Le bourreau qui revendique l’exécution de Steven Sotloff est le même que celui qui a tué James Foley, selon le « New York Times ».
Ils semblent avoir mis leur menace à exécution. Les jihadistes de l’Etat islamique (EI) ont revendiqué, dans une vidéo mise en ligne mardi 2 septembre, la décapitation de l’otage américain Steven Sotloff, enlevé en Syrie en août 2013, rapporte le site internet de veille des sites islamistes Site. Pour le moment, les Etats-Unis ne confirment pas l’authenticité de ces images.
Après avoir exécuté un premier otage, le journaliste James Foley, le 19 août, l’Etat islamique avait menacé, dans la même vidéo, de s’en prendre à ce reporter du magazine Time si les Etats-Unis poursuivaient leur campagne de bombardement contre les jihadistes en Irak. Le groupe n’avait pas hésité à exhiber Sotloff devant la caméra à la fin de l’exécution de son confrère. Sa mère avait par la suite supplié l’EI d’épargner « un journaliste innocent ».
Un otage britannique menacé à son tour
Dans cette nouvelle vidéo, intitulée « deuxième message à l’Amérique », on peut voir Steven Sotloff, âgé de 31 ans, à genoux, vêtu d’une blouse orange,à côté d’un homme masqué armé d’un couteau. L’otage s’adresse directement à Barack Obama , expliquant au président américain qu' »il paie le prix » de sa décision de frapper l’EI.
Selon le New York Times, le bourreau est le même que celui de James Foley. « Je suis de retour Obama, à cause de votre arrogante politique étrangère contre l’Etat islamique ! explique l’homme masqué. Tant que vos missiles continueront à frapper notre peuple, nos couteaux continueront de frapper les cous des vôtres. » Usant du même procédé, l’Etat islamique a cette fois menacé de s’en prendre au Britannique David Haines si les gouvernements occidentaux continuaient à soutenir les forces irakiennes et kurdes qui combattent l’EI en Irak.
Le Premier ministre britannique, David Cameron, juge « absolument écœurante et ignoble » cette nouvelle vidéo. A Washington (Etats-Unis), la porte-parole du département d’Etat a déclaré que si ce meurtre est avéré, les Etats-Unis en seraient « écœurés ».
Qui est Steven Sotloff
Steven Sotloff, le second journaliste américain après James Foley qui aurait été exécuté par les djihadistes de l’Etat islamique (EI) selon une vidéo non encore authentifiée diffusée mardi, couvrait depuis plusieurs années le monde musulman avec prudence et respect.
« Obama, la vie de cet Américain dépend de votre prochaine décision », avaient auparavant prévenu les combattants de l’EI à l’adresse du président.
Fin août, sa mère désespérée avait supplié le chef des insurgés, Abou Bakr al-Baghdadi, d’épargner son fils : « Vous, le calife, pouvez accorder l’amnistie. Je vous demande, s’il vous plaît, de libérer mon enfant », avait-t-elle imploré dans une vidéo, affirmant que son garçon de 31 ans était « un journaliste innocent », qui s’était rendu au Proche-Orient « pour couvrir les souffrances des musulmans aux mains de tyrans ».
Capturé en août 2013
Porté disparu depuis 13 mois, Steven Sotloff aurait été kidnappé le 4 août 2013 à Alep, en Syrie, près de la frontière avec la Turquie, mais son enlèvement avait été tenu secret.
Ce natif de Miami (Floride, sud-est), diplômé en journalisme de l’Université de Central Florida, a travaillé à la pige pour le magazine « Time », l’hebdomadaire américain « Christian Science Monitor », la publication « Foreign Policy » et plus récemment pour le journal « World Affairs ».
Il avait vécu au Yémen pendant des années, parlait bien l’arabe, aimait profondément le monde musulman […] », avait tweeté Anne Marloe, une amie du journaliste qui l’avait rencontré lors du conflit libyen.
« Il m’avait frappé par son côté réfléchi et mature, absolument pas une tête brûlée », avait-elle aussi confié au Miami Herald, en ajoutant que le reporter était très « respectueux de la culture musulmane ».
Sur Instagram ou Facebook, le journaliste publiait des images poignantes de civils prisonniers de conflits qui les dépassent, comme des enfants d’un camp syrien de réfugiés.
Sur Twitter, il évoquait le conflit en Syrie, après le Printemps arabe en Egypte, le régime libyen, mais s’épanchait aussi sur son équipe favorite de basket, Miami Heat.
« Est-ce que c’est mal de vouloir se concentrer sur la Syrie mais de ne penser qu’à la reprise des finales de Heat ? », demandait-il dans un de ses derniers tweets.