Le Jour de la Terre, des milliers de Palestiniens manifestent contre Israël. Les heurts avec la police ont fait des dizaines de blessés. La situation est exacerbée par un communiqué de presse selon lequel Israël veut amplifier massivement les constructions pour les colons.
Jérusalem – Les débordements étaient prévisibles : le 30 mars de chaque année, les Palestiniens commémorent le « Jour de la Terre », en souvenir des manifestations de l’année 1976. Des Israéliens arabes avaient alors protesté contre des confiscations de terres dans le nord d’Israël. Le 30 mars 1976, ils appelaient à la grève générale, qui fut suivie de heurts avec la police. Ce jour-là plusieurs arabes avaient été tués, et des dizaines d’autres blessés. Cette année, les militants protestaient contre « le système d’apartheid israélien, la construction illégale d’implantations coloniales et la judaïsation de Jérusalem ». Plusieurs dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées ce vendredi en Israël, dans les Territoires palestiniens et dans plusieurs états arabes pour une « Marche globale sur Jérusalem ».
Au poste-frontière de Qalandia, qui sépare la Cisjordanie de Jérusalem, les manifestants ont fait face aux forces de sécurité dans des combats de rue. Il y a eu des dizaines de blessés. Au préalable, les autorités israéliennes avaient déjà bouclé toute la Cisjordanie. L’armée était en état d’alerte. Les Affaires étrangères à Berlin ont appelé les voyageurs à éviter la zone frontière avec Israël ainsi que la Vieille Ville de Jérusalem en raison de débordements possibles.
Les années précédentes, les manifestants n’étaient pas très nombreux à se rassembler pour protester en souvenir de la grève générale. Mais après les bouleversements au sein du monde arabe, le mouvement de protestation palestinien a lui aussi connu une nouvelle affluence. L’an dernier déjà, plusieurs milliers de manifestants avaient marché sur la frontière israélienne à l’occasion du 63ème anniversaire de l’indépendance israélienne, au Liban et en Syrie. L’armée avait ouvert le feu, tuant 15 personnes et en blessant des centaines d’autres.
Ce vendredi-ci également, plusieurs milliers de personnes se sont réunies dans le sud du Liban sur les ruines de l’ancienne citadelle croisée de Beaufort, à quelques kilomètres de la clôture frontalière israélienne. La citadelle avait été renforcée comme base militaire d’importance stratégique par l’armée d’occupation, jusqu’à son retrait du Liban en l’an 2000.
Israël veut accélérer la construction de colonies
C’est précisément le jour des manifestations que le quotidien « Haaretz » de Tel Aviv dévoilait l’intention du gouvernement israélien de confisquer 10% de plus de la Cisjordanie pour construire des colonies. Cela ressort des cartes géographiques que le Ministère de la Défense a récemment publiées.
Ces documents contredisent selon Haaretz plusieurs mystifications du gouvernement à Jérusalem :
Les limites des territoires prévus pour la construction de colonies coïncident en beaucoup d’endroits avec le tracé de la Barrière de séparation. Cela prouve que la construction du Mur a été conçue au premier chef non pas du point de vue de la sécurité, mais qu’elle sert à agrandir les colonies israéliennes dans les Territoires occupés.
Sur les terres prévues pour la future construction de colonies, il existe déjà plusieurs postes avancés où des colons se sont installés dans des maisons temporaires. Selon Dror Etkes, opposant à la colonisation israélienne, cela prouve que ces colons étaient informés des projets gouvernementaux. Le gouvernement est donc intimement compromis dans la violation systématique du droit par les colons.
Plus d’un demi-million de colons vivent au milieu de 2,5 millions de Palestiniens à Jérusalem-Est et en Cisjordanie. Actuellement les colonies occupent environ 10% de la Cisjordanie. En outre, selon les données de l’Office onusien coordonnant l’aide humanitaire dans les Territoires palestiniens (OCHA), les autorités israéliennes ont confisqué 35% de la superficie de Jérusalem-Est pour la construction de colonies juives.
Le député allemand chrétien-démocrate Mißfelder accuse la gauche de diffamer Israël
Les colonies mêmes sont strictement interdites aux Palestiniens mais certaines routes empruntées par les colons le sont également. D’après les données de l’Ocha, rien qu’en septembre 2011, les Forces de Défense israéliennes y ont établi 522 barrages et postes de contrôle.
Une plate-forme de groupements palestiniens et internationaux se dresse contre cette politique et organise la « Marche Globale sur Jérusalem ». Officiellement, ni le Hamas ni le Hezbollah n’en font partie, ce qui n’empêche pas Israël d’accuser les deux organisations de tirer les ficelles avec le régime iranien en coulisses.
Parmi ceux qui soutiennent la Marche se trouve aussi la députée du parti de gauche « die Linke », Annette Groth. Président de l’organisation des jeunes chrétiens-démocrates et représentant chrétien-démocrate à la Commission des Affaires étrangères au Parlement allemand, Philipp Mißfelder critique vertement « die Linke » : « Cette action a été organisée par des ennemis déclarés d’Israël, notamment des représentants du Hamas, du Hezbollah et du régime iranien ».
L’objectif de la campagne serait de diffamer Israël et d’attiser le conflit. Le soutien d’Annette Groth serait « incompréhensible », déclare Mißfelder à SPIEGEL ONLINE. « La fraction ’die Linke’ prouve ainsi une fois de plus son attitude hostile à Israël ».
30 mars 2012 – Spiegel-online – Vous pouvez consulter cet article à : https://www.spiegel.de/politik/ausla… Traduction : Info-Palestine.net – Marie Meert