Le 1er octobre, l’État équatorien a officiellement présenté ses excuses auprès de 1200 Kichwa de la communauté de Sarayaku, la plus grande communauté indigène d’Équateur, pour avoir, en 1996, autorisé l’exploration pétrolière sur des terres leur appartenant sans les consulter.
La cérémonie s’est déroulée en présence de milliers d’Indiens d’Amazonie équatorienne qui ont fait de Sarayaku un symbole de la lutte contre l’exploitation pétrolière sauvage et pour la défense de leurs territoires ancestraux et des représentants de l’État, en l’occurrence le Procureur de la République et les ministres de l’Environnement, de la Justice et de la Défense.
Cet événement, une première, fait suite au jugement par la Cour interaméricaine des Droits de l’Homme (IACHR) de juin 2012 qui imposait à l’État équatorien de reconnaître sa responsabilité et de payer des indemnités ($1 million) pour les dommages provoqués par la General Oil Company. La IACHR demandait également au gouvernement d’accélérer l’enlèvement d’1,4 tonne d’explosifs puissants que la compagnie pétrolière a laissé un peu partout. « Ce jugement donne à l’Équateur l’opportunité de montrer l’exemple à toute la région pour éviter d’autres violations des droits humains comme celles qu’a connues le peuple de Sarakayu », déclarait alors Guadalup Marengo, directrice d’Amnesty International du programme Americas qui a soutenu fortement Sarakayu durant ces vingt années de lutte, et demande une législation conforme aux règles internationales.
Après avoir été autorisée abusivement par le gouvernement équatorien d’explorer le pétrole sur les plus d’un million d’hectares de terres ancestrales, la compagnie pétrolière en occupait une partie pendant plusieurs mois, protégée par des soldats et des gardes de compagnies privées. Exerçant des violences sur la population menacée d’expulsion, elle procédait à des explosions, coupait des arbres, creusait plus de 400 puits, enterrait les explosifs et polluait l’environnement, y compris par le bruit généré par les vols incessants d’hélicoptères et le vacarme des explosifs.
Les Indiens de Sarayaku lancèrent alors une campagne de plaintes, au niveau national puis international et finirent par obtenir l’abandon du projet et l’expulsion de la compagnie. N’obtenant des autorités ni excuses, ni réparation, ni réhabilitation du territoire, et ayant épuisé tous les moyens de négociation, ils décidèrent, alors, de porter leur affaire devant la IACHR qui leur donna finalement raison en 2012.
Exemplaire, alors que les multinationales saccagent des millions d’hectares sur la planète, la lutte de Sarayaku a fait l’objet d’un film réalisé en coproduction par Sarayaku et Amnesty International, Les enfants du Jaguar, qui a gagné le prix du « Meilleur documentaire » au Festival cinématographique National Geographic All Roads, en septembre 2012 à Washington, entre autres.