Selon le Wall Street Journal, plus de 5000 « spécialistes » étrangers ont été engagés par le gouvernement irakien, dont 2000 sont des Américains. Ils sont employés comme traducteurs, analystes, voire cuisiniers, mais aussi et surtout comme gardes du corps ou agents de sécurité entrainés, comprendre « mercenaires ».
Selon le Wall Street Journal, plus de 5000 « spécialistes » étrangers ont été engagés par le gouvernement irakien, dont 2000 sont des Américains. Ils sont employés comme traducteurs, analystes, voire cuisiniers, mais aussi et surtout comme gardes du corps ou agents de sécurité entrainés, comprendre « mercenaires ».
Les attaques d’al-Qaïda qui se produisent à un rythme de plus en plus rapide, n’ont jamais cessé depuis le départ de l’armée américaine, obligeant aujourd’hui le gouvernement irakien à payer des mercenaires loués auparavant par le département américain de la Défense. Officiellement, en effet, le Pentagone ne dispose que de quelques centaines de GI’s sur le sol irakien et le département de la Défense n’a plus recours à une « main d’œuvre étrangère », comme ce fut le cas pendant toutes les années de guerre et d’occupation en Irak.
Entre l’Afghanistan et l’Irak, ce sont plus de 2000 milliards de dollars que les Etats-Unis ont dépensé dans les dix dernières années dans le cadre de contrats privés. Selon la Commission indépendante du Congrès sur les contrats militaires, 31 milliards ont été « perdus dans la corruption, la fraude et les abus ». Aujourd’hui, le gouvernement américain ne consacre officiellement plus de budget à des opérations en Irak. C’est beaucoup plus rentable pour les Etats-Unis de faire payer les Irakiens. Une opération encore plus juteuse que précédemment puisque désormais l’Irak non seulement est obligé de leur acheter armes, véhicules et équipements militaires, mais, également, fait gagner de l’argent aux compagnies de location de « personnel militaire privé ».
C’est le cas de Triple Canopy et Dyncorp International. La première est dirigé par Tom Katis, homme d’affaires aguerri aux sens propre et figuré, puisque, ancien militaire, il rempile dans les forces spéciales (Bérets Verts !) en Afghanistan en 2002 et 2003. Matt Mann, son adjoint, a passé 23 ans dans l’armée, membre de la, chargé aussi de la formation en matière de contreterrorisme, protection des personnalités, opération coups de poing à l’étranger etc. La troisième « canopée », Ignacio « Iggy » Balderas, également membre de la direction de la Delta Force, donc au plus haut niveau de l’armée américaine, travaillant étroitement avec le président et le ministre de la Défense. Il est responsable, entre autres, de la construction de la prison tristement célèbre de Bagram en Afghanistan. Autant dire que Triple Canopy a ses entrées au Pentagone.
Les compagnies qui se substituent au département de la Défense ont engrangé des contrats de plusieurs milliards de dollars en Irak pour les années à venir. Six milliards seront ainsi consacrés, par exemple, dans l’immédiat, à l’achat d’équipements militaires américains dont 24 hélicoptères Apache et 500 missiles Hellfire, nécessitant la présence de 200 techniciens supplémentaires, dans la perspective d’une confrontation avec l’État islamique d’Irak et du Levant (ISIS en anglais, EIIL en français, Da’ech en arabe)) (al-Qaïda) qui occupe la région de Fallujah.
Après une première guerre en 1991 et dix ans d’embargo total qui ont réduit, comme le voulait Bush-père, l’Irak « à l’âge de pierre », après la guerre et l’invasion de 2003 par les troupes américaines et alliées et leur départ en 2011, que reste-t-il de l’Irak « démocratique » que les Etats-Unis prétendaient mettre en place ? Un pays toujours en ruine, exsangue et endetté, au main d’un gouvernement incapable et divisé, un pays proie des terroristes et mercenaires islamistes, toujours en guerre, une autre guerre marquée par un niveau record d’actes terroristes et d’exactions contre les populations civiles. Et bien sûr, aussi, un pays dont l’économie dépend essentiellement du pétrole, secteur aujourd’hui largement privatisé, dans les mains d’une quarantaine de compagnies étrangères, et dont les concessions, dans les nouveaux champs de Mésopotamie particulièrement, sont régulièrement mises aux enchères par le gouvernement.