Clôture du 14e congrès du Front Polisario : Le congrès a été marqué, entre autres, par la mise en garde pressante formulée par de hauts responsables sahraouis quant à l’éventuelle reprise des hostilités armées. À commencer par Mohamed Abdelaziz, pour lequel cette option n’est pas un simple slogan, mais un choix.
Le 14e congrès du Front Polisario, tenu à Dakhla, s’achève comme il a commencé : avec une série de victoires diplomatiques. Ce rendez-vous a aussi confirmé la forte adhésion internationale à une cause sahraouie légale, comme en témoignent les plaidoyers de représentants d’associations de défense des droits de l’homme, mettant dos au mur, l’occupant marocain. À l’issue d’une semaine de débats intenses, les congressistes, conscients de la sensibilité de la conjoncture actuelle, ont réélu, à l’écrasante majorité, Mohamed Abdelaziz à la tête du Front Polisario.
Cette confiance, que les siens lui accordent depuis quarante ans, à la suite de la mort d’El-Ouali Moustapha Sayed, témoigne de la détermination du peuple sahraoui à poursuivre son combat jusqu’à à l’obtention de son autodétermination, un droit que lui confère le droit international. Et témoigne l’estime que portent les Sahraouis pour M. Abdelaziz, également président de la Rasd depuis 1982. La clôture dudit congrès a été également marquée par l’élection des membres du Secrétariat national du Front Polisario. Seulement deux candidats ont obtenu deux tiers des voix exprimées, lors du premier tour. Il s’agit de Hama Salama et de M’hamed Khaded, respectivement 1.225 et 1.135 de 1.969 voix. Les 27 membres restants seront élus dans le deuxième tour parmi les 81 candidats, selon la classification des voix.
Les dossiers sensibles inscrits à la veille de la visite de Ban Ki-moon
L’autre enseignementà tirer de ce congrès est la mise en garde pressante formulée par de hauts responsables sahraouis quant à l’éventuelle reprise des hostilités armées. À commencer par Mohamed Abdelaziz, pour lequel cette option n’est pas un simple slogan, mais un choix. Lui emboîtant le pas, le ministre sahraoui des Affaires étrangères, Ould Salek, dit que «l’entêtement et l’intransigeance marocains, ses violations itératives des principes fondamentaux du droit international, conjugués aux tergiversations onusiennes, ne feront qu’avancer cette possibilité».
Si le 14e congrès du Front Polisario a été précédé par des victoires diplomatiques et juridiques des plus importantes, dont la récente annulation, par la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), de l’accord agricole entre l’UE et Rabat, il se tient à la veille de la visite du Secrétaire général de l’ONU dans la région. Du simple citoyen aux hauts responsables, les Sahraouis attendent que Ban-Ki-moon, en fin de mandat, puisse impulser une nouvelle dynamique au dossier sahraoui et, par conséquent, apporter des solutions «concrètes» permettant au peuple sahraoui d’accéder à la solution «définitive», celle de l’indépendance, qu’il réclame depuis l’annexion par le Maroc des territoires sahraouis. Ainsi, la nouvelle direction politique du Front Polisario est appelée, à la faveur du nouveau programme d’action national, à œuvrer au renforcement des capacités de l’Armée de libération du peuple sahraoui, à consolider la sécurité dans les territoires libérés pour parer aux tentatives d’incursions terroristes et lutter contre les fléaux menaçant la région, dont la drogue par laquelle le Maroc inonde déjà cette région du continent.
La décision de retrait du groupe Total est une gifle pour le Maroc
Cette visite, prévueau mois de janvier prochain, comme l’ont confirmé des ministres sahraouis, constitue aussi un élément de pression ferme et effective sur le royaume, pour l’amener à coopérer avec les Nations unies concernant la cause sahraouie. En effet, il est plus temps que jamais d’inscrire la lutte de ce peuple comme question prioritaire sur l’agenda onusien. Le SG de l’Onu est attendu sur plusieurs fronts : expliquer, d’abord, le refus du Maroc de coopérer avec l’institution qu’il dirige.
Il sera également question de la mission de la Minurso, non encore élargie au respect des droits de l’homme dans les territoires sahraouis, de la situation des prisonniers politiques et de la résolution de la question des fosses communes que des médecins spécialistes espagnols ne cessent de découvrir.
Par ailleurs, il y a lieu de préciser qu’un autre dossier, et non des moindres, vient s’ajouter à une série de mesures qui feront conforter la justesse de la cause sahraouie et feront essuyer un échec cuisant aux autorités marocaines. Le géant pétrolier français Total a décidé de cesser ses recherches du pétrole au large du Sahara occidental occupé, sur le bloc d’Anzarane. À ce sujet, le ministre sahraoui délégué pour l’Union européenne, Mohamed Sidati, a indiqué qu’«un certain nombre de multinationales, entraînées par le Maroc dans des opérations de pillage et de brigandage des richesses naturelles sahraouies, commencent à reconsidérer leur politique s’agissant du Sahara occidental occupé».
Il ajoute que «c’est un acquis et une victoire du peuple sahraoui dans son combat pour la liberté et les droits légitimes, et un début de retour du bâton sur le Maroc et à un échec cuisant de sa politique de pillage des richesses du Sahara occidental». Il y a lieu de signaler que quarante ans après la proclamation de la République arabe sahraouie et démocratique (RASD), et quarante-deux ans après la création du Front de libération de la Seguia El-Hamra et Rio de Oro (Front Polisario), ce congrès, qui est la plus haute instance de l’édifice institutionnel et politique sahraoui, vient de consacrer l’image d’un Front qui consolide ses fondements démocratiques et qui rénove ses modes de fonctionnement.
La reconduction de M. Abdelaziz à la tête du Front conforte, aussi, le leadership du Polisario sur l’ensemble des instances de la République sahraouie proclamée en exil, comme elle exprime, selon de nombreux observateurs présents à ce conclave, l’attachement des Sahraouis à un règlement pacifique de ce conflit, à travers l’application de leur droit à l’autodétermination sous les auspices des Nations unies.
F. I.
El Moudjahid
Envoyés spéciaux à Dakhla : Fouad Irnatene et Nesrine Terrab