John Kerry : « Les USA travailleront avec le président que le peuple algérien choisira, pour dessiner l’avenir que l’Algérie et ses voisins méritent. »
Le secrétaire d’État américain John Kerry a commencé jeudi 3 avril à Alger une visite de deux jours axée sur la lutte antiterroriste, la coopération économique et politique. Cette visite, prévue il y a quelques semaines, mais reportées in extremis en raison des développements inattendus survenus en Syrie et en Palestine, n’a pas été du goût d’une partie de l’opposition qui y a vu, en pleine campagne électorale, un soutien tacite au président Abdelaziz Bouteflika.
Pour Abdelmalek Sellal, l’ancien Premier ministre et directeur de campagne de Bouteflika, la visite du secrétaire d’Etat américain, John Kerry, en Algérie est la preuve que « Bouteflika est un grand dirigeant respecté dans le monde entier et jouit d’un grand prestige. »
Prenant la parole lors d’une visite de campagne à Béchar, Abdelmalek Sellal où il animait un meeting électoral, a ajouté que cette visite qui est intervient en pleine campagne électorale prouve “toute la force de l’Algérie”. Une force acquise grâce au mérite d’Abdelaziz Bouteflika, affirme encore Sellal lequel n’hésite pas à assurer que seul Bouteflika a réussi à redonner à l’Algérie « ses moustaches », à savoir son rang parmi les grandes nations du monde.
John Kerry est parti en fin de journée pour le Maroc. « Nous attendons des élections transparentes et conformes aux standards internationaux », a déclaré John Kerry lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue Ramtane Lamamra, à propos du scrutin du 17 avril. « Les USA travailleront avec le président que le peuple algérien choisira, pour dessiner l’avenir que l’Algérie et ses voisins méritent », a-t-il ajouté, en évoquant « un avenir où les citoyens peuvent exercer librement leurs droits civiques, politiques et humains ». En tenant ces propos, John Kerry semblait répondre indirectement aux inquiétudes d’une partie de la presse, mais aussi de l’opposition, se demandant si cette visite, à deux semaines de la présidentielle, ne constituait pas un soutien à Abdelaziz Bouteflika, qui a reçu le diplomate américain.
En réponse aux interrogations, Ramtane Lamamra a assuré que les visites de John Kerry, mais aussi de l’émir du Qatar, cheikh Tamim Ben Hamad al-Thani, également arrivé à Alger mercredi 2 avril, étaient « indépendantes » du calendrier électoral. La visite de John Kerry était initialement prévue fin 2013, mais le diplomate américain l’avait reportée pour participer à Genève à des négociations sur le nucléaire iranien.
En dehors de la polémique sur la date de la visite, les deux pays se sont engagés à lutter ensemble contre le « terrorisme » qui a entraîné l’Algérie dans une décennie noire avec environ 200 000 morts dans les années 1990. « L’Algérie, qui a payé un lourd tribut au terrorisme, ne pliera jamais devant ce fléau (…). Le terrorisme ne connaît pas de frontière, est sans foi ni loi, et vise toutes les nations », a affirmé Ramtane Lamamra.
Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011 en Libye, la vaste région du Sahel-Sahara est devenue une terre de prédilection pour plusieurs groupes djihadistes. Certains de ces groupes, dont al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), ont occupé le nord du Mali en 2012 avant d’en être chassés en janvier 2013 par des soldats français et africains. Des insurgés islamistes sont également présents au Niger, en Tunisie et en Algérie, où ils ont mené l’an dernier une spectaculaire prise d’otages ayant conduit à la mort d’une quarantaine de captifs.
Ramtane Lamamra a indiqué que son pays était déterminé à travailler avec tous ses partenaires pour « éradiquer ce fléau ». L’une des principales préoccupations de l’Algérie est le Sahel, « où le terrorisme, le trafic d’êtres humains, de drogue et toutes sortes d’activités criminelles ont tissé leur toile », menaçant « la stabilité et l’existence des peuples et des États de la région », a-t-il souligné. Saluant « le leadership de l’Algérie dans la région », John Kerry a souligné que les États-Unis voulaient travailler en coordination avec Alger, établir une relation plus solide avec ce pays, et aider à sécuriser les frontières dans la région.
L’Algérie et les États-Unis ont par ailleurs « exprimé leur soutien à la résolution 2099 du Conseil de sécurité des Nations unies, y compris l’engagement en vue d’aider les parties (Maroc et Polisario) à parvenir à un règlement juste, durable et à une solution politique mutuellement acceptable qui permettra au peuple sahraoui d’exercer son droit à l’autodétermination (…) », selon un communiqué commun, cité par l’agence de presse APS. Cette résolution, adoptée en avril 2013, avait prolongé pour une période d’un an la Mission de l’ONU au Sahara occidental (Minurso). Un nouveau vote au conseil de sécurité sur la Minurso est prévu dans moins d’un mois.
L’an dernier à la même époque, un projet de résolution américain visant à élargir le mandat de la Minurso aux droits de l’homme avait été vigoureusement combattu par le Maroc. Courroucé, Rabat avait annulé un exercice militaire conjoint, avant d’obtenir gain de cause, la résolution appelant simplement les parties à « améliorer la situation ». À l’occasion d’une visite à Washington du roi Mohammed VI en novembre, la Maison-Blanche avait par la suite réaffirmé que le plan marocain d’autonomie pour le Sahara était « réaliste ».
Le Maroc contrôle le Sahara occidental et propose depuis 2007 un plan d’autonomie pour ce vaste territoire de moins d’un million d’habitants. Les indépendantistes du Front Polisario, soutenu par Alger, réclament pour leur part un référendum d’autodétermination.
Afrique Asie et agences