Le Mouvement 5 étoiles (M5), fondé il y a sept ans par le comique Beppe Grillo, a fait une percée spectaculaire aux municipales du 19 juin, remportant notamment la mairie de Rome et de Turin. Cela alors qu’il avait paru en déclin lors des derniers scrutins locaux ou intermédiaires, et était aux prises avec des cas de corruption de ses propres élus. Affichant une idéologie antisystème, anti-élite, anti-immigration parfois et anti-Europe souvent, ce mouvement est inclassable. Il ne se revendique « ni de droite ni de gauche », appliquant de curieuses règles démocratiques en son sein : les plus importantes décisions sont prises en consultant les membres par Internet. Le M5, qui décrète aussi des sévères sanctions à l’encontre des dirigeants « déviants », se présente surtout comme le fer de lance d’une nouvelle génération de politiciens dont le manque d’expérience – et donc de compromission avec le système – fait figure de qualité première.
La bataille pour la prise de Rome paraissait gagnée d’avance par la jeune avocate Virginia Raggi, 36 ans – néophyte en politique, mais bonne communicante –, tellement cette ville de trois millions d’habitants connaissait une mauvaise gestion chronique (et plombée par 13,5 milliards d’euros de dettes). En revanche, la victoire à Turin de sa collègue Chiara Appendino, 32 ans, prend des allures de défiance au premier ministre Matteo Renzi. Le maire sortant de Turin, Piero Fassino, ancien ministre et proche de Renzi, pouvait en effet se prévaloir d’un bilan plus qu’honorable, la ville de l’ancienne société Fiat s’étant modernisée avec succès, et dans un certain consensus.
Le premier ministre a de lui-même reconnu le défi que pose le M5 à sa gestion, soulignant que le centre-gauche l’avait emporté, notamment à Milan et à Bologne, face aux coalitions de centre-droite, mais qu’il avait perdu contre le mouvement populiste. Le M5 devra maintenant faire la preuve de ses compétences et commencer à tenir quelques-unes de ses innombrables promesses !