La lutte du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) contre l’État islamique (EI) présent en Irak et en Syrie a redoré l’image du groupe considéré comme organisation terroriste par les États-Unis, l’Union européenne et la Turquie, auprès de think-tanks, médias et politiciens américains et européens.
Des médias et think-tanks américains ainsi que des responsables politiques européens pensent actuellement à la possibilité de supprimer le PKK de la liste des organisations terroristes, encouragés par les négociations du gouvernement turc avec le groupe et son leader emprisonné, Abdullah Öcalan, et le nouveau rôle du PKK en tant que combattant contre l’État islamique (EI). Le PKK est actuellement en première ligne pour aider à vaincre l’EI. Il est devenu clair que pour l’Occident, le PKK est apparu comme un partenaire évident dans l’élimination de la menace que représente l’EI.
Une requalification d’« organisation de la société civile »
Et maintenant qu’après plus de 30 ans d’affrontements, la tension avec le gouvernement turc a diminué, le PKK encourage l’Occident à requalifier le groupe d’organisation de la société civile plutôt que d’organisation terroriste. Cela a provoqué des inquiétudes en Turquie concernant les projets futurs du PKK dans le sud-est du pays, comme l’obtention de l’autonomie ou même plus en termes de statut. Les messages du PKK aux États-Unis et à l’Europe, où le groupe déclare être prêt à lutter contre l’EI avec les puissances occidentales, semblent avoir été accueillis et les représentants politiques et médias occidentaux envisagent à présent de supprimer le PKK de la liste des groupes terroristes. Des médias et think-tanks ont recommandé au gouvernement américain d’enlever le PKK de la liste des groupes terroristes, vu qu’il contribue à lutter contre l’EI. Le Center for American Progress a récemment déclaré que le PKK était un acteur d’importance dans la lutte contre la menace de l’EI. Mehmet Akif Okur, expert du Moyen-Orient à l’Institut stratégique d’Ankara, est opposé à cette décision, pensant que la suppression du PKK de la liste pourrait renforcer le groupe. « Sans laisser les armes, le PKK prend sa place à la table des négociations, augmentant ainsi sa confiance et son pouvoir de négociation contre l’État turc », affirme-t-il. Des médias américains et européens recommandent également la suppression du PKK de la liste des organisations terroristes. Un article du Washington Post publié début août notait ainsi que le « groupe désigné comme terroriste par les États-Unis [sauvait] des Yazidis », se référant à la collaboration entre les États-Unis et le PKK contre l’EI.
Le PKK, un « allié de l’Occident »
De même, certains médias et politiques européens, en particulier au Danemark, sont à l’œuvre pour supprimer le PKK de la liste des organisations terroristes sous prétexte que cette décision contribuerait à l’évolution du processus de paix entre la Turquie et le PKK. D’après des rapports de médias européens, Ogmundur Jonasson, membre du Conseil de l’Europe, est une figure phare de cette tendance. Il a commencé en signant une pétition appelant la Turquie à libérer Öcalan. Un député hollandais, Harry van Bommel, soutient également la requalification du PKK comme « allié de l’Occident » en le retirant de la liste des organisations terroristes. Nihat Ali Özcan, analyste en matière de sécurité à l’Economic Policy Research Foundation of Turkey, a déclaré que les pourparlers avec le PKK en Turquie et le fait que le PKK prenne position avec l’Occident pour éliminer la menace de l’EI ont suffi pour franchir l’étape de la suppression du PKK de la liste.
Source : https://www.zamanfrance.fr/article/letat-islamique-redore-blason-pkk-11746.html