Le vice-premier ministre irakien, le Dr Tarek Aziz, est reparti lundi dernier de Paris particulièrement satisfait de son voyage en France et de ses entretiens avec le président Mitterrand, le premier ministre Pierre Mauroy et les nombreux ministres et hauts fonctionnaires qu’il a pu rencontrer : « J’ai trouvé, nous a-t-il dit à son départ de Paris, un président de la République pleinement conscient de ses responsabilités à l’égard des pays du Tiers-Monde et en particulier de la nation arabe. Ce n’est pas la première fois que j’ai l’honneur et le plaisir de m’entretenir avec le chef de l’État français que je retrouve chaque fois mieux informé de nos réalités régionales et internationales et déterminé à soutenir le droit du peuple palestinien à un État indépendant, libre et souverain sur sa propre terre. Pour ce qui concerne la guerre qui nous oppose à l’Iran, j’ai été heureux de relever qu’il est fermement convaincu de la nécessité d’y mettre un terme le plus rapidement possible dans le cadre et sur les bases des accords d’Alger que nous avons acceptés et qu’il favorise toutes les tentatives de “bons offices” et de “médiation” qui sont ou peuvent être faites… »
[…] Certes, en tant que l’un des plus prestigieux idéologues du parti Baas, ses espoirs et ses rêves dans la solidarité et l’unité arabes ont été profondément déçus par les graves événements qui secouent le monde arabe depuis plusieurs années et qui ont largement contribué à diviser les rangs arabes, donnant ainsi à Israël et à ses complices et alliés le prétexte qu’ils attendaient pour agresser, bombarder et massacrer des milliers de patriotes arabes, dont le seul crime était de lutter pour s’affranchir de la domination sioniste et impérialiste. « Je reconnais, dit-il, qu’il est dur d’être baasiste et de défendre ses opinions et sa doctrine dans la conjoncture que traverse le monde arabe. Mais ma confiance est grande que nous réussirons à surmonter cette crise et à nous retrouver engagés dans la voie d’une véritable unité. »
À Paris, le vice-premier ministre a obtenu d’excellents résultats : non seulement le gouvernement français achètera davantage de pétrole irakien, mais il s’est formellement engagé à trouver les moyens d’assurer les facilités financières que recherche Bagdad du fait du lourd fardeau que fait peser sur lui la guerre avec Téhéran, qui dure depuis près de trois ans. Mieux encore pour le président Saddam Hussein : le président Mitterrand lui a fait dire que le gouvernement français fournirait à son armée des armements et des équipements militaires encore plus modernes et qu’il mobiliserait la diplomatie et l’influence politique française auprès de ses alliés et amis pour soutenir la position irakienne et œuvrer en vue de la conclusion des hostilités avec l’Iran.
Dans l’entourage du chef de l’État français, on se félicite, en particulier, du fait que le vice-premier ministre irakien ait rencontré à Paris, le 7 janvier, le ministre d’État égyptien, le Dr Boutros Ghali, et qu’il ait favorisé un rapprochement arabe avec Le Caire. « Une politique, a-t-il précisé, qui empêcherait l’isolement de l’Égypte qui reste un objectif majeur de la stratégie israélienne. » Quant au projet irakien de construire un oléoduc qui traverserait l’Arabie Saoudite de manière à remplacer celui bloqué par Damas, les responsables à Paris, qui y attachent un intérêt particulier, précisent qu’un tel projet recevrait « un soutien français, à plusieurs égards ».