Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, lance un réquisitoire sans précédent contre le clan saoudien et leur progéniture wahhabite (Vidéo).
https://www.youtube.com/watch?v=l1t0KdfMWNE
Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, s’est livré vendredi 29 juillet 2016 à un violent réquisitoire contre l’Arabie saoudite, l’accusant de vouloir normaliser ses relations avec Israël, en référence à certaines informations sur une récente visite d’un ex-général saoudien en Israël.
« La position saoudienne (à l’égard d’Israël) passe d’une relation dans les coulisses et en secret, à une relation ouverte, et ceci constitue récemment le pire développement sur la scène arabe », a affirmé le chef du parti chiite, lors d’un discours télévisé retransmis en direct en commémoration du décès d’un cadre militaire du parti, Ismaïl Ahmad Zahri, alias « Abou Khalil », originaire de Nabatiyé et décédé des suites d’une longue maladie.
Le leader chiite faisait référence à la visite d’un ex-général saoudien, Anwar Eshki, en Israël, où il a rencontré le directeur général du ministère des Affaires étrangères, comme l’avait indiqué ce ministère le 24 juillet. Le royaume saoudien et l’État hébreu n’entretiennent pas de relations diplomatiques.
« Bientôt témoins d’une catastrophe »
Hassan Nasrallah a estimé que ce genre de rencontre « ne peut se passer sans l’accord du gouvernement saoudien ». « Ceci n’est qu’un début, le début du passage du +secret+ au +public+, dans les relations avec l’ennemi israélien », a prévenu le chef du Hezbollah.
Et le leader chiite de poursuivre : « Le jour où l’Arabie reconnaîtra Israël en tant qu’État, il s’agira d’un grand pas en faveur de ce dernier, sans aucune contrepartie pour les Palestiniens (…). Une normalisation saoudienne est gratuitement offerte à Israël, et cela sera la fin, car d’autres pays voudront faire de même. L’Arabie saoudite, qui se présente au monde en tant que l’État de l’islam, de la charia, du Coran, des deux mosquées saintes, prend contact et entretient des relations avec Israël et probablement le reconnaîtra dans un futur proche en tant qu’État. Certains dignitaires religieux saoudiens vont bientôt émettre des fatwas afin de justifier cette probable normalisation », a-t-il ajouté.
Sur un ton alarmiste, Hassan Nasrallah a martelé : « Nous serons bientôt témoins d’une catastrophe, si la voie vers une normalisation avec Israël est pavée. Car après l’Arabie saoudite, d’autres États voudront faire de même ». Il a estimé que « tout le monde, toute personne, doit condamner cette situation qui ne sert que l’ennemi, lequel s’en prend aux Palestiniens et aux peuples de la région ».
Sur le plan régional, Hassan Nasrallah a poursuivi son réquisitoire contre Riyad, l’accusant d' »insister à poursuivre ses batailles sur tous les fronts », en référence au conflit au Yémen et en Syrie, ainsi que la contestation à Bahreïn. « Au Yémen, la guerre et les bombardements se poursuivent. C’est cela la culture saoudienne, wahhabite, celle de Daech (acronyme arabe du groupe État islamique) et d’el-Qaëda, du Front Fateh el-Cham, (ex- Front al-Nosra).
Il a ensuite critiqué la famille royale bahreïnie des Khalifa, en référence au procès qui vise un religieux chiite de haut rang, le cheikh Issa Kassem, accusé de « blanchiment » d’argent.
« Votre projet n’a pas d’avenir »
Concernant le conflit en Syrie, le secrétaire général du Hezbollah a stigmatisé implicitement le ministre saoudien des Affaires étrangères, Adel Jubeir, l’accusant de vouloir « décider du sort du président Bachar el-Assad à la place du peuple syrien ». Il a critiqué ainsi les propos de M. Jubeir, dans lesquels il appelle M. Assad à partir, de gré ou par la force des armes. Hassan Nasrallah a évoqué ensuite les avancées réalisée par l’armée du régime Assad appuyée par les forces russes, à Alep. « Ce qui s’est passé à Alep reflète l’équation régionale, et ce qui a échoué à Alep il y a quelques jours, ce sont les rêves d’empire de certains », a-t-il lancé, en référence à l’Arabie saoudite.
Et de conclure, à l’adresse des dirigeants saoudiens : « Votre projet n’a pas d’avenir. Les décideurs saoudiens ont l’opportunité de négocier. Ne soyez pas arrogants, vous avez une opportunité pour être partenaires dans cette région et assurer votre +part+. Mais dans le cas contraire, vous allez être défaits. Le programme des Saoud est voué à l’échec ».
« Des mesures doivent être prises »
Sur le plan local, Hassan Nasrallah a appelé le gouvernement libanais à « prendre en considération la situation du village de Ghajar au Liban-Sud (dont la partie nord est occupée par Israël), car il s’agit d’un village Libanais ». « Même Israël a reconnu cela malgré son occupation de la localité », a martelé le leader chiite.
Revenant sur le sommet de la Ligue arabe qui s’est tenu lundi à Nouakchott, le numéro un du Hezbollah a fait l’éloge de la Mauritanie qu’il a remerciée pour « son soutien au Liban ». Il a dans ce cadre critiqué sans les nommer « les dirigeants libanais qui ont dit du mal de la Mauritanie », estimant que ceux-ci « doivent lui présenter des excuses ». Certains médias locaux ont fait état de propos désobligeants que certains responsables libanais auraient tenus à l’égard de la Mauritanie.
Enfin, le leader chiite a brièvement abordé la question de la pollution des eaux du fleuve Litani (qui traverse la Békaa et le Liban-Sud). Il a aussi passé en revue le problème des pénuries d’eau et de corruption, et fermement exprimé l’opposition du Hezbollah à toute augmentation d’impôts.
Aucune mention n’a été faite de la vacance à la présidence de la République qui dure depuis le 25 mai 2014. De même, l’organisation des élections législatives prévues en juin 2017 n’a pas été abordée par Hassan Nasrallah. Cette question est épineuse en raison de l’absence de consensus jusqu’à présent sur une nouvelle loi électorale.
Photo : Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, lors d’une allocution télévisée retransmise en direct le 29 juillet 2016. Capture d’écran Al-Manar.