Quatorze ans après le déploiement des forces militaires alliées, après des années de bombardements et d’opérations militaires, et six mois après le retrait de ces mêmes forces, les Talibans confirment leur volonté de revenir au pouvoir en Afghanistan.
L’attaque contre le parlement en pleine session retransmise à la télévision en est le dernier exemple. Les députés devaient auditionner le candidat au poste de ministre de la Défense qui, comme d’autres ministères sont vacants depuis l’investiture du président Ashraf Ghani, en septembre 2014. Si les six membres du commando ont été tués par les forces spéciales – l’attaque a fait deux victimes, une femme et un enfant, et vingt blessés – les Talibans confirment leur offensive de printemps du nom d’Azm (« détermination ») annoncé le 22 avril, ciblant les soldats et les diplomates étrangers, les bases étrangères permanentes, leurs centres de renseignement et diplomatiques et les autorités afghanes. « L’occupant étranger continue de mener des attaques de drones et des opérations nocturnes contre les populations civiles et ont un contrôle absolu sur le système militaire de commandement militaire et de combat du régime hétérogène issu du soi-disant « accord de sécurité bilatéral », ont déclaré les Talibans dans un communiqué du Conseil de direction de l’Émirat islamique annonçant la campagne de printemps. Ils maintiennent leur refus de négocier un processus de paix avec le régime afghan, exigeant au préalable le retrait de toutes les forces étrangères encore présentes sur le territoire. Une force de l’OTAN de 12500 soldats dont 9800 Américains est sensée assurer la formation de l’armée afghane qui semble, pour l’instant, très vulnérable, de même que les services de police et de renseignements. En avril dernier, un attentat-suicide contre une banque privée de Jalalabad avait fait trente-quatre victimes. Les Talibans et autres terroristes islamistes, rappelons-le, ont été formé par la CIA soutenue par l’Arabie saoudite et le Pakistan, dans des camps situés au Pakistan pour « servir les intérêts américains contre les Russes en Afghanistan et ont même continué à être utilisés par l’administration actuelle », déclarait le sénateur républicain s’exprimant en 2013 devant le Comité du congrès pour les Affaires étrangères. Les États-Unis ont consacré $3 milliards pour ce programme d’entraînement des Talibans. En ouvrant cette boîte de Pandore, les Washington et la CIA bien connue pour ses opérations de déstabilisation dans le monde, ont ouvert la voie à l’émergence des groupes mercenaires islamistes dont ils ont fait leurs alliés pour créer le chaos au Moyen-Orient.
Les Soviétiques intervenus en Afghanistan en 1979, à la demande du gouvernement du communiste Mohammed Nadjibullah, dernier chef d’État de la République démocratique d’Afghanistan, ont quitté le territoire en 1989. Armés et soutenus financièrement par le Pakistan et ses alliés occidentaux appuyés par les grands médias internationaux, les talibans sont sortis, en 1996, vainqueurs de la guerre civile qui les a opposés aux autres factions, celle du commandant Massoud particulièrement, après l’échec rapide du gouvernement d’alliance des factions moudjahidines. La première action d’éclat des talibans au pouvoir fut de pendre Mohammed Nadjibullah après avoir envahi les locaux de l’ONU où le président était réfugié depuis 1992. C’est, également, en 1996 que Osama Ben Laden, l’allié d’un temps des Saoudiens et des Occidentaux, revient en Afghanistan où il avait combattu l’Armée rouge. Il y dirige des camps d’entraînements de mercenaires islamistes aptes à combattre les régimes arabes laïcs, Irak, Syrie, Libye dans le cadre de leur stratégie d’islamisation radicale des pays arabes, laïcs en particulier, comme l’Irak, la Syrie et la Libye, et puissances pétrolière. Mais l’élève se retourne contre le maître et lorsque Ben Laden organise des attentats comme ceux contre l’ambassade américaine au Kenya et en Tanzanie en 1998 ou l’attaque contre le World Trade Center et le Pentagone en 2001, il devient l’ennemi public n°1 des Américains. Trop tard ! On connaît la suite, de l’invasion américaine de l’Irak, en 2003, à la guerre en Syrie, le scénario a bien fonctionné. L’arrivée de Barack Obama à la tête des États-Unis n’a rien changé. Les intérêts américains sont les mêmes et la stratégie à double visage de Washington vis à vis des organisations terroristes islamistes qu’ils ont continué de financer sans limite avec leurs complices saoudiens et l’appui de leurs alliés occidentaux et turcs, conduit, aujourd’hui, au même résultat qu’en Afghanistan : l’échec. Mais un échec qui aura coûté la stabilité du Moyen-Orient, des destructions massives d’État, d’économies et de sociétés, et des centaines de victimes civiles, tuées, blessés, chassés de chez eux, réduits à la misère, sans perspectives.