fabriquer des copies améliorées du J-15 et du J-16.
En outre, l’achat par la Chine du Su-35 lui a permis de se familiariser avec les technologies de 5ème génération telles que les moteurs à vecteur de poussée, les systèmes de guerre électronique et les armes.
Il est donc plausible que la Chine utilise son propre chasseur de 5ème génération J-20 comme base technologique pour son chasseur de 6ème génération. En outre, Asia Times a précédemment rapporté (https://asiatimes.com/2022/04/chinas-j-20-fighters-begin-south-china-sea-patrols/) que le J-20 pourrait, à l’avenir, être mis à niveau avec des technologies trouvées dans les chasseurs de 6ème génération, telles que les armes à énergie dirigée ou la capacité d’être habité en option.
Toutefois, les efforts de la Chine dans ce sens pourraient être paralysés par ses handicaps dans la fabrication de moteurs à réaction, les modèles chinois souffrant apparemment d’une courte durée de vie et d’une faible puissance de sortie. En conséquence, la Chine s’appuie actuellement sur des moteurs russes pour ses chasseurs J-20, une technologie vulnérable et une chaîne d’approvisionnement déficiente pour l’un de ses avions militaires les plus avancés.
Cependant, la Chine pourrait être sur le point de résoudre ses problèmes de réacteurs. En mars 2022, le South China Morning Post (https://www.scmp.com/news/china/military/article/3170433/chinas-advanced-j-20-stealth-fighters-are-getting-engine) a rapporté que le J-20 chinois avait été testé avec le nouveau turbofan WS-15 à postcombustion, ce qui a permis d’augmenter sa maniabilité et sa capacité de combat.
L’article indiquait également que la Chine remplacerait tous les moteurs russes AL-31F équipant les J-20 par des moteurs WS-15 nationaux, ce qui pourrait signifier que la Chine a de plus en plus confiance dans la métallurgie et les méthodes de fabrication de ses moteurs à réaction.
Kelly note que cette approche progressive pourrait permettre à la Chine de passer plus facilement de la 5ème à la 6ème génération de chasseurs. En revanche, les programmes de chasseurs de 6ème génération des États-Unis et du Royaume-Uni visent à devancer les chasseurs de 5ème génération de la Chine et de la Russie.
Dans un article paru en juillet 2022 dans le magazine 1945, (https://www.19fortyfive.com/2022/07/do-we-really-need-6th-generation-stealth-fighters/) le maréchal en chef de l’air britannique Michael Wigston indique que son pays adopte une approche révolutionnaire en envisageant une combinaison de drones en essaim, d’aéronefs sans pilote et d’une plate-forme pilotée de nouvelle génération. Il souligne que le programme britannique de chasseurs de 6ème génération met l’accent sur les armes, la connectivité de l’espace de combat et la manière dont les informations circulent sur le réseau.
Mais dans le même article, Brent Eastwood adopte un point de vue sceptique sur les chasseurs de 6ème génération, se demandant s’ils sont même nécessaires pour la guerre moderne. Il note que le F-35 est déjà un programme international et que ses capacités pourraient rendre inutile le recours à un chasseur de 6e génération.
Il cite le cas d’Israël, soulignant que ses F-35 lui confèrent une domination aérienne sur le Moyen-Orient, y compris contre des adversaires potentiels comme la Turquie et l’Arabie saoudite, qui utilisent des chasseurs occidentaux tels que l’Eurofighter Typhoon, le F-15 et le F-16.
Toutefois, les capacités de ces chasseurs occidentaux de 4ème génération sont connues lors de tests contre le F-35, contrairement à celles de la Chine, dont les capacités des chasseurs restent largement inconnues, à l’exception de ses modèles d’exportation bas de gamme, qui représentent la crème de sa récolte.
- Eastwood mentionne également que, malgré la pléthore de concepts de chasseurs de 6ème génération, ces appareils n’offrent que des améliorations marginales par rapport aux chasseurs de 5ème génération, malgré leur prix élevé.
Il note également que les chasseurs américains de 5ème génération, tels que le F-35, sont peut-être déjà suffisants pour atteindre la supériorité aérienne, et qu’il serait plus sage d’acheter davantage de modèles de ce type au lieu de développer un tout nouveau chasseur de 6ème génération.
Les États-Unis restent donc confiants dans leur position de leader en matière de technologie des avions de combat. Dans un article paru en septembre dans The Warzone (https://www.thedrive.com/the-war-zone/air-force-generals-arent-losing-sleep-over-chinas-j-20-stealth-fighter), le général Kenneth Wilsbach, chef des forces du Pacifique de l’US Air Force, a déclaré que la flotte croissante de chasseurs J-20 de la Chine n’était « pas une raison pour perdre le sommeil ». Il a également indiqué que les États-Unis observent de près la manière dont la Chine utilise ses chasseurs J-20.
De même, le général Charles Brown, chef d’état-major de l’armée de l’air américaine, a minimisé l’importance du J-20 chinois. Il a déclaré que les États-Unis avaient eu l’occasion d’observer ce type d’appareil lors de rencontres rapprochées avec des F-35 en mer de Chine orientale, et a souligné l’impressionnant système de commande et de contrôle associé au J-20.
Toutefois, il a souligné que si les États-Unis ont beaucoup appris de ces rencontres, les capacités du J-20 n’étaient « pas de nature à l’inquiéter outre mesure ».
Bien que M. Brown et M. Kenneth aient minimisé l’importance du J-20, l’article note que les améliorations de la Chine en matière de missiles air-air ont été une source d’inquiétude pour les États-Unis, ce qui les a incités à développer leur missile tactique avancé AIM-260 (JATM).
En outre, M. Brown a souligné que si les États-Unis continuent à travailler sur leur programme NGAD, ils seront en mesure de maintenir leur avantage en matière de puissance aérienne sur la Chine.
Toutefois, même si les États-Unis parviennent à mettre en service leur chasseur NGAD, l’équilibre de la puissance aérienne dans le Pacifique pourrait avoir déjà basculé en faveur de la Chine.
Asia Times (https://asiatimes.com/2022/09/china-may-now-have-air-superiority-over-us-in-pacific/) a précédemment rapporté que les forces de combat américaines dans la région sont confrontées à un nombre insuffisant d’appareils, à des cellules vieillissantes et à des pilotes insuffisamment formés, estimant qu’une telle force est inadéquate pour maintenir une dissuasion conventionnelle contre la Chine.
Même si les États-Unis choisissent d’augmenter la production de chasseurs, d’accélérer le développement de cellules de nouvelle génération et d’accélérer la formation des pilotes, ils risquent de confondre quantité et capacité.
Les responsables américains qui minimisent les programmes chinois de 5e et 6e génération en plaçant leurs espoirs dans le projet NGAD, qui est toujours en cours de réalisation, laissent entendre qu’ils nient l’existence d’un déficit en matière de chasseurs, la Chine ayant déjà potentiellement éclipsé la puissance aérienne américaine dans le Pacifique.
Par GABRIEL HONRADA
Asia Times
https://asiatimes.com/2022/10/china-racing-for-6th-gen-fighter-edge-over-us/
