Le patron des Nations unies et l’ami des États-Unis reconnaît que le gouvernement syrien disait vrai.
Avec un temps de retard sur ses bons amis américains, le secrétaire général de l’Onu Ban Ki-moon vient de reconnaître la main d’Al-Qaïda dans le récent et meurtrier double attentat de Damas (55 morts). M. Ban Ki-moon a, si l’on nous passe l’expression, « lâché le morceau » à l’occasion d’une rencontre « avec des jeunes » sur la Syrie, dont la transcription a été rendue publique jeudi ; le patron de l’Onu y dit exactement : « Je crois qu’Al-Qaïda doit être derrière (cet attentat) ». Il reprend donc la thèse du gouvernement syrien, et celle des autorités russes qui ont désigné, lundi 14 mai, la nébuleuse terroriste islamiste comme responsable des attentats meurtriers de Damas et d’Alep. Et, c’est peut-être la raison déterminante dans son évolution, Ban Ki-moon valide en quelque sorte aussi l’opinion du Pentagone qui a alerté dès février l’administration Obama à ce sujet.
Bref le patron des Nations Unies et l’ami des États-Unis reconnaît que le gouvernement syrien disait vrai. Et par la même occasion il renvoie les accusations du CNS, selon lesquelles les attentats sont une provocation du régime, à leur vraie dimension : celles de misérables élucubrations politiciennes.
À propos de terrorisme, quid de l’ASL ?
Cela dit, désigner Al-Qaïda comme principal agent du terrorisme, c’est aussi dédouaner pas mal de monde, à commencer justement par le binôme CNS/ASL, sans oublier ses « sponsors » saoudien et qatari.
Or une part notable des violences et des assassinats politiques continue de se faire en Syrie sous la bannière – très floue il est vrai, – de l’ASL. À côté de la violence « extra-ordinaire » et spectaculaire des attentats à la voiture et au kamikaze piégés, une violence plus « routinière » continue d’ensanglanter quotidiennement le pays. En témoigne une fois de plus le compte rendu de l’agence Sana pour le jeudi 17 mai : « Dans la région de Homs, un groupe armé a visé un autobus transportant des agents de l’ordre sur la route de Homs-al-Salamyeh, faisant un martyr, Ali Chhoud, et des blessés.
À Hama, le conscrit caporal Youssef Hassan est tombé sous les balles d’un groupe terroriste à proximité de la place d’al-Hijra. Un groupe terroriste a aussi ouvert le feu dans le quartier d’al-Arba’ine à Hama, blessant Ahmad Nasser, 10 ans. D’autre part, quatre ouvriers ont péri sous des rafales d’armes automatiques dans une maison du village de Jeb al-Safa près de la localité d’al-Hamra, dans la banlieue de Hama. De même, le correspondant de Sana a indiqué qu’un autre groupe armé avait volé une voiture louée par la compagnie de carburants à Hama, et qui transportait sept millions de livres syriennes. En outre, le cadavre du citoyen Mohamed Hekmat Hadid, sur des terres agricoles à Taybet al-Immam (15 kilomètres au nord de Hama).
Dans le secteur d’Alep, les forces de sécurité ont pris d’assaut une cache des terroristes au village d’al-Hamra dans la localité de Maskaneh dans la banlieue d’Alep et arrêté trois d’entre eux. Par la même occasion, des appareils de fabrication de charges explosives, des matières premières dont des détonateurs, des bâtons de dynamite et environ 20 charges explosives de 15 kg chacune ont été saisis. Et on est toujours sans nouvelles de l’ingénieur et de son collègue kidnappés ce même jeudi dans la région. »
La journée de vendredi ne devrait pas déroger à cette triste routine, même si, peut-être, le niveau de pertes militaires et policiers semble moins élevé que les jours précédents. Ban Ki-moon désigne Al-Qaïda : c’est un bon début. Mais il faudra bien que le n° 1 de l’Onu, forcément informé par les quelque 260 observateurs à présent déployés en Syrie, dise deux ou trois mots officiels des méfaits quotidiens des bandes armées agitant le drapeau vert-blanc-noir de l’opposition « reconnue ». Notez que Ban Ki-moon est quand même conscient que ces bandes existent et agissent, puisqu’il a demandé une nouvelle fois jeudi une « cessation de toute violence, d’où qu’elle vienne, du gouvernement ou de l’opposition ».
Il ne faudrait pas en effet, M. le Secrétaire général des Nations unies, que l’arbre Al-Qaïda cache la forêt ASL !