Face aux atermoiements des capitales occidentales, Vladimir Poutine a affiché sa vision de la solution à la grise syrienne: arrêt des combats et stabilisation sécuritaire d’abord, changement progressif du régime ensuite. On voit bien que les priorités sont inversées entre les acteurs internationaux, ce qui laisse penser que la solution politique n’est pas pour demain.
La tenue de la Conférence internationale de Genève 2 sur la Syrie en juillet est plus incertaine que jamais à cause du refus des pays occidentaux et de l’opposition syrienne de s’asseoir à la table des négociations après les victoires de l’armée syrienne dans plusieurs régions. D’autant que l’armée a commencé une vaste offensive appelée la «Tempête du Nord» pour reprendre le contrôle de la ville d’Alep et de sa province. Selon certaines informations, 70000 soldats et autant de troupes paramilitaires de l’Armée de Défense nationale et des comités populaires, appuyés par des centaines de blindés et de pièces d’artillerie et des dizaines d’avions et d’hélicoptères, ont été mobilisés pour cette offensive. Face à eux, les rebelles se présentent en ordre dispersés et ne jouissent plus d’un soutien populaire déterminant, à cause des nombreuses exactions qu’ils commettent.
Ces questions ont été examinées lundi à Paris lors d’une réunion entre le ministre Français des Affaires étrangères, Laurent Fabius et son homologue saoudien, le prince Saoud al-Fayçal, accompagné du chef des services de renseignements saoudiens, le prince Bandar Ben Sultan. Des contacts américano-britanniques au plus haut niveau ont également lieu avec le même agenda: quels sont les moyens susceptibles d’aider les rebelles à améliorer leur situation sur le terrain afin que Genève 2 ne se tienne pas dans un climat favorable au régime syrien et à ses alliés régionaux et internationaux?
Laurent Fabius a déclaré, mardi, qu’un rééquilibrage en faveur des rebelles est nécessaire avant que les troupes de Bachar el-Assad atteignent la ville d’Alep. «Il faut qu’il y ait un rééquilibrage parce qu’au cours des derniers jours, des dernières semaines, les troupes de Bachar (el-Assad) et surtout le Hezbollah et les Iraniens, avec les armes russes, ont repris un terrain considérable, et il faut qu’on puisse arrêter cette progression avant Alep», a déclaré Fabius sur France 2. «Si on n’a pas de rééquilibrage sur le terrain, il n’y aura pas de conférence de la paix à Genève, l’opposition n’acceptera pas d’y venir», a-t-il ajouté. «Pour que les soldats de la résistance puissent se défendre, il faut qu’ils disposent d’armes, il ne s’agit pas d’armer pour armer, mais il faut qu’il y ait un rééquilibrage.»
La question de l’armement des rebelles est également envisagée par les Américains. Mais de l’avis de nombreux experts, les milliers de tonnes d’armes livrés aux insurgés ces 12 derniers mois ne leur ont pas permis de renverser le régime. Une quantité supplémentaire, voire supérieure, n’aura pas plus d’effet. Tout au plus de telles livraisons prolongeront la durée de la guerre et feront des milliers de nouvelles victimes, uniquement pour permettre aux Occidentaux de s’asseoir face aux Russes et au régime syrien dans une situation un peu moins défavorable. Face aux atermoiements des capitales occidentales, Vladimir Poutine a affiché sa vision de la solution à la grise syrienne: arrêt des combats et stabilisation sécuritaire d’abord, changement progressif du régime ensuite. On voit bien que les priorités sont inversées entre les acteurs internationaux, ce qui laisse penser que la solution politique n’est pas pour demain.
Source : Médiarama
12 juin 2013