Un membre de la délégation tunisienne fait le baisemain à un haut responsable saoudien.
L’affaire est assez grave. Un témoin oculaire présent sur place lors des faits nous l’a confirmé. Lors de la dernière visite officielle de trois jours en Arabie Saoudite de M. Hamadi Jebali, chef du gouvernement, un membre figurant parmi la délégation tunisienne a rendu l’hommage du baisemain à un haut responsable saoudien, qui serait Saoud el-Fayçal, le ministre saoudien des Affaires étrangères.
Le chef du gouvernement, Hamadi Jebali, avait été reçu au palais royal de Ryadh le lundi 20 février par le Roi Abdallah Ibn Abdelaziz al-Saoud. La rencontre s’est déroulée en présence des délégations des deux pays. Les dépêches d’agence et les journaux ont bien rapporté que, lors de cette entrevue, la délégation tunisienne comprenait les membres suivants : Hamadi Jebali, chef du gouvernement, Riadh Bettaïeb, ministre de l’Investissement et de la Coopération internationale, le général Rachid Ammar, chef d’état-major des armées, Noureddine Khadmi, ministre des Affaires religieuses, Lotfi Zitoun, ministre-conseiller auprès du Chef du gouvernement, Abdallah Triki, secrétaire d’État auprès du ministre des Affaires étrangères chargé des affaires africaines et arabes, Néjib Menif, ambassadeur tunisien auprès de l’Arabie Saoudite et Kacem Bousnina, ex-ambassadeur de Tunisie auprès du royaume d’Arabie Saoudite.
Il est à rappeler que le décret beylical abolissant le baisemain date du 20 juin 1860. Il stipule notamment ce qui suit : « Les princes ne pourront recevoir cet honneur (du baisemain) d’un étranger ni même des personnes qui sont à leur service. Il est permis au fils de baiser la main de son père. Pour manifester son respect envers un supérieur, il suffit de se lever à son passage et de répondre à son salut par un signe de la main. Il est expressément défendu de lui baiser la main ou l’épaule. Celui qui entre chez un supérieur devra le saluer de la main seulement, ce signe étant suffisant pour exprimer le respect dû à son rang. »
C’était en 1860 ! Cent cinquante-deux ans plus tard, la misère des jours en veut autrement. Un membre d’une délégation représentant la République tunisienne au lendemain de la Révolution, fait du baisemain à un prince saoudien. Décidément, on aura tout vu.