Au terme de deux mois d’intervention au Mali, la France donne des signaux d’une folle envie de se retirer.
Deux mois et un jour après le début de l’opération Serval, l’heure est au bilan. Un bilan dont l’établissement est d’autant plus nécessaire que la France ne pense plus qu’à ramener ses quatre mille soldats à la maison. Elle y tient au point qu’un calendrier est même décliné. Pourtant, le contexte sécuritaire qui prévaut sur place ne favorise pas forcément cette option pour laquelle la France milite si subitement. Certes, les islamistes ne menacent plus la capitale Bamako, comme c’était le cas avant les premières frappes sur la localité de Konna. De même, personne ne peut contester le fait que la reprise des villes de Gao, Tombouctou et Kidal est une des plus illustres conséquences de l’intervention des troupes françaises. C’est dire que l’ennemi est sérieusement affaibli et sa capacité de nuisance fortement entamée. Pour autant, il n’est pas encore question de crier victoire. Car si Ansar Dine, le Mujao et Aqmi semblent avoir bien entendu plié, ces groupes terroristes n’ont, par contre, pas encore rompu. Par ailleurs, du point de vue du règlement politique du problème, les défis restent énormes. Sans oublier la dimension humanitaire qui, quoique passée sous silence par les médias, n’en reste pas moins dramatique…
Au terme de deux mois d’intervention au Mali, la France donne des signaux d’une folle envie de se retirer. C’est ainsi qu’à la suite de l’annonce d’un calendrier de retrait par François Hollande, le ministre de la défense s’est rendu le week-end dernier au Mali et au Burkina Faso pour préparer la sortie.
Vraiment résolu à faire admettre l’idée d’un retrait qui semble irréversible, Jean-Yves Le Drian aura même oublié que le Mali était un pays qui a recouvert sa souveraineté depuis plus d’un demi siècle. C’est ainsi qu’il a exigé du peuple et des autorités maliens qu’ils fassent impérativement tenir les élections présidentielles au cours du mois de juillet de cette année.
Pour faire passer la pilule, il a invoqué tous les acquis de l’opération Serval. Il est bien vrai que des acquis, il y en a. Globalement, l’intervention française a permis d’inverser le rapport de force en défaveur des forces terroristes. Par ailleurs, le Mali pourrait être éternellement reconnaissant d’avoir aidé à sauver la capitale Bamako d’une prise par les groupes islamistes qui devenait inéluctable.
Une gratitude d’autant plus légitime que François Hollande ne s’est pas contenté que du largage de quelques bombes sur les positions ennemies. Mais il a aussi risqué la vie de 4000 de ses compatriotes en les déployant au sol, et dans un environnement des plus hostiles aussi bien du point du climat que par rapport à la farouche résistance dont auront fait montre les islamistes. Pour tous ces sacrifices consentis pour sauver l’intégrité territoriale du Mali, la France mérite qu’on lui dise merci.
Cependant, il ne faut perdre de vue que le conflit n’est pas terminé et que le problème malien n’a pas encore connu sa solution. Car non seulement, les terroristes sont encore nombreux sur le sol malien, mais ils constituent également toujours et encore un risque pour la sécurité du pays et de la région. Pire, l’autre facette de la crise malienne-la question du retour à l’ordre constitutionnel-est toujours préoccupante.
En effet, rien n’indique que dans l’état actuel des choses, les rivalités des politiques et militaires qui se regardent en chiens de faïence s’effaceront pour permettre la tenue d’un scrutin libre et transparent pouvant déboucher sur un pouvoir civil, légal et légitime. Or, c’est cette option que la France semble vouloir imposer au Mali. Avec le risque d’une rechute qui aggraverait inéluctablement le sort des milliers de réfugiés, déplacés et sinistrés dont le destin n’est déjà pas des plus enviables.
Source : Boubacar Sanso Barry pour GuineeConakry.info
https://www.guineeconakry.info/index.php?id=118&;tx_ttnews%5btt_news%5d=12758&cHash=08d7b97227c538700fad16f7399163ef
12.03.2013