Les récentes déclarations du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu et de son entourage à propos des immigrés africains en Israël dévoilent, s’il en était encore besoin, le contenu raciste de l’idéologie sioniste.
Les travailleurs émigrés africains « qui se déversent illégalement dans le pays » menacent la sécurité et l’identité de l’ « État juif ». « Si nous n’arrêtons pas ces entrées, leur nombre actuel de 60 000 pourrait passer à 600 000, et cela menace notre existence en tant que qu’État juif et démocratique », a-t-il déclaré le 20 mai au cours d’un conseil ministériel. La presse s’était fait l’écho, juste avant, d’une campagne stigmatisant l’augmentation de la criminalité attribuée aux immigrés, dont deux viols, dans la banlieue sud de Tel Aviv où est concentrée une grande partie de migrants, des Érythréens (2/3) et des Somaliens (1/3).
Le ministre de l’Intérieur, Eli Yishai, soutient son Premier ministre. « Pourquoi leur donner du travail ? Des emplois en ferait des résidents, ils feraient des enfants et le seul résultat sera l’arrivée de centaines de milliers de plus ici ». Il a demandé que tous les migrants soient mis en prison en attendant d’être expulsés. « Je veux que chacun puisse marcher dans les rues sans peur. Les migrants font naître des centaines de milliers d’enfants et le rêve sioniste est en train de mourir », a-t-il déclaré à la radio de l’Armée. Il a, également, accusé les émigrés d’avoir des activités criminelles. Protéger le « peuple juif », le « rêve sioniste » « faire des enfants par centaines de milliers », la terminologie utilisée n’est pas sans rappeler le mauvais souvenir du discours nazi à l’égard des … Juifs eux-mêmes.
Cependant, le Premier ministre et son gouvernement d’extrême droite ne font pas l’unanimité en Israël sur ce sujet. Certaines voix s’élèvent pour rappeler l’histoire des Juifs et demander que leur État accueille ces immigrés « qui fuient les persécutions », avec « sympathie et bienveillance ». Micky Rosenfeld, porte paroles de la police israélienne a clairement répondu à Nétanyahu. Le taux moyen de crimes est en diminution. Il y a bien eu un viol d’adolescente dont les auteurs présumés ont été arrêtés et attendent d’être jugés. Yohanan Danino, le chef de la police israélienne, a, de son côté, déclaré que les immigrés devraient pouvoir travailler légalement (Netanyahu ne dit pas que c’est la main d’oeuvre illégale qui permet de faire fructifier plusieurs secteurs économiques, l’agriculture particulièrement) pour, précisément, ne pas installer une misère qui ne ferait que favoriser la criminalité. « La communauté immigrée devrait être soutenue pour empêcher les problèmes économiques et sociaux », estime également Micky Rosenfeld. Selon la police, la criminalité parmi les étrangers en Israël représentait 2,04% en 2010, contre 4,99% parmi les Israéliens. Environ 13500 personnes sont entrées en Israël illégalement en 2010, et, selon les organisations humanitaires, 50 000 demandeurs d’asiles sont entrés dans le pays depuis 2005, dont un grand nombre après avoir été séquestrés et rançonnés par des Bédouins à la frontière égypto-israélienne. Le Sinaï est une région privilégiée pour tous les trafiquants, drogue, armes, humains.
À cet effet, Israël est en train de construire, à l’instar des États-Unis à la frontière mexicaine, une clôture de 240 kilomètres dans le désert. Le plus grand centre de détention du monde est, également, en construction, destiné aux demandeurs d’asile et aux illégaux. Pour un coût de 90,3 millions d’euros, il pourra contenir 11 000 détenus et sera situé près de la frontière, dans le désert. Il sera fonctionnel vers la fin de l’année. On peut imaginer les conditions de détention dans ce milieu hostile, quand on connaît le traitement subi par les prisonniers palestiniens dans les camps Ansar, dans le Néguev. Les détenus seront ensuite expulsés dans leur pays où, selon les organisations humanitaires, une grande majorité pourrait se retrouver en situation de danger. « Je ne suis pas responsable de ce qui se passe en Érythrée et au Soudan, les Nations unies le sont ! », leur a répondu Yishai. En attendant, à Tel Aviv, des maisons abritant des émigrés ainsi qu’un jardin d’enfants ont été attaqués au cocktail Molotov et des menaces de mort ont été proférées à l’égard de membres d’organisation de défense des droits de l’homme et humanitaires.
Source https://mg.co.za/article/2012-05-21-israel-