Dans une interview accordée à l’agence de presse Reuters, le ministre des Affaires étrangères d’Oman exprime son opinion sur l’alternative « accord ou guerre » largement développée par les États-Unis et leurs alliés pour faire pression sur l’Iran dans le cadre des négociations sur le nucléaire.
Selon Youssef el-Alawi, un échec des négociations sur le programme nucléaire iranien conduirait à une « catastrophe » pour la région, mais un accord apporterait la paix en dépit des désaccords politiques persistant. « Il y a ceux qui préfèrent la paix, c’est pourquoi il y a des négociations entre les 5+1 et l’Iran. Ceux qui préfèrent la guerre devront accepter des pertes. De lourdes pertes. La catastrophe. »
Oman a été un intermédiaire clef lorsque Téhéran et Washington ont lancé les négociations secrètes sur un éventuel accord nucléaire en 2013. Le sultanat se considère comme un conciliateur dans cette région instable. Il a une histoire de relations constructives avec Téhéran et a récemment signé des accords sur l’importation de gaz iranien pour les vingt-cinq prochaines années. Y aura-t-il une course à l’armement dans la région ? « Non, estime-t-il, chacun a le droit de chercher une voie qui conduise à…plus de puissance, mais seuls les programmes pacifiques sont autorisés par la communauté internationale », répond-il.
Cependant, selon Youssef el-Alawi, un accord ne mettra pas fin aux rivalités régionales et internationales autour du détroit d’Ormuz, le passage étroit entre l’Iran et la péninsule arabique par lequel passe 30% du transport de pétrole brut. Oman a observé avec un certain malaise la progression de la rivalité entre l’Iran et l’Arabie saoudite dans la région. Riyad et certains des États du Conseil de coopération du Golfe, dont Oman est membre, pensent que Téhéran utilise le sectarisme religieux pour s’étendre dans les pays arabes et construire sa propre sphère d’influence au Moyen-Orient.
Le sultanat assume un rôle de prévention contre toute aggravation de la confrontation régionale. « Les divergences politiques demeureront. La conséquence de tout ceci doit être la paix, et le monde, ou les Européens et les grandes puissances ne doivent pas utiliser la force contre l’Iran », estime-t-il.
Interrogé sur le conflit au Yémen, Youssuf el-Alaoui réaffirme la volonté pacifique et de médiateur du sultanat d’Oman, en proposant aux Nations unies son aide, même si « les combattants ne montrent aucun signe de volonté de s’asseoir autour d’une table de négociation. La mission des Nations unies est de maintenir la paix pour tous les pays, bien que nous n’hésiterons pas à jouer un rôle pour aider les Yéménites, pour aider l’ONU, pour encourager les deux parties impliquées dans la crise à venir discuter de leur propre futur », a-t-il déclaré.
Oman qui a traditionnellement toujours cherché à jouer un rôle de conciliateur dans cette région instable, est le seul pays du Golfe à ne pas participer à la campagne saoudienne de bombardement. Les Houthis considèrent le sultanat comme neutre et comme un médiateur potentiel acceptable. « Oman a pris ses distances avec la guerre et c’est une sage décision », déclarait, de son côté, à Reuters, Mohammed al-Bukhaiti, membre du bureau politique Houthi.
Dans les derniers mois, Oman a, également, pris ses distances avec le plan saoudien visant à resserrer les rangs des États du Golfe contre l’Iran. D’autant que Riyad a soutenu les groupes rebelles opposés aux combattants iraniens en Syrie, au Liban, en Irak, à Bahreïn et au Yémen, et a essayé de rallier les États du Golfe à ce qu’un ancien diplomate d’Oman a qualifié de « projet sectaire pour contrer l’Iran ».