Voilà donc un pays preste à renvoyer devant les tribunaux antiterroristes deux femmes pour crime – inexpiable selon la juridiction saoudienne – de conduite de voiture. Un comble ! La totale, alors que le pays des Al-Saoud soutient – au moins financièrement – les groupes jihadistes (donc terroristes) tels que le Front Al-Nosra qui combat le régime de Damas depuis 2011.
La loi saoudienne interdit certes aux femmes de conduire des voitures, mais de là à les assimiler à des terroristes et de les traduire devant un tribunal réservé aux crimes de terrorisme, c’est là une absurdité sans raison. Cela situe à tout le moins – outre les questionnements que cette décision soulève – le pays le « mieux-disant » selon les Occidentaux qui donnent Riyadh en exemple à suivre par les Arabes. Mais l’Arabie Saoudite n’est pas à cette seule inconséquence : amie et alliée de l’Occident « démocratique » Riyadh a, cependant, intra-muros des pratiques que ce même Occident condamne avec la plus extrême vigueur. Ainsi, les bien-pensants occidentaux ferment-ils les yeux sur les pratiques déshonorantes telles que la réclusion des femmes, la persistance de l’esclavage – si l’Arabie a paraphé la convention antiesclavagiste en 1981, elle l’autorise sous une autre forme par le parrainage des étrangers qui ne peuvent travailler dans ce pays sans la tutelle locale, favorisant ainsi tous les abus. Mais l’Arabie Saoudite, imbibée de pétrole, riche à ne savoir que faire de ses billions de dollars, bénéficie d’une indulgence sans exemple dans le monde. Et pour cause ! Riyadh est dans tous les mauvais coups de ces dernières décennies induits par ses protecteurs états-uniens allant jusqu’à instrumentaliser, pour le compte des États-Unis, l’islam. L’islam politique, né dans les années 1980 dans le sillage de la guerre en Afghanistan contre l’Armée soviétique, est une action américano-saoudienne, dont la mise en œuvre a été le fait du richissime saoudien Oussama Ben Laden, agent notoire de la Centrale de renseignement américain (CIA). Et c’est ce pays, en vérité hors normes, qui a fait des femmes de la « Saoudie » des personnes immatures à vie. Hors normes, et comment ! À notre connaissance « l’Arabie heureuse » est le seul pays au monde affublé du patronyme d’une famille. Un spécimen sans pareil dans la géopolitique internationale. L’Arabie est le seul pays où le gouvernement, les ministres, les hauts responsables et administrateurs font tous partie de la fratrie saoudienne. Fait unique dans les annales, une famille qui s’est élevée au statut « d’État souverain ». C’est anormal que ceux qui nous bassinent sur la « démocratie » à longueur d’année, n’aient pas relevé l’insolite d’un pays dirigé par une famille – ce qui est singulier – qui siège dans les institutions internationales comme l’ONU et se payant même le luxe de refuser – Riyadh a mal pris que les États-Unis aient renoncé à bombarder la Syrie en août 2014 – un siège au Conseil de sécurité pour un mandat de deux ans (2015-2016). Donc, les « démocrates » occidentaux qui condamnent le pouvoir personnel ailleurs dans le monde, ne le voient pas en Arabie « Saoudite » où il s’exerce de façon abrupte. L’Arabie Saoudite, dont la survie dépend de la protection que lui accordent les États-Unis, a fait l’impasse sur le dossier palestinien alors que le Mesjed Al-Aqsa, troisième Lieu Saint de l’islam, subit les vexations de l’occupation israélienne, que Al-Quds est progressivement judaïsée. Comment comprendre que les rois saoudiens, qui aidèrent à créer les phalanges jihadistes en Afghanistan et dans les pays arabes, n’aient rien fait – et sans doute ne feront jamais – pour libérer la Palestine ? Ce qu’il faut relever c’est l’instrumentalisation qui est faite de l’islam au profit du nouvel impérialisme US : l’islam est devenu dans le même temps instrument (de domination) et repoussoir. La « Saoudie » y est pour beaucoup ! En 2013, l’Arabie Saoudite a acheté pour près de 100 milliards de dollars d’armement de toutes sortes. Pour en faire quoi et contre qui ? Dès lors que ces armes ne lui servent pas à défendre une cause – ce sont les États-Unis qui assurent la sécurité du pays – la question n’a pas de réponse si ce n’est permettre au complexe militaro-industriel américain de fonctionner. Comme on peut s’interroger sur une production de pétrole – 9,6 millions de barils par jour (près du tiers de l’ensemble de la production des pays de l’Opep qui est de 30 millions de barils par jour) que rien ne justifie. Selon les données de la BM et du FMI pour 2013, l’Arabie Saoudite a une population de 28,83 millions d’habitants avec un PIB de 25.851, 60 USD par habitant pour un produit intérieur brut de 745,3 milliards de dollars. Donc un pays riche, dirigé par une caste qui impose des normes rétrogrades à sa population. Et c’est ce pays – en fait le prototype que l’Occident voudrait voir dupliqué par les pays arabes – qui interdit à ses femmes de rouler en voiture !
Source : L’Expression
https://www.lexpressiondz.com/edito/207869-l-arabie-saoudite-et-ses-contradictions.html