Confronté à une levée de boucliers, critiqué pour son impuissance à juguler la violence confessionnelle et la montée en puissance de la nébuleuse terroriste d’Al-Qaïda, qui sévit également de l’autre côté de la frontière, en Syrie, le premier ministre irakien Nouri al-Maliki se défend en… attaquant ses propres services de sécurité ! Il a procédé au limogeage de plusieurs hauts responsables de la Sécurité qu’il avait lui-même désignés. Il réédite exactement le scénario de 2009, quand il avait démis de leurs fonctions les hauts responsables de l’appareil sécuritaire, avec les résultats qu’on voit aujourd’hui : des centaines de morts rien qu’en mai !
Mais le vrai problème n’est pas que sécuritaire. Il réside surtout dans le refus de l’actuel régime, sectaire et corrompu, d’intégrer au pouvoir les forces qui avaient dans le passé soutenu l’ancien régime. Sans une telle stratégie d’avenir, il est à craindre une intensification de la guerre civile qui se solderait par l’éclatement du pays ou l’instauration d’une nouvelle dictature théocratique. Un scénario encouragé par le Qatar et l’Arabie Saoudite qui ne souhaiteraient pas voir l’Irak renaître de ses cendres et attisent la fitna entre chiites et sunnites. Le malheur est que certains baathistes, marginalisés, jouent à merveille ce scénario.
La nomenklatura en place va-t-elle sacrifier l’actuel premier ministre pour assurer sa propre survie ? Le nom de Jaafar al-Sadr refait surface pour le remplacer, si Nouri al-Maliki était mis en minorité au Parlement. Jaafar al-Sadr est le fils du grand ayatollah Mohammed Baqir al-Sadr, exécuté en avril 1980. Il se dit favorable à l’établissement d’un « État moderne dirigé par des civils ». Pour montrer sa différence avec les mollahs, il s’habille à l’occidental ! Pauvre Irak !